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 21, impasse Louis Pasteur [F]

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althéa
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Capricorne
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MessageSujet: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyMer 15 Aoû 2007 - 11:02

Auteur : Luna/Althéa

Disclaimer : Toujours la même chanson^^, les personnages et l'univers d'Atlantis ne m'appartiennent pas.

Saison
: aucune en particulier, il n'y a pas de spoiler, bien que l'histoire se passe avant la saison 3.

Ship : Weckett

Genre
: drame et de la romance, enfin j'essaie^^

Note : C'est un nouveau ship pour moi, un nouveau genre aussi, donc je rencontre pas mal de difficultés pour écrire certaines suites. Elles seront donc parfois longues à venir.


Bonne lecture !


21, impasse Louis Pasteur




Un homme s’avança solennellement dans l’ombre bleue de la porte des étoiles. La majestueuse construction ancienne miroita encore quelques secondes derrière lui avant de se refermer dans un bruit assourdissant, faisant par la même éteindre toutes les alarmes de sécurité.
D’un âge assez avancé, ce militaire semblait pourtant au mieux de sa forme. Il avait revêtu pour l’occasion son traditionnel costume bleu qui s’assemblait particulièrement bien avec l’ambiance de la cité atlante. Se rétablissant de son voyage d’à peine quelques secondes, il cessa de parcourir du regard la salle d’embarquement pour fixer un point légèrement en hauteur face à lui. Il adressa un sourire timide à la jeune femme, qui était debout sur la plus haute marche de l’escalier. Il avait eu l’occasion de la croiser une ou deux fois lorsqu’elle lui avait succédé à son poste, mais cela ne l’empêchait pas de se souvenir de ce froncement de sourcils qui la caractérisait tant. Elle était inquiète par cette soudaine venue. Quoi de plus normal après tout, puisque le SGC n’avait pour habitude de débarquer à l’improviste sur Atlantis.

Remise de sa surprise, Elisabeth Weir descendit avec rapidité et aisance les marches pour souhaiter la bienvenue à cet invité surprise. Elle lui tendit la main de façon protocolaire, mais leur poigne n’en reflétait pas moins un respect mutuel.

- Bonjour et Bienvenue sur la cité Atlantis, Général Hammond.
- Merci Docteur Weir. Ravi de vous revoir.

Elle acquiesça de la tête pour lui signifier qu’il en était de même pour elle.

