Les personnages et tout l'univers de Stargate ne m'appartiennent évidement pas. En revanche la fanfiction qui suit sort tout droit de mon esprit torturé et ne peut être exploitée sans mon autorisation. Merci.Cette fic comporte un léger spoiler de la saison trois. Je l'ai écrite au matin d'un premier janvier en sortant du travail. Tout n'est que supposition et imagination, rien n'est révélation de la divine "enfanteuse"... nan nan nan, ne cherchez-pas la sainte parole!
Il y a…
Il y a quarante et un ans…La salle était blanche et aseptisée. L’infirmière enclencha la perfusion et la jeune femme sentit son corps lui échapper. Elle percevait les sons et d’étranges sensations, mais aucune douleur. Cela la troubla plus qu’elle ne le cru possible. Elle s’était préparée à cette naissance ultra médicalisée, telle que le voulait son mari, mais rien ne l’avait préparé à cette impression d’impuissance. Elle avait le triste sentiment qu’on lui volait son accouchement. D’une certaine façon c’était exactement ce qui se passait. Son mari avait choisit le lieu et le jour, tout juste si l’heure n’avait pas été préméditée également.
Elle sourit alors que le scalpel électrique cautérisait une artériole. Elle pensait que la seule chose qu’elle avait réussit à conserver, était le secret sur le sexe de son enfant à naître. Son mari, le père, voulait un garçon et il devait en être ainsi, mais en tant que future maman, elle ne voulait pas être la proie des humeurs de son mari quand au sexe du bébé, aussi sut-elle tenir contre vents et marées.
L’incision par pfanensteil était terminée et le chirurgien obstétricien plongea les mains dans l’utérus afin d’attraper la tête de l’enfant. Une énorme tignasse bouclée, noire ébène, émergea sous les champs verts et stériles. L’enfant poussa un cri sonore lorsque le médecin le tenant par les pieds, l’exhiba à la vue de tous et du père en particulier. Celui-ci avait fait jouer toutes ses relations, qu’il avait nombreuses afin d’être présent dans le bloc opératoire. La panseuse coupa le cordon et donna l’enfant au pédiatre.
-C’est une fille ! Félicitation ! Cria le pédiatre à l’adresse du père.
Celui-ci se ferma et sortit brutalement de la salle. A l’inverse, la mère s’épanouit.
On lui avait volé sa grossesse et son accouchement, mais pas son enfant. Si elle avait été un garçon, il lui aurait été arraché pour suivre le dur enseignement des militaires. Son père en aurait fait un homme, un vrai, de ceux qui vouvoient leur mère et ne pleurent jamais. Elle tendit le bras en un geste tendre vers la poupée que lui présentait la nurse.
-« Bienvenue ma Lizzy. »
Il y a quarante ans…Le village était désert. Personne dans les rues sombres en pente douce. La lune haute éclairait vaguement le versant de la montagne. Les ombres des sapins créant une sorte de peinture aux motifs profanes projetés ça et là sur les petites étables.
Minuit venait juste de passer quand les cloches et carillons célébrèrent la naissance de l’enfant chéri de tous et en particulier des sœurs du couvent Sainte Margueritte.
Malgré la fervente exaltation qui régnait dans les rangs des femmes drapées, le cri des bêtes agitées et inquiètes gagna toute la petite chapelle.
Ce qui fit sortir sœur Bérengère ne fut pas les cri du petit Jésus mais ceux des moutons affolés. Si cela continuait ainsi, demain les brebis donneraient du lait bien médiocre, aussi se hâta-t-elle d’aller auprès de ses bêtes. Ce qu’elle découvrit devrait encore longtemps hanter ses nuits de prière.
Emmitouflé dans un lange blanc de dentelles fines, un nouveau-né geignait doucement. S’approchant prudemment, sœur Bérengère s'aperçut que le jeune enfant était encore recouvert du vernix et du sang frais de sa naissance. N’osant agir, elle se précipita à la chapelle afin de quérir l’aide avisée de sa Mère. Celle-ci, en femme pragmatique et intelligente, calma de sa voix grave l’excitation qui commençait à secouer la calme petite communauté.
Suivi de près par cinq ou six femmes au regard à la fois admiratif et craintif, la Mère s’approcha de l’enfant et ouvrit délicatement le lange. Sur sa face interne, un petit dessin à l’allure moderne semblait estampiller le lange comme une marque de fabrique. Le même dessin avait été fait sur le coeur du nouveau-né, probablement du bout d’un doigt trempé de sang. Le motif n’était pas satanique et paraissait bien au contraire être une protection pour l’enfant. Il n’en était pas moins angoissant pour les jeunes sœurs et la Mère préféra donc l’effacer d’une discrète caresse.
Elle souleva davantage encore le fin drap blanc et découvrir que l’enfant était encore relié au placenta par un cordon relativement court et bien sec maintenant. Elle referma tendrement la toile pour que l’enfant ne se refroidisse pas et le prit dans ses bras comme pour le bercer. Ses paroles, bien que chuchotées furent entendu de toutes et alimentent encore de nos jours les histoires que les sœurs se racontent le soir à la veillé de Noël.