- Je suppose que vous vous demandez le pourquoi de ma venue, déclara-t-il avec justesse.
- En effet. Je suis très surprise de vous voir ici, et étonnée de voir que le SGC ne m’a pas prévenue de votre arrivée.
- Voyez vous, il y a encore une heure, je me prélassais dans ma piscine sans m’imaginer que je me retrouverais bientôt à des années lumières d’elle, avoua-t-il avec un humour.
- Je crois que vous avez passé trop de temps avec Jack O’neill...le taquina Elisabeth, malgré son stress apparent.
- C’est probable. Toujours est-il que j’ai été appelé pour rendre un service et que j’ai accepté. Mais peut-être pourrions nous en discuter ailleurs…
- Oui, excusez moi. Allons dans mon bureau.
- Je vous suis.

~~~~


Georges Hammond n’avait presque pas changé, malgré les années qui séparaient leur dernière rencontre. Son crâne était toujours aussi chauve et ses yeux reflétaient encore ce même calme qui l’avait aidé à tenir face aux situations critiques qu’il avait connues. Seules ses quelques rides en plus et son costume légèrement plus serré qu’à l’ordinaire témoignaient du temps écoulé.
Assis face à Elisabeth, il détaillait avec envie le bureau éclairé par les grandes baies vitrées. Dire qu’il avait passé tant d’années, sous terre, dans un bureau terne et avec pour seul éclairage de la lumière artificielle, alors qu’un climat de travail particulièrement agréable régnait dans cette pièce. Il en éprouvait presque une certaine jalousie. Surtout qu’il aurait très bien pu être à la place d’Elisabeth s’il avait pu saisir l’opportunité de diriger cette base. Mais il avait refusé la demande qu’on lui avait faite et aujourd’hui, il ne regrettait rien. Malgré l’attrait et l’intérêt qu’il portait à cette cité longtemps enfouie, il n’échangerait sa place de retraité pour rien au monde. Sa vie de militaire était belle bien finie. Il n'avait rendossé son rôle de général que pour officialiser son arrivée.

Il fut tiré de ses pensées par celle qui avait dirigée son équipe fétiche et qui arborait désormais un léger sourire.

- Mon bureau semble vous plaire, Général.
- Tout à fait. Lumineux, aéré… Rien à voir avec celui que nous avons connu tous deux sur Terre. En plus, la vue sur la porte des étoiles est magnifique.
- Et encore, vous n’êtes pas allé sur le balcon !
- Parce qu’en plus, vous avez un balcon ! s’émerveilla-t-il.
- Attitrée en plus, s’amusa-t-elle, en désignant la porte qui y menait et d’où s’échapper de faibles rayons de soleil.
- Si j’avais su, soupira-t-il tragiquement, en secouant la tête.

Elisabeth sourit franchement en voyant son air. On aurait dit un enfant auquel on venait de montrer un jouet auquel il ne pourrait jamais toucher. En cet instant, elle mesurait une nouvelle fois la chance qu’elle avait de participer à ce projet.
Malheureusement, son amusement cessa bien vite lorsqu’elle croisa le regard sérieux de son collègue.

- Dites moi. Pourquoi le SGC vous envoie ici ? A quelle mauvaise nouvelle dois-je m’attendre ?
- Elle ne vous concerne pas personnellement vous savez.
- Donc il s’agit bien d’une mauvaise nouvelle.
- J’en ai bien peur...
- Qu’est ce qui ce passe ? Parce que même si elle ne me concerne pas, vous savez qu’en tant que dirigeante, et peut-être même qu’en tant qu’amie, je serais forcément affectée.
- J’ai une lettre à remettre à l’un de vos hommes, Elisabeth, et j’aimerai autant que vous le contactiez dès maintenant. Il doit la lire avant que je ne vous informe de son contenu.
- Très bien. De qui s’agit-il ? demanda-t-elle, la boue légèrement pâteuse.
- Du Docteur Carson Beckett.


Dernière édition par althéa le Mar 3 Juin 2008 - 12:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptySam 18 Aoû 2007 - 15:40

Leur silence n’avait été entrecoupé que par des questions de Georges portant sur le fonctionnement et la vie sur la cité atlante. Elisabeth avait tenté de lui répondre avec entrain, mais le cœur n’y était pas. Ses pensées étaient toutes accaparées par Carson. Il ne devait plus tarder maintenant ; aucun patient gravement atteint n’était sous sa surveillance en cette matinée et la seule présence des infirmières suffirait.
Elle se l’imaginait déjà, traverser la passerelle avec son large sourire, et sa blouse blanche qu’il portait divinement bien. Savoir qu’il allait bientôt être l’objet d’une difficile nouvelle lui procurait de désagréables frissons et l’emplissait d’un sentiment d’impuissance qu’elle détestait particulièrement.

Comme pour se rapprocher du moment fatidique, Elisabeth jeta un coup d’œil à l’attaché case d’Hammond. Elle savait que la lettre était là, à l’intérieur, attendant d’être remise à son destinataire. Les lignes qu’elle contenait étaient à portée de main, révélant des mots que nul n’aurait envie de lire et que Carson devrait pourtant affronter. Ne pas pouvoir connaître son contenu à l’avance pour l’aider à surmonter cette information la laissait fébrile.

Lorsqu’elle releva les yeux, Carson était déjà presque au pas de la porte. Elle ne l’avait pas entendu arriver. Comme elle le craignait, il arborait un sourire éblouissant, le même qu’il arborait chaque fois qu’il venait la voir ou qu’il la croisait au détour d’un couloir. Ce même sourire qui la faisait fondre et qui lui procurait de temps à autre dans son corps, d’agréables picotements.

- Elisabeth, que puis-je pour vous ? demanda-t-il avec bonne humeur.

Son ton acheva la crispation de la gorge d’Elisabeth.

- Nous avons besoin de vous parler. Entrez s’il vous plait.

L’utilisation du pluriel fit prendre conscience à Carson que son amie n’était pas seule. Distrait, il n’avait pas fait attention à l’homme qui se trouvait assis dos à lui. Il trouva sa silhouette familière et n’eut pas le temps de fouiller dans sa mémoire pour mettre le nom sur cet invité. Ce dernier s’était en effet levé et saluait déjà le médecin chef, qui ne put retenir une exclamation de surprise.

- Général ?
- C’est bien moi Dc Beckett !
- Mais…Qu’est ce que vous faites ici ? Vous n’êtes pas censé être en retraite sur Terre ?
- Si le fait de me voir vous importune, dites le moi tout de suite ! le taquina-t-il.
- Bien sûr que non ! C’est juste que c’est…
- Surprenant ! termina-t-il à sa place, en souriant faiblement.
- Oui ! Ça fait longtemps que nos routes ne se sont pas croisées. C’est un réel plaisir de vous revoir, surtout que vous avez l’air en pleine forme.
- Merci. C’est valable pour vous aussi.

Pourtant, Hammond estimait que ces retrouvailles auraient été bien plus plaisantes s’il avait été présent pour une simple visite de courtoisie. Mais cela ne l’avait pas empêché d’agir comme ci c’était le cas, en détournant volontairement la question de Beckett, dans un faible espoir pour retarder l’échéance. Il le connaissait lui et sa famille depuis de nombreuses années maintenant et c’était pour cette raison qu’il avait accepté d’apporter lui-même cette lettre. Ce n'était en aucun cas à un inconnu de se charger de ce devoir. Il aurait aimé pouvoir en plus lui épargner la souffrance qu'il allait connaître. Seulement, ce pouvoir, il ne le possédait pas, alors autant qu’il se reprenne de suite. De toute façon, ce n’était pas le jour à prendre des gants et à user de formalités, le temps leur était compté…


- Carson,…reprit-il sérieusement. Je suis désolé de ne pas discuter plus amplement avec vous mais j’ai été chargé d’une mission bien particulière. J’ai une lettre à vous transmettre et je crains que cela ne puisse attendre plus longtemps.
- Une lettre ? s’étonna Carson, suspect.

Il plongea son regard dans celui d’Elisabeth, en quête d’une explication pendant que Hammond attrapait sa mallette.

- Je n’en sais pas plus que vous…avoua Elisabeth. Le général est arrivé il y a à peine cinq minutes et m’a demandé de vous contacter immédiatement.

Elle tenta de sourire pour lui inspirer confiance, mais sa tentative fut vaine et accrut plus que n’apaisa la crainte de Carson. Il la connaissait assez désormais pour savoir qu’elle n’était pas non plus sereine.
Reportant son attention sur Hammond, il vit qu’il avait déjà appuyé sur les fermoirs décorés de ses initiales pour ouvrir la mallette. Le militaire ne chercha pas longtemps cette fameuse lettre qu’il semblait avoir rangé avec soin. Carson vit le général lui tendre une enveloppe cachetée et fut troublé de voir que ses mains semblaient trembler légèrement.
Il avala avec difficulté sa salive avant de la récupérer entre ses doigts. Une sourde angoisse emplissait son cœur. L’enveloppe était de taille standard et son poids semblait assez faible. La lettre qui se trouvait à l’intérieur devait être simple et concise, comme pour éviter un discours trop long à porter.
Dans un dernier sursaut de courage, Carson fit glisser ses yeux sur l’enveloppe. Une simple phrase y trônait.

« A faire parvenir dans les plus brefs délais au Dc Carson Beckett, de la part de son collègue, le Dc Francis Gernish. »

A la vue du nom, Carson pâlit légèrement et Elisabeh comprit qu’il devait déjà se douter du contenu.

- Carson ? l’appela-t-elle.
- Je…J’ai besoin d’être seul…Je peux…emprunter votre balcon ?
- Bien sûr. Allez-y.

Sans plus de cérémonie, Carson disparut à travers les portes anciennes en déchirant avec hâte l’enveloppe. Il devait savoir sans plus attendre. Est ce qu’il était déjà trop tard ou avait-il encore la possibilité de lui parler ne serait-ce qu’un instant ? Il avait encore tant de choses à lui dire, tant de moments à partager avec elle. Il ne pouvait se résoudre à croire que tout ceci allait prendre fin. Mais au fond de lui, il avait conscience que tout ces moments étaient à jamais perdus. Sinon jamais le médecin de sa mère ne lui aurait écrit cette lettre…
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyVen 24 Aoû 2007 - 8:19

On est plus tellement en début de semaine^^... Désolée pour ce petit retard !
J'espère que la suite vous plaira...



Elisabeth expira un coup sec pour refouler, au plus profond de ses entrailles, les larmes d’émotion qui tentaient de forcer le barrage de ses paupières. Dans un élan de courage, elle rouvrit les yeux. Elle était toujours face à la porte close de son balcon. Elle avait failli l’ouvrir d’un geste ferme quand une vague de tristesse l’avait assailli sans scrupule. Elle avait alors attendu, ne voulant en aucun cas que Carson la voit dans cet état. En tant que leader, elle avait appris à cacher ses émotions. Elle était même devenue experte en la matière. Seulement, aujourd’hui, le défi était plus dur à relever. Ce petit laps de temps qu’elle avait pris pour se reprendre l’avait calmé, dénouant par la même sa gorge enserrée. Heureusement, parce qu’elle devait à tout prix se montrer infaillible pour soutenir son ami dans cette épreuve. Si pour elle, la nouvelle était déjà dure à accepter, pour Carson, ce serait dix fois pire. C’est pourquoi, elle ne devait en aucun être un poids pour lui pour l’entraîner vers le fond, mais au contraire, la lumière, pour l’aider à surmonter cette épreuve.

Son prénom murmuré amena la dirigeante d’Atlantis hors de ses pensées. Georges Hammond devait se demander pour quelles raisons elle était restée pétrifier sur place. Elle se tourna dans sa direction et vit qu’il n’avait pas bougé de sa chaise. Le militaire lui adressa un sourire engageant qui la poussa à actionner le système des cristaux. Les portes coulissèrent et Elisabeth pénétra sur le balcon.

Depuis ce matin, le vent soufflait fort sur la cité, dégageant le ciel de tout nuage. Ce ne serait pas aujourd’hui qu’elle s’amuserait à décrypter leurs formes, donnant vie grâce à son imaginaire à des animaux à l’aspect cotonneux. De toute façon, elle n’en aurait eu guère l’envie.
Elisabeth visualisa Carson, debout à l’opposé de l’endroit où elle se tenait. Il était accoudé à la rambarde de sécurité, la tête baissée. Alors que l’air marin, frais et vivifiant, s’insinuait dans ses narines, Elisabeth se dirigea vers lui d’un pas décidé.
Elle savait qu’il l’avait entendu, bien qu’il n’ait esquissé aucun geste ni formulé aucune parole ; les portes anciennes n’étaient en effet pas réputées pour leur discrétion. Pourtant, Elisabeth se sentait soulagée de son absence de réaction. Si sa présence n’avait pas été désirée, Carson lui aurait fait comprendre.

Désormais assez proche de lui pour le toucher, Elisabeth s’installa à sa gauche et chercha une aide quelconque dans l’immensité bleue qui s’étendait sous ses pieds. Elle était une diplomate, censée être adepte des mots. Elle en avait toujours usé avec habilité, mais aujourd’hui, aucune parole n’arrivait à franchir ses lèvres. Tout ce qui lui traversait l’esprit semblait désuet, inutile. Rien ne semblait être capable de le soulager et Elisabeth en arriva à la conclusion qu’il n’y avait peut-être rien à dire.

Ses yeux se posèrent sur Carson et elle fut étonnée de ne pas voir de larmes tracer des sillons sur son tendre visage. Il avait beau être sensible, il savait certainement prendre sur lui. Mais cela n’empêchait pas la tristesse d’emplir durement ses traits.
Ses yeux étaient immobiles, totalement fixés sur la lettre qu’il tenait toujours en main. Il avait déjà du la lire et la relire, comme pour se convaincre que tout ceci n’était pas un affreux cauchemar. Elle aurait peut-être dû lui retirer mais Carson ne l’aurait sans doute pas laisser faire. Cette lettre avait beau apporter de terribles nouvelles, il semblait s’y raccrocher pour ne pas sombrer.

Elisabeth finit par cesser de détailler son visage, sachant très bien qu’être décrypter ainsi était insupportable.
Son attention se reporta sur la main gauche de Carson. Cette dernière était crispée et retenait fermement dans son poing l’enveloppe qu’il avait déchiré avec hâte. Si Elisabeth n’avait pas osé toucher à la lettre, il n’en fut pas de même pour l’enveloppe. Doucement, elle dirigea ses doigts vers elle pour ouvrir avec délicatesse la main de Carson. Il se laissa faire, sans broncher, tel un automate. Elisabeth attrapa le morceau de papier et le rangea subrepticement dans une de ces poches.
A sa place, elle fit glisser sa main qui s’enlaça à celle de Carson. Elisabeth avait agi sans réfléchir et ce simple contact avait été bien plus efficace qu’une pluie de mot. Pour la première fois depuis son entrée, Elisabeth eut la preuve que la vie n’avait pas totalement déserté le corps de son ami écossais. Il soupira douloureusement avant de refermer sa main sur celle d’Elisabeth pour y chercher un réconfort. Il la serra brièvement et Elisabeth répondit à cette étreinte.

- Merci, murmura-t-il.

Elisabeth releva ses yeux, surprise. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui parle, ni à ce qu’un remerciement franchisse ses lèvres. Elle n’avait rien fait pour le mériter.

- Merci tout simplement d’être là, lui expliqua-t-il en détournant enfin la tête de sa lettre.

Elisabeth plongea dans ses iris bleus ciel et eut toutes les peines du monde à ne pas faillir. La douleur qu’elle y lisait se répercutait avec force dans son propre cœur. Elle ne le supportait pas de le voir si anéanti. Elle s’adressa alors à lui, bien que la banalité de sa phrase l’écœura.

- Je suis tellement désolée Carson, murmura-t-elle.
- Un accident…confia-t-il la gorge contractée. Une voiture l’a renversée.
- Je sais.
- Elle vit encore…Mais son cœur est trop faible et ses lésions trop importantes. Ils ne pourront pas la sauver…Elle se meurt.

De manière inconsciente, Elisabeth renforça son emprise sur la main de Carson. Le Général lui avait déjà tout raconté, mais entendre les détails par la bouche du principal concerné était une véritable épreuve. La voix de Carson tremblait, trahissant toute la souffrance qu’il endurait à narrer de vive voix les événements passés.

- Elle était en pleine forme pour son âge... Elle se débrouillait seule. Elle allait chercher tous les matins son pain dès les premières lueurs du jour avant de retourner dans sa maison pour jardiner…Sauf…qu’aujourd’hui, elle n’y ait pas retourné. Il était ivre…ajouta-t-il d’une voix plus dure. Complètement ivre et il conduisait. Comment peut-on être aussi inconscient ?

Elisabeth ne sut quoi lui répondre. Les hommes étaient capable de la plus grande bêtise, ils le savaient tous les deux. On y fait jamais réellement attention, jusqu’au jour où l’un d’eux commet un acte préjudiciable pour soi et sa famille.

- Je dois aller là bas Elisabeth. Le plus vite possible. Elle ne tiendra peut-être pas jusqu’à ce que j’arrive. Je ne pourrais peut-être même pas lui dire au revoir, c’est certainement un faux espoir… Mais je dois essayer !
- Je sais Carson. C’est pour cette raison que le général Hammond vous informe qu’un avion privé est à votre disposition. Il n’attend plus que nous.
- Très bien…Quoi ? Comment ça « nous » ?
- Vous l’avez dit vous même Carson, je suis là et je compte bien vous accompagner. Il est hors de question que je vous laisse traverser seul cette épreuve. Alors allons sans plus tarder préparer quelques affaires. Votre mère nous attend.
- Elisabeth, je vous…commença-t-il.
- Non Carson, ça aussi vous l’avez déjà dit.

Elle ne voulait plus de remerciement. Il n’avait pas à le faire. Dans d’autres circonstances, il aurait agi de même pour elle.
Carson lui adressa un sourire triste avant de replier de sa main droite la lettre. Il avait assez lu maintenant.
Tenant toujours la main d’Elisabeth fortement serré dans la sienne, il entraîna son amie vers la sortie, vers l’Ecosse, vers sa mère.


Un p'tit com ??^^
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyJeu 30 Aoû 2007 - 8:22

L’avion, affrété pour l’occasion, survolait l’Océan Atlantique depuis bientôt cinq heures. A travers le hublot, Elisabeth distinguait l’horizon et les premiers rivages de l’Ecosse, faiblement éclairés par l’aube naissante. Le ciel semblait plus chargé que sur l’Océan ; rien d’anormal pour un mois de Mars où les giboulées étaient fréquentes. Elisabeth espérait seulement que le temps leur serait clément une fois sur la terre ferme. Il n’avait pas besoin d’un ciel pleureur.

La jeune femme porta à ses lèvres sa tasse blanche remplie d’un café bien noir. Elle sentait le liquide couler le long de sa gorge, répandant dans tous son corps cette douche chaleur qu’elle appréciait tant. Ce petit déjeuner annonçait l’atterrissage prochain de l’avion à l’aéroport d’Edimbourg. Le long et lugubre voyage au dessus des nuages allait prendre fin. Ce qui les attendait dehors n’était pas plus réjouissant, au contraire. Seulement, Elisabeth – et elle était convaincue qu’il en était de même pour Carson – souhaitait enfin respirer une bouffée d’air frais. Leurs poumons seraient ainsi remplis d’un air nouveau les poussant à affronter cette journée...qui n'avait pas si mal commencé.

~~~~

La première partie du vol fut la plus fastidieuse. Après leur départ de Colorado Springs en tout début d’après midi, Carson s’était muré dans un silence pesant. Elisabeth avait eu beau tenté de multiples essais pour engager la conversation, rien n’avait abouti. Elle avait donc décidé de ne plus l’importuner. Après tout, elle était aussi d’un caractère solitaire et elle comprenait son besoin de s’isoler. S’il ne souhaitait pas partager ses réflexions, elle respectait son choix. Insister n’aurait fait que les mener à une confrontation qu’elle ne désirait pas.

Elisabeth avait donc fini par s’installer sur la banquette d’à côté, située à l’opposé de Carson. La tablette centrale était également entourée par quatre fauteuils de qualité, qui pouvaient s’abaisser en position presque couchés. Il y avait donc bien assez de place pour deux personnes. Au fond, un petit coin cuisine se dressait contre la paroi du poste de pilotage et leur permettrait de prendre un maigre repas du soir s’il l’envie s’en faisait ressentir.

Pour passer le temps, Elisabeth avait allumé son ordinateur portable. Malgré les circonstances, elle avait emmené son travail avec elle. Il y a certaines choses qui ne changent jamais, comme l’avait fait remarquer le colonel Sheppard.
John avait été attristé d’apprendre la nouvelle concernant la mère de Carson et avait assuré qu’il prendrait soin de la cité durant le séjour indéterminé de leur leader. Bien que SGA 1 partageait la douleur du médecin chef, le plus touché fut certainement Rodney qui s’était empressé d’aller montrer son soutien à son ami. Pourtant, Elisabeth se souvenait encore mot pour mot de la remarque que le canadien lui avait glissé à l’oreille alors qu’elle allait franchir la flaque bleutée du stargate :
« Je suis content de savoir que vous l’accompagnez. Vous êtes celle qui faut pour soutenir Carson ».
Cette phrase avait fortement déconcertée Elisabeth et elle se demandait toujours pourquoi Rodney lui avait soufflé ses paroles. Si il avait pu se trouver dans l’avion, il se serait rendu compte par lui même qu’il s’était trompé.
Elle avait beau être présente au côté de Carson, elle n’avait rien su trouver pour l’apaiser et le sortir de sa torpeur.

C’est le cœur serré par cette pensée qu’elle s’attaqua à une lettre de contestation émanant d’un scientifique de la cité et qui trainait depuis bien trop lontemps sur son pc.
Malheureusement, la bonne volonté ne fait pas tout quand le cœur n’y est pas. Ses efforts pour se concentrer sur ses dossiers avaient été vains. Elle avait finalement troqué les lignes inintéressantes de ses rapports pour une bonne vieille partie de solitaire. Les cartes l’avaient alors distraites. Pendant un temps.
Elle avait fini par se lasser, son regard se détournant de plus en plus fréquemment de l’écran lumineux pour se porter sur un écossais au comportement des plus taciturnes.

Les heures s’étaient ainsi écoulées lentement, égales à toutes les autres. La nuit avait peu à peu repris ses droits et malgré leurs difficultés pour s’endormir, la fatigue et l’angoisse avaient eu raison de leur ténacité. Carson avait été le premier à sombrer dans l’inconscience, faisant ainsi débuter une courte période de veille pour Elisabeth.

Elle avait pu détailler chacun de ses traits, chacune de ses rides. Dans son sommeil, Carson semblait avoir trouver la sérénité qu’elle n’avait su lui apporter. Sa respiration régulière apaisait Elisabeth qui continuait de le dévisager bien que ses magnifiques yeux bleus soient inaccessibles.
La jeune femme avait fini par se lever pour récupérer une des couvertures qui avait été glissée entre leurs bagages. Rêche et d’une couleur passée, elle était plutôt désagréable au toucher, mais cela ne l’empêcherait pas de remplir sa fonction première. Tendrement, Elisabeth avait donc couvert le médecin avant de déposer un baiser affectueux à la commissure de ses lèvres.

Son geste à peine réalisé, elle avait suspendu son visage tout près du sien, à quel point que Carson aurait pu sentir son souffle sur sa joue.
Là, à cet instant, elle venait de réaliser qu’elle aurait aimé les déplacer de quelques centimètres pour toucher réellement ses lèvres si tentatrices. Elle se mordit les siennes pour réfréner son envie alors que la vérité s’imposait à son esprit. Durant les dernières semaines passées sur Atlantis, elle s’était rapprochée de Carson, passant plus régulièrement du temps avec lui durant leurs heures perdues. Un changement s’était opéré en elle et elle l’avait senti…bien qu’elle n’arrivait pas à l’identifier. Cependant aujourd’hui, à cette heure avancée de la nuit, elle avait compris. La profonde amitié qu’elle ressentait pour lui s’était muée en des sentiments bien plus profonds, bien plus envoûtants et dévastateurs.

- Comment en suis-je arrivée là ? murmura-t-elle.

Troublée, elle s’assit face à lui, une main contre sa bouche alors que des dizaines de questions tournaient dans son esprit. Parmi elles, une, retenait particulièrement son attention : qu’en était-il pour Carson ?
Elle n’en avait aucune idée. Il n'avait jamais rien montré de tel. Rien ne pouvait laisser penser qu'il ressentait de quelconque sentiments à son égard. Mais cela ne voulait pas dire qu'il n'en avait pas...Après tout, il y avait des sourires, des soirées...Mais c'était tout. Rien d'anormal pour des amis.
Elle ne savait plus.
Et bien qu’Elisabeth mourrait d’envie de savoir ce qu’il en était pour lui, elle sut que cette incertitude devait rester. Carson avait bien d’autres soucis, plus graves et plus importants. Ce n’était pas le moment d’en parler…et même si ça avait été le cas, aurait-elle eu le courage de lui parler de ce qu’elle ressentait ? Probablement que non. Alors, au final, cela avait peu d’importance.
C’est sûr cette drôle de tournure qu’avait pris son cœur, qu’Elisbeth rejoignit lentement les bras de la déesse Morphée.

~~

Ils furent tirés de leur sommeil par un bip sonore qui résonna durant une poignée de secondes. Carson fut le premier à réagir. Il était habitué à être réveillé brutalement de son sommeil lors de ses nuits de garde. Le médecin mit quelques secondes à se remémorer les évènements de la veille, et lorsque la dure réalité le frappa de plein fouet, il se leva d’un bond en enlevant la couverture et se précipita vers le fax.
Il arracha avec force la missive qui dépassait de l’ouverture et reconnut immédiatement l’écriture de son confrère. Ses entrailles se nouèrent avant de se desserrer petit à petit au fil de sa lecture.

- Carson ? appela Elisabeth.

Bien que ses yeux soient encore ensommeillés, elle s’était levée et attendait avec inquiétude le contenu de la lettre.

- C’est à nouveau le médecin de ma mère... Il m’apprend que son état est stable, même si il est toujours aussi critique. Elle a repris connaissance pendant un court temps et ils en ont profité pour l’informer de ma venue. Il dit aussi que nous pouvons nous présenter à l’hôpital dès notre arrivée. Même si ce n’est pas l’heure des visites, il nous conduira à sa chambre…compte tenu des circonstances…
- Très bien. Dans ce cas, on prendra immédiatement un taxi.
- Oui. Quelle heure est-il?
- Attendez, je vais regarder…

Elle se pencha pour récupérer sa montre qu’elle avait posé sur la table avant de se coucher.
- 6h 15.
- Nous arriverons bientôt alors. Encore une bonne trentaine de minutes de patience, souffla-t-il.
- Oui, courage Carson. Je sais que c'est peu, mais au moins ce que vous redoutiez n’est pas arrivé…Elle vie encore et elle n’attend que vous.
- Je sais. Mais j’ai tout de même peur de ne pas être là à temps. C’est stupide, n’est ce pas ? Après tout, il est déjà trop tard, elle va mourir...
- Carson, le coupa-t-elle, choquée qu'il soit si direct.
- Non Elisabeth, trancha-t-il. C’est la vérité, ça ne sert rien de se voiler la face. Tout ce que je veux maintenant, c'est pouvoir lui parler une dernière fois, lui dire que je l'aime, passer encore des instants avec elle…J'ai beau savoir, je ne veux pas penser ce qui se passera après, pas pour l’instant, ajouta-t-il pour clôre le sujet.
- Je comprends, murmura-t-elle, les yeux brillants.

Carson acquiesça, heureux qu'elle le comprenne aussi bien. Il voulait uniquement penser aux moments qu'il avait encore et non à ce qu'il allait bien perdre. C'était trop douloureux.

Cette conversationt terminée, il se dirigea vers le lavabo pour se passer un coup d’eau fraîche sur le visage. Elisabeth en profita pour se réveiller doucement et se massa doucement la nuque. Les fauteuils avaient beau être confortables, on était jamais aussi bien que dans son propre lit.

- Courbatures ?

C’était Carson. Apparemment, il avait surpris son geste.

- Un peu.
- Je vous aurais bien proposer des comprimés pour la douleur, mais je n’ai rien pris sur moi.
- Ce n’est pas grave, ça passera tout seul. Par contre, moi je peux vous proposer un café si vous le souhaitez ? A moins que vous préférez vous reposer encore un peu, le réveil a été plutôt brutal…

Le cœur d’Elisabeth fit un bon lorsqu’elle vit se dessiner un léger sourire sur le visage de l’écossais. Le dernier remontait à la veille lors de son entrée dans son bureau. Ce n’était pas si loin, mais ce simple geste lui avait tellement manqué.

- C’est le moins qu’on puisse dire… Mais j’ai assez dormi alors je ne suis pas contre un café.
- D’accord ! répondit-elle.

Le coin cuisine étant situé à côté du fax, elle rejoignit Carson et s’attela à sa tâche. Ce dernier en profita pour jeter le message et ses yeux furent attirés par une couverture qui jonchait le sol. Il se souvint qu’il avait dû l’enlever pour se lever. Chose étrange, il ne se rappelait pas en avoir une lorsqu’il s’était endormi. Une mimique amusé et reconnaissant apparut alors sur ses traits, rapidement remplacé par un sentiment de culpabilité.

Il se rapprocha d’Elisabeth.

- Je suis désolé pour hier. Je n’ai pas été de bonne compagnie.
- Carson, ça ne fait rien, le rassura Elisabeth.
- Si ! Vous m’accompagnez et je ne fais même pas attention à vous. Vous faites des efforts pour me tirer de ma morosité et je ne réagis même pas. Je le voulais…Seulement, je n’étais pas vraiment d’humeur à écouter…
- Il n’y a aucun problème. Je vous assure. On a pas toujours envie de parler. Sachez seulement que je suis là, en cas de besoin.

Souriant à demi en guise de remerciement, il attrapa des tasses en attendant de pouvoir les remplir.
Soudain, une subite idée lui traversa l’esprit. Il se retourna vers Elisabeth, occupée à préparer la cafetière, et déposa un bref baiser sur sa joue.
Elisabeth sursauta de surprise. Immédiatement, elle se remémora cette nuit où elle aurait rêvé sentir ses lèvres contre sa peau. Elle sentit ses joues se colorer doucement lorsqu’elle croisa le regard de Carson. L’interrogeant silencieusement, Carson se compta de lui répondre simplement.

- Je ne vous avez pas dit bonjour.
- Oh…

Et ce fut tout ce qu’Elisabeth put dire.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyJeu 6 Sep 2007 - 8:43

La nouvelle suite est arrivée ! 21, impasse Louis Pasteur [F] 804878
Elle est assez longue, j'espère que ce sera pas "indigeste"



Il n’était pas tout à fait sept heures lorsque leur petit avion privé s’était posé sur la deuxième piste de l’aéroport d’Edimbourg. Bagages en main, Elisabeth et Carson avaient dû traverser le grand hall, qui comme à l’accoutumée, était bondé.
Elisabeth avait toujours été étonnée de voir, que peu importait le lieu ou l'heure, un aéroport digne de son nom est constamment rempli d’anciens et de nouveaux passagers. Les allées et venues s'y font sans interruption et les places assises, qui se libèrent prés des kiosques et autres lieux de restauration, n'ont même pas le temps de refroidir avant d'être prises d'assaut. C'est une place en permanence soumise au bruit et où les discussions et les questions se mêlent à la voix mécanique annonçant les départs et les arrivées. En bref, tout simplement un endroit qui ne connaît pas de répit et où la vie bat toute sa mesure.

Malgré cette activité continuelle, qui engendre stress et énervement, Elisabeth devait bien reconnaître qu'à l'image du film Love actually - qu'elle avait vu bon nombre de fois - l'aéroport est un lieu rempli d'amour.
Alors qu'elle se frayait un chemin à la suite de Carson, ses yeux avaient balayé l'espace pour s'attarder sur de jeunes amoureux qui s'embrassaient tendrement…Sur un groupe d'amis qui se disaient au revoir avant d'embarquer…Ou encore sur les retrouvailles d'un frère et d'une sœur trop longtemps séparés.
Bisous, baisers, accolades, l'amour et l'amitié étaient visibles de partout, à chaque instant, à chaque respiration.

Elisabeth réalisa alors soudainement qu'il en était de même pour elle et Carson. S'ils se retrouvaient ici, ensemble, c'était bien parce que de profonds sentiments d'amitié les liés tous les deux, et plus encore…
Plus personnellement, Carson avait pris l’avion parce qu’il éprouvait énormément d’amour à l’égard de sa mère. Si ça n’avait pas été le cas, il serait toujours sur Atlantis à s’occuper de patients avec qui il ne partageait pas de lien de parenté tandis que sa mère ferait face seule à la mort, à des années lumières de lui.
Leur destination avait beau être un hôpital ; le but de leur voyage avaient beau être tragique, l'amour guidait leur pas et c'était cette pensée qu'Elisabeth devait garder à l'esprit.

Environnée par cette idée rassurante, Elisabeth passa les portes coulissantes pour sortir de l’aéroport. Aussitôt, elle fut saisit par un froid glacial qui l’obligea à resserrer les pans de son manteau. Alors qu’elle avait souhaité quelques heures plus tôt, respirer de l’air frais, elle devait reconnaître que celui là étant un peu trop saisissant pour elle. Elle entendit la voix de Carson appeler un taxi alors que ses joues et ses oreilles rosissaient sous la morsure du froid.
Quelques secondes plus tard, une voiture noire s'arrêta à leur auteur. Le conducteur sortit de son lieu de travail pour accueillir chaleureusement ses clients bien qu’il semblait lui aussi souffrir du froid. De taille plutôt petite, le chauffeur était un jeune homme du trentaine d’années dont le visage reflétait une jovialité qui plut tout de suite à Elisabeth.

- Bonjour Messieurs Dames ! lança-t-il avec un accent écossais à couper au couteau.
- Bonjour, répondirent-ils en cœur
- Dépêchez vous de me donner vos bagages avant qu’on ne finisse geler sur le trottoir, ajouta-t-il en se dirigeant vers son coffre.

Elisabeth voulut aider Carson, mais d’un signe de tête il lui indiqua de monter sans plus attendre dans la voiture. Il avait apparemment vu qu’elle était frigorifiée.
Elisabeth le remercia d’un sourire, lui tendit son sac et s’engouffra à l’arrière du véhicule. La chaleur s’infiltra aussitôt dans les pores de sa peau la faisant soupirer d’aise. Elle se frottait vigoureusement les mains lorsque deux portières s’ouvrirent pour laisser s’installer les deux hommes. Elisabeth ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle vit le conducteur - qui devait répondre au doux nom de Tim si elle en croyait la plaque qui se trouvait à droite du tableau de bord – tirer un peu plus son bonnet pour recouvrir davantage ses oreilles gelées.

- Bouhh, ce n’est pas un temps à mettre le nez dehors !
- Non, en effet, répondit poliment Elisabeth.
- Alors les amoureux, où dois-je vous déposer ? demanda-t-il amusée, en les regardant à travers son rétro.

Tim sut immédiatement qu’il n’avait pas tapé dans le mille lorsqu’il perçut le regard qu’Elisabeth et Carson échangèrent. Leur peau avait beau être déjà colorée par le contraste de température, l’embarras pouvait se lire sur leurs visages.

- Non, non, vous n’y êtes pas ! Nous ne sommes pas ensemble, le contredit rapidement Carson.

Elisabeth dût reconnaître qu’elle fut dessus par son empressement à répondre. Il n’avait pas non plus à être si gêné par l’idée qu’ils puissent être ensemble ! Cependant, elle laissa vite sa déception de côté lorsque Carson informa le conducteur de leur destination.

- Par contre, si vous pouviez nous déposer au Northern General Hospital s’il vous plait. Et assez rapidement, nous sommes plutôt pressés par le temps…conclut-il évasivement.
- Très bien, acquiesça Tim en faisant démarrer la voiture.

Jetant à son tour un coup d’œil dans le rétroviseur, Elisabeth put distinguer une partie du visage de leur chauffeur. Il semblait réellement embêté de s’être trompé sur "l'identité" de ses clients. Le ton de Carson et leur destination lui avait fait comprendre que leur venue en Ecosse n’avait rien d’amusante et de romantique. Elisabeth prit la décision de le rassurer et réussit à croiser son regard alors qu’il vérifiait s’il pouvait déboîter tranquillement. Elle lui adressa un sourire rassurant, lui expliquant silencieusement qu’il n’y avait pas de mal. Il ne pouvait pas deviner le pourquoi de leur venue.

Tim comprit le message et se détendit à tel point qu’il se mit à discuter avec Elisabeth. Il lui demanda d’où elle venait parce qu’il avait remarqué qu’elle n’avait absolument pas l’accent écossais contrairement à son ami. La jeune femme lui avoua alors être américaine. Ravi de pouvoir faire connaître son pays natal à une étrangère, Tim décida de porter une « casquette » supplémentaire, celle de guide touristique. Et étrangement, Carson se joignit à son compatriote pour agrémenter les commentaires au plus grand plaisir d’Elisabeth.
Certes, elle savait que c’était une façade. A l'intérieur, Carson devait souffrir et redouter la confrontation avec sa mère. Mais savoir qu’il participait tout de même à la conversation mis du baume au cœur à Elisabeth. Les paysages verdoyants et vallonnés qu’elle distinguait à travers la vitre prirent soudainement vie à l’écoute des histoires et légendes que lui racontaient les deux hommes.
C'est ainsi que se déroula leur trajet, dans une bonne humeur apparente jusqu'à ce que le taxi arrive aux abords de la capitale écossaise.

A cet instant, il fut impossible pour Carson de feindre d’aller bien et son regard se perdit dans les ruelles de la ville. Tim continua encore quelques minutes ses commentaires en montrant les monuments les plus réputés d’Edimbourg mais il cessa bien vite lorsqu’il se rendit compte qu’Elisabeth ne l’écoutait plus que d’une oreille.
En effet, l’attention de la jeune américaine s’était reportée sur Carson qui semblait de plus en plus anxieux à l’approche de l’hôpital. Et il n’était pas le seul. Elisabeth redoutait aussi ce moment. Elle aurait tellement aimé rencontrer la mère de Carson dans d’autres circonstances, surtout que le médecin lui avait certifié qu’elles se seraient très bien entendues.
En plus de ça, Elisabeth ne savait pas trop comment se comporter une fois qu’elle serait dans l’hôpital. Devait-elle entrer dans la chambre pour être présent au côté de Carson ou bien lui laisser une certaine intimité auquel il avait droit ? Certains auraient trouvé ces interrogations ridicules, mais Elisabeth était réellement perdue quant à la mainère d’agir. C’était un terrain délicat et elle avait peur de mal faire. Elle prit donc la décision de ne rien décider à l’avance et de laisser faire les choses. Le moment venu, elle saurait certainement quelle décision prendre.

La voiture tourna à l’angle d’une rue. Au même moment, Elisabeth sentit la main de Carson effleurer la sienne. Le faible touché de ses doigts déclencha un frisson dans son corps, frisson qui s’accentua lorsque Carson lui attrapa délicatement la main pour la serrer contre lui. Il avait besoin d’un contact humain pour affronter les évènements. La jeune femme se tourna vers lui.

- Je suis là, ça va aller Carson…lui souffla-t-elle.
- Oui… Il le faut, murmura-t-il résigné

Elisabeth hocha la tête. Elle savait que Carson ne voulait pas craquer, pas encore… Pas si près du but….Il voulait se montrer courageux pour sa mère. Le temps des larmes serait pour plus tard.
Elisabeth se mit machinalement à caresser la paume qu’elle tenait dans sa main dans l’espoir de faire naître en lui un sentiment de réconfort. Elle aurait voulu faire bien plus, augmenter le contact de leur corps en le serrant dans ses bras…Mais étrangement, elle n’osait pas. Pas encore. Ils ne s’étaient jamais montrés affectueux l’un envers l’autre. Sur Atlantis, elle était sa supérieure, certains auraient pu interpréter ce geste comme un débordement ou du favoritisme. Même sans ça, c’était un comportement auquel ni l’un ni l’autre n’était habitué. Elle espérait seulement que ça changerait parce qu’elle éprouvait désormais le besoin de sentir bien plus qu’une main dans la sienne…

Le taxi finit par s’arrêter devant un immense bâtiment qui, malgré les efforts des constructeurs pour le rendre accueillant, ne donner aucune envie d’y rentrer.
Elisabeth avait toujours détesté les hôpitaux. Ils étaient froids, étouffants…Pourtant, on y soignait des gens, on y accueillait également la vie, mais l’aura qui les entourait lui faisait ressentir un désagréable malaise et revivre des souvenirs qu’elle aurait souhaité à jamais oublier.
C’est pourquoi elle éprouvait une admiration non feinte pour tous ceux qui avaient le courage d’y travailler chaque jour. Ils devaient avoir une force de caractère impressionnante pour supporter au quotidien la maladie et la souffrance.

Carson et Elisabeth finirent par sortir de la voiture. Elisabeth se chargea de payer le chauffeur et le remercia pour sa gentillesse. Ils récupèrent leurs bagages et Tim s’en alla vers de nouvelles rencontres.
Lorsqu’elle se retourna, Elisabeth vit Carson, figé devant l’entrée de l’hôpital. Il dévisageait, impuissant, ce lieu qui y verrait mourir sa mère.
La jeune femme s’approcha de lui et effleura son bras pour lui indiquer sa présence. Carson posa ses yeux sur elle et un étrange sourire déforma ses traits.

- Je connais cet hôpital par cœur. J’y ai fait mon internat…Il y a bien longtemps que je n’y ai pas mis les pieds. J'aurais aimé ne jamais y revenir...
- C’est pour cela que vous semblez aussi bien connaître le Dc Gernish ?
- Oui. Bien qu’il soit plus âgé que moi, on s’est côtoyé durant nos études et on est devenu un peu ami. Il a fini par obtenir son poste de titulaire ici alors que moi j’ai préféré tenter ma chance ailleurs.
- Vous avez bien fait…ça en fallait la peine non ?
- Oui…Enfin j’ai des doutes maintenant…
- Comment ça ? demanda-t-elle, surprise.
- Si je n’étais pas partie, lui expliqua Carson, je n’aurais jamais été intégré au projet Stargate. Je ne l’aurais même pas connu….Mais j’aurais pu veiller sur ma mère et elle ne serait peut-être pas ici.
- Carson...C’est faux voyons. Vous n’en savez rien... Ce n’est en cas votre faute. On ne peut prévoir ce genre d’accident...

« Accident ». Depuis qu’il avait reçu la lettre, Carson avait totalement occulté cet évènement. Certes, il savait pourquoi sa mère s’était retrouvé dans cet hôpital, mais ses pensées étaient restées concentrer sur le fait qu’il devait arriver à temps pour la voir une dernière fois. Le reste avait alors été secondaire.
Mais il y avait bien un responsable, ce chauffard….Il ne devait pas l’oublier et tôt ou tard, Carson lui ferait face...

- Allons-y, souffla-t-il pour couper court à toute discussion.

Les deux atlantes montèrent les marches et pénétrèrent à l’intérieur. Connaissant le service où sa mère était admise, Carson amena directement Elisabeth au 3ème étage. Il se dirigea ensuite vers l’accueil pour se présenter. A une époque, il avait connu la jeune secrétaire médicale qui travaillait ici, mais apparemment la jeune femme avait cédé son poste à une autre.

- Bonjour, je suis le Docteur Carson Beckett, je viens rendre visite ma mère.
- Oh, oui, bonjour Docteur. Le Dc Gernish m’a prévenu de votre visite. Je le préviens immédiatement de votre arrivée.
- J’aimerai allé voir ma mère tout de suite s’il vous plait.
- Bien sûr, vous y êtes autorisé. Votre collègue vous rejoindra là bas. Votre mère est dans la chambre 128. C’est…
- Je sais où c’est. Merci.

Il fit un signe à Elisabeth pour lui indiquer qu’ils devaient prendre le couloir de gauche. Ils passèrent devant la salle d’attente, où des familles inquiètes attendaient des nouvelles de leur proche.
Elisabeth accéléra le pas.
Une dizaine de grandes portes bleues défilèrent avant qu’ils n’arrivent finalement devant un numéro : le 128.

Elisabeth s’était arrêtée légèrement en retrait, derrière le côté droit de Carson. Elle le vit hésiter et fermer les yeux. L’instant devait être particulièrement difficile pour lui. En poussant la porte, il y trouverait sa mère agonisante dans un lit froid et anonyme. C’était un véritable cauchemar et Elisabeth se mordit les lèvres pour empêcher l’émotion de l’envahir.
Elle souhaitait de tout cœur dire quelque chose. Faire quelque chose. Seulement, elle était incapable d’esquisser le moindre geste. Elle se sentait soudain étrangère à cette famille déchirée. Comment avait-elle pu croire qu'elle pourrait le soutenir ?
Cependant, Carson ne devait rien attendre de sa part car il posa sa main sur la poignée de la porte…
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyVen 14 Sep 2007 - 16:19

J'ai complètement oublié de poster !! Pardon !!
Voilà une p'tite suite qui ne fait pas avancer le schmilblik (pr l'ortho, voyez ailleurs 21, impasse Louis Pasteur [F] 804878) mais qui répond à une question !
Je vais essayer d'avancer dans l'écriture cette semaine pour vous faire une suite meilleure et plus intéressante !

La poignée s’abaissa. D’une légère pression, Carson poussa la porte qui s’ouvrit progressivement en tournant sur ses gonds avant de s’arrêter contre le mur. Une chambre faiblement éclairée par une rangée de néons se dévoila alors.
De là où il était, le médecin d’Atlantis pouvait distinguer un mobilier bien maigre et tout à fait habituel dans une chambre d’hôpital. Une petite table et une chaise en plastique trônaient dans un coin sombre de la pièce… Une chaise sur laquelle il s’installerait bientôt pendant un temps qu’il espérait le plus long possible.
Outre ce siège de fortune, Carson distinguait les prémices d’un lit volumineux et mécanique sur lequel se dessinait deux jambes enfouies sous une couverture. L’une semblait plus volumineuse que l’autre et l’expérience de Carson lui apprit immédiatement qu’une des jambes de sa mère devait être encerclée dans une attèle.
Il se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt. Son collègue avait décrit dans la lettre l’état de faiblesse général de sa mère en insistant plus précisément sur son cœur qui cesserait bientôt de battre. Il ne s’était pas attardé sur les « détails ». Au contraire, il avait été succinct afin de terminer au plus vite la lette pour qu'elle parvienne au Dc Beckett dans les meilleurs délais.
Sur le moment, Carson n’avait pas réalisé que certaines séquelles de l’accident seraient visibles sur le corps de sa mère. Cette blessure à la jambe devait être les prémices de beaucoup d’autres auxquelles Carson devait s’attendre. On ne ressortait pas indemne d’un accident de voiture, surtout lorsqu’on avait l’âge de Margaret Beckett.

Etrangement, il avait prié fort durant la durée de son voyage pour arriver à temps sur place et au lieu de se précipiter, il semblait attendre un quelconque feu vert qui ne viendrait pas. Il réalisa alors qu’il pourrait patienter des heures ainsi, il ne serait de toute façon jamais prêt à affronter sa mère mourante. C’est pourquoi il décida de ne plus reculer et de mettre à profit le temps qui lui restait.
Il fit un pas…Puis un deuxième….Puis un troisième et le visage de sa mère endormie apparut enfin devant lui...

~~~~

Elisabeth venait de voir Carson hésiter dans l’entrebâillement de la chambre. Il avait espéré pénétrer dans ce lieu depuis qu’il avait pris connaissance de la lettre, et pourtant il avait hésité. Elle savait pourquoi.

Dos à son amie, Carson lui cachait involontairement son visage. Mais cela n’avait aucune importance. Depuis le temps qu’elle travaillait avec lui, Elisabeth reconnaissait chacune de ses postures et lisait désormais en lui comme dans un livre ouvert, qu’il soit ou non face à elle. Elle s’imaginait avec exactitude son visage tendu par l’émotion. Elle apercevait presque sa ride au coin de son œil qui se formait doucement pour éviter qu’un rideau de larmes n’apparaisse sous ses paupières. Ses épaules étaient légèrement voûtées, comme affaibli par le poids de sa douleur et de sa fatigue. Tout son être le trahissait. Même s’il avait essayé de cacher ses sentiments, cette précaution se serait avéré inutile face à l’aptitude d’Elisabeth.

La jeune femme savait qu’il avait peur. Oui, il était terrifié d’apercevoir sa mère agonisante dans son lit, parce que cette réalité anéantirait la faible lueur d’espoir qui subsistait malgré tout en lui. Il avait beau s’être rendu à l’évidence comme il l’avait si bien dit, Carson croyait tout de même aux miracles. La médecine, cette discipline qui avait forgé sa vie entière et sa personnalité, avait beau avoir délivré un diagnostique sans équivoque, son cœur avait voulu croire qu’il existait une possible guérison. Seulement, il venait de comprendre que c’était faux, que ce n’était qu’un mensonge qui n’avait fait que le faire souffrir davantage. Il devait mettre un terme à cette illusion et affronter la vérité.
Elisabeth avait alors vu son hésitation se dissiper pour laisser place à une farouche détermination. Carson s’était alors avancé dans cette chambre, sans aucun espoir de retour, mettant ainsi un terme à toute une partie de sa vie qu’il avait partagé avec sa tendre mère.

Alors qu’Elisabeth le voyait disparaitre derrière le mur de la salle de bains, elle abandonna sa léthargie pour le rejoindre. Au seuil de la porte, elle entendit un faible « Maman » résonner dans la froideur de ce jour naissant. Un Maman remplit d’émotion et de douleur qui avait conduit Elisabeth à attraper la poignée de la porter pour la tirer vers elle. Sa décision venait d’être prise. C’est d’une main tremblotante qu’Elisabeth referma l’entrée de la chambre 128 laissant Carson et Margaret Beckett ensemble pour une dernière fois.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyMer 26 Sep 2007 - 18:23

Une p'tite suite pour ceux qui me lisent encore...


L’ascenseur s’arrêta avec douceur. La lumière qui éclairait le bouton numéro trois s’éteignit, indiquant à Elisabeth qu’elle était arrivée à bon port. Les portes ne tardèrent pas à coulisser et Elisabeth s’empressa de sortir de cet habitacle rétréci qui ne lui avait jamais inspiré une pleine confiance.
Bouquet en main, elle retrouva avec facilité le chemin qu’elle avait déjà parcouru ce matin en compagnie de Carson, il y avait de cela une bonne quinzaine de minutes. Elisabeth avait profité de cette courte période en solitaire pour aller repérer les environs - bien qu'elle n'aurait certainement ni l'occasion, ni l'envie d'y retourner. Elle s’était baladée dans les rues adjacentes de l’hôpital où elle avait découvert quelques commerces et notamment un fleuriste, expliquant pourquoi elle se promenait désormais avec des fleurs dans sa main gauche.
Flânant dans les ruelles peu animées par ce début de matinée, elle avait hésité à rejoindre l’hôpital de peur que Carson n’ait pas eu un temps suffisant à passer avec sa mère. Seulement, en même temps, elle ne souhaitait pas qu’il s’inquiète outre mesure de son absence prolongée, c’est pourquoi elle était finalement revenue sur ses pas…

Après avoir dépassé le comptoir où la secrétaire médicale s’occupait déjà de nouveaux dossiers, Elisabeth finit par arriver aux abords de la chambre 128.
Elle distingua aussitôt deux personnes qui discutaient devant la porte. Carson était de ce nombre et se tenait au côté d’un homme qui devait être médecin si l’on en croyait la blouse blanche qu’il arborait. Bien que trop loin pour lire le nom qui figurait sur la poche droite de la blouse, Elisabeth supposa qu’il s’agissant du médecin qui était en charge de Mme Beckett. Alors qu’elle hésitait à approcher de peur d’interrompre une conversation importante, Carson l’aperçut et lui fit signe, l’invitant discrètement à les rejoindre.

- Elisabeth ! Vous êtes revenue…
- Oui, j’étais partie faire un petit tour dans le quartier. Je me suis dit que vous souhaiteriez être seule avec votre mère…J’espère que j’ai bien fait.
- Oui, ne vous inquiétez pas…Merci…ajouta-t-il reconnaissant.

Elisabeth lui sourit doucement même si la pâleur de son visage l’inquiétait plus qu’elle ne voulait le montrer. Le fait d’avoir vu sa mère semblait avoir été un grand choc… Comment ne pouvait-il pas l’être ? Carson avait le souvenir d’une femme pleine de vie, souriante, qui l’accueillait avec joie et amour à chaque retour… Et cette fois-ci, il n’y avait rien eu. Pas de sourire, pas de bonjour, pas de bisou sur la joue… Uniquement le bip sonore d’une machine qui n’avait fait que lui rappeler qu’elle partirait bientôt vers une route qu’il ne pourrait suivre.

Bien qu’elle devinait ce qui avait pu se passer dans cette chambre, Elisabeth ne pourrait jamais s’imaginer parfaitement ce que Carson ressentait en cet instant…Comment se construisaient ses pensées…Comment ses émotions s’entrechoquaient… Même si elle y mettait toutes ses forces, elle n’était pas à sa place ; ce n’était pas elle qui perdait un peu plus sa mère à chaque seconde…Elisabeth aurait été bien vaniteuse de faire croire qu’elle comprenait sa douleur…
La seule chose qu’elle voulait et pouvait faire, c’était la partager avec lui et l’aider autant que possible à la supporter. Même si elle avait peur d’échouer et de ne pas être à la hauteur, elle ferait tout pour y arriver. Son voyage devait avoir un sens et elle ne devait pas renoncer ni reculer face à la difficulté de sa tâche. Désormais, elle serait là pour lui, à toute heure du jour et de la nuit…parce qu’il s’agissait de Carson, parce que c’était son ami, parce qu’elle l’aimait.

L’aimer. Elle n’en doutait plus aujourd’hui. Sa raison avait enfin accepté l’évidence de son cœur. Le côtoyer quotidiennement, être si proche de lui, sans jamais pouvoir franchir la barrière invisible qui se dressait entre eux, devenait une torture perpétuelle et insupportable. Elle y pensait et repensait, se sentant même coupable de se laisser aller à rêver alors que celui qui faisait battre son cœur était en plein cauchemar. Seulement, elle avait de plus en plus de mal à supporter cette distance bien que les frôlements de leurs mains avaient été plus nombreux en deux jours qu’en trois ans. Mais, l’existence de faibles contacts est parfois bien pire que leur absence...

Sentant un regard posé sur elle, Elisabeth finit par reporter son attention sur l’homme qui avait assisté à leur échange. L’étiquette qui ornait sa blouse était maintenant visible et Elisabeth put voir ses soupçons se confirmer. Il s’agissait bien du médecin de Mme Beckett.
Cependant, avant qu’elle ne puisse dire un mot, Carson réalisa qu’il avait manqué à un certain devoir de présentation et s’empressa de réparer cette oubli.

- Elisabeth, je vous présente le Dc Gernish ! Francis, voici le Dc Elisabeth Weir, ma supérieure et amie.
- Enchanté, sourit-il en lui tendant la main qu’elle attrapa aussitôt. Docteur ? Décidément !
- Oh non, je suis Docteur en sciences politiques, précisa Elisabeth. Rien avoir avec votre discipline.
- Effectivement… Mais, commença-t-il les sourcils froncés, depuis quand les diplomates travaillent de concert avec les médecins ?
- Depuis que le gouvernement l’a décidé, répondit poliment Elisabeth.
- Je suis désolé Francis, mais tu n’en sauras pas plus, ajouta Carson. Secret défense.
- Je vois… J’imagine que ce secret défense explique pourquoi tu t’es exilé si loin ?

Carson acquiesça d’un hochement tête en souriant fébrilement ; la remarque de son collège n’ayant fait qu’ajouter à sa culpabilité déjà bien présente.

- En tout cas, j’espère que je ne vous ai pas interrompu ! Sinon je peux revenir, proposa Elisabeth.
- Non, pas du tout. J’ai dit à Carson tout ce qu’il devait savoir. Tout ce qu’ils vous restent à faire pour le moment c’est attendre. Il se peut qu’elle se réveille une fois… Peut-être deux mais j’en doute… Elle avait repris conscience peu avant que je vous envoie le fax mais cela n’a fait qu’amoindrir ses maigres forces. Elle ne pourra pas supporter plus… Nous ne pouvons malheureusement rien faire de plus pour elle, à part atténuer ses douleurs… Nos compétences s’arrêtent là, comme cela arrive bien trop souvent…
- Je comprends...

Elisabeth avait profité de la tirade du Docteur pour se rapprocher de Carson pour qu’il n’oublie pas, ne serait qu'une seule seconde, qu’elle était là ; parce qu'entendre une nouvelle fois le diagnostic plus que pessimiste concernant sa mère devait être une nouvelle épreuve difficile à endurer. Désireuse de changer de sujet, Elisabeth souleva le bouquet coloré qu’elle tenait dans sa main pour le rendre visible aux yeux des deux hommes.

- J’ai profité de ma petite escapade pour acheter des oeillets, je me suis dit que ça égaierait un peu la pièce… Par contre Carson, je ne sais pas quelles sont les fleurs préférées de votre mère alors j’ai fait selon mes goûts…
- C’est parfait Elisabeth…
- Vous avez eu une bonne idée Dc Weir. Ce genre de petites attentions sont importantes, aussi bien pour la famille que pour le patient lui même et ce qu'il soit ou non conscient… Je demanderai à une infirmière de vous apporter un vase, proposa le Dc Gernish. D’ici là, je vais vous laisser, j’ai d’autres visites à effectuer. Je repasserai dans la journée.
- D’accord, acquiesça Carson. Merci Francis.

Le médecin donna une accolade sur l’épaule de Carson et s’échappa en direction d’autres malades qui attendaient réconfort et soutien.
Carson tourna vers Elisabeth des yeux bleus chargés de tristesse qui firent frémir la jeune femme et lui proposa d’une voix légèrement tremblante.

- Vous voulez que je vous présente ma mère ?
- Avec plaisir, répondit Elisabeth en attrapant sa main pour la serrer avec force.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptySam 6 Oct 2007 - 17:55

- Maman ! Maman !

La supplication réveilla instantanément Elisabeth qui somnolait depuis quelques heures dans un fauteuil peu confortable. Carson et elle n’avaient pas quitté l’hôpital de la journée et avaient passé le plus clair de leur temps à veiller sur Margaret. Au travers des vitres, on pouvait voir le crépuscule s’installer progressivement éclairant d’une lumière incertaine les restes de deux plateaux repas.

Les pupilles d’Elisabeth s’habituèrent facilement à la faible clarté de la pièce. Alors que la leader se massait sa nuque endolorie, elle remarqua aussitôt Carson au chevet sa mère. Apparemment, il n’avait pas quitté d’un pouce son emplacement depuis la dernière fois où elle l'y avait vu. Pourtant, un détail avait bien changé : une lueur d’espoir éclairait désormais les yeux clairs du médecin.

- Carson, que se passe-t-il ? demanda Elisabeth.
- Je crois qu’elle se réveille.

Comme pour confirmer les propres dire de son fils, Mme Beckett gémit dans son sommeil en bougeant légèrement sous les draps. Alors que Carson l’appelait une seconde fois, Elisabeth s’approcha d’eux en essayant de faire abstraction de toutes les machines et de tous les fils qui entouraient la patiente.

Carson tenait la main de sa mère dans les siennes… Il semblait épuisé et Elisabeth sut alors que, contrairement à elle, il ne s’était pas assoupi. Malgré sa fatigue omniprésente, il l’avait veillé toute la journée dans l’espoir d’assister à son réveil. Par chance, le dernier vœu de Carson venait d’être exaucé.
Alors qu’il appelait à nouveau sa mère d’une voie douce, Margaret Beckett bougea difficilement sa tête, permettant à son fils et à Elisabeth de voir ses paupières collées par le sommeil se soulever pour la première fois depuis des heures.

- Oh Maman, murmura d’une voix pleine d’émotion Carson.

Elisabeth posa sa main sur l’épaule de Carson en signe de soutien, alors qu’elle était frappée par le regard perçant de Mme Beckett. Bien que ses yeux témoignaient d’une grande faiblesse, Elisabeth reconnut aussitôt le même bleu que celui qui brillait dans les yeux de Carson. Etrangement, elle avait toujours cru qu’il avait hérité de ce gène de par son père, alors qu’en fait, c’était sa tendre mère qui lui avait légué cette couleur unique.

Margaret sembla dépaysée pendant quelques secondes, ne semblant pas reconnaître l’endroit où elle se trouvait. Mais lorsqu’elle réalisa que Carson se trouvait à côté d’elle, ses yeux se voilèrent de larmes. Elle voulut parler, seulement aucun son distinct ne sortit à part un faible gémissement. Carson attrapa aussitôt un verre d’eau et humidifia autant qu’il put la bouche desséchée de sa Maman.
Son geste eut l’effet escompté puisque la voix affaiblit de Margaret résonna bientôt à leurs oreilles.

- Carson ? demanda-t-elle incertaine.

Elle devait sans doute croire à un rêve. Comment son fils qu’elle n’avait pas vu depuis des mois pouvait-il se trouver enfin à ses côtés ?

- Oui, Maman, c’est moi…murmura-t-il en portant sa main à ses lèvres pour l’embrasser.
- Mon p’tit garçon…Tu es bien là…ajouta-t-elle alors que plusieurs larmes se mettaient à rouler le long de ses joues.
- Oui, tout va bien…Je suis là et je ne compte pas partir…

Il se leva de sa chaise et déposa un affectueux baiser sur son front.

- Où…suis-je ? Que s’est-il passé ?

Le Dc Gernish les avait prévenu qu’elle leur poserait ce genre de questions. Assommée par les médicaments et secouée par le choc de l’accident, elle ne se rappelait pas des évènements de la matinée. Même si Francis lui avait appris qu’elle était dans un hôpital lors de son premier réveil, elle semblait avoir oublier l'information.

- Tu es l’hôpital Maman. Mais c’est rien, tout va se passer…Fais moi confiance…

Carson sembla se dégoûter lui même de ce mensonge, mais il savait aussi bien qu’Elisabeth que la vérité ne ferait que l’effrayer davantage. Il ne servait en rien de lui rappeler l’accident, ses blessures…et le reste... Elle ne devrait jamais le savoir.

Margaret sembla vouloir parler à nouveau, mais sa respiration difficile et anarchique sembla l’en empêcher. Elle balaya alors la pièce du regard et ses yeux bleus perçants se posèrent sur Elisabeth qui lui sourit faiblement.

- Bonjour Mme Beckett…
- Qui…êtes vous ? chuchota-t-elle dans un souffle.
- C’est Elisabeth, Maman, Elisabeth Weir…intervint Carson. Tu