-« Ta maman n’a certes pas souhaitez prendre soin de toi mais elle t’aimait infiniment. En ne coupant pas le cordon, elle voulait s’assurer que chaque goutte de son sang serait en toi. C’est un don aussi fort que la vie elle-même. Sois en digne, petit homme. »
Sœur Bérengère osa enfin parler.
-« Ma Mère, ne devrions nous pas appeler la police et les services sociaux de la ville ?
-Rien ne presse ma sœur. Cet enfant nous a été confié et je compte bien m’acquitter de cette tâche.
-Comment le nommerons-nous ? Jésus ? »
Le petit brouhaha qui commençait à s’installer se tut immédiatement. Chacune des jeunes, et moins jeunes femmes du cloître tendirent l’oreille. La Mère éclata de son rire gras et communicatif.
-« Ah non ! Déjà qu’il sera difficile d’assumer le fait d’être né un 25 décembre dans une étable, si en plus on le nomme Jésus ! »
La Mère supérieur n’avait d’égale à son intelligence que son humour qui égayait les soirées du couvent.
-« Non, ce petit bonhomme se prénommera… John. »
Naïve, la jeune sœur Marie Madeleine, posa la question qui déclencha l’hilarité générale qui accompagna l’étrange convoi vers la maison de leur Dieu.
-« En l’honneur de saint Jean ?
-Non. Simplement parce que j’adore les films de John Wayne ! »
L’enfant fut donc nommé John Shepherd (le berger).
Il y a trente-neuf ans…La neige et la glace rendaient toute progression difficile. Quelle idée de perdre les eaux alors qu’ils fêtaient l’anniversaire de grandma. L’homme qui ruminait portait de lourdes bottes à longs poils gris. Cadeau de sa chère épouse lors du Noël précédant. Elle avait eu le bon goût de lui acheter une casquette assortie. Il se sentait particulièrement ridicule, mais ne voulant pas contrarier sa femme, il avait décidé de les porter en ce jour de fête.
-Ce sera la première et la dernière fois, se dit-il en quittant la chaude cabane pour emprunter le chemin sinueux qui reliait la mansarde familiale et le bourg le plus proche.
Tout en marchant, il devait bien avouer que le froid était mis à rude épreuve avec cet attirail digne d’un combattant des neiges.
Ses pensées partaient un peu en tout sens lorsqu’il arriva enfin au village. Village était un terme bien pompeux pour désigner trois maisons en durs et quelques cabanes de trappeurs. L’une d’elle, et c’était la cause de sa venue, abritait la famille Leland, dont la matriarche, âgée de plus de soixante-dix ans, faisait office de matrone.
Devant la grosse porte exhibant peintures de rennes et autres Santa Clause, le père hésita. Devait-il vraiment confier la vie de son fils aux vieilles mains usées de Meredith Leland ?
Au souvenir de sa femme paniquée et du regard affolé de grandma, il fit le pas qui devrait celer à jamais le destin de son enfant.
Le carillon sonna et la porte s’ouvrit sur monsieur Leland, petit-fils, jeune homme séduisant d’une vingtaine d’année.
-« Ma femme va bientôt accoucher. Est-ce que votre grand-mère est là ? »
Le jeune homme ne parut pas plus ému que cela. Ce premier point à lui seul aurait suffit à énerver le futur papa, mais lorsque monsieur Leland, appela sa grand-mère, il y mit une touche personnelle qui fut la goutte de trop.
-« Grandma, y’a une femme qui a besoin de toi, elle va mettre bas ! »
Le futur père devint rouge de colère. Ses yeux brillaient d’une rage folle et s’il n’avait été sur le perron de la cabane, la neige aurait fondue sous ses pieds. L’accoucheuse arriva sur ses entre faits et désamorça l’explosion.
-« Veillez excuser mon petit-fils, il étudie à la ville pour devenir vétérinaire. C’est que je ne peux quand même pas m’occuper de tout ! »
L’homme ne sachant pas s’il fallait en rire ou pleurer, prit le partit de se taire et d’accompagner la sexagénaire auprès de sa femme. Heureusement pour eux et surtout pour elle, madame Leland possédait une sublime voiture, moderne et dernier cri. Le futur papa ne put d’ailleurs quitter des yeux le radio cassette intégré.
Moins d’une heure plus tard, la vieille dame était au chevet de la parturiente. Celle-ci hurlait si fort lorsqu’ils approchèrent de la cabane, que l’image d’une mis à bas s’imposa malgré tout au jeune père. Il chassa bien vite cette pensée, se concentrant surtout sur l’enfant à naître. Celui-ci serait trop jeune, il le savait. Il ne devait venir qu’à la fin du mois suivant. Madame Leland lui avait expliqué durant le trajet que les enfants nés prématurément ne survivaient pas toujours. Elle lui avait demandé de préparer une boite à chaussure avec des laines biens chaudes. En d’autres lieux, ils auraient transporté l’enfant dans un centre médical, mais la neige hivernale était toujours présente et aucune route ne permettrait de sauver l’enfant à temps.
-Ca passe ou ça casse, avait dit prosaïquement madame Leland.
Et cela passa… l’enfant, un beau garçon, survécu et fut nommé Rodney. Sa maman insista pour qu’il portât également le nom de celle qui lui sauva la vie. Cela fut donc fait, malgré beaucoup de réticence de la part de la gente masculine de la famille…mais ce que femme veux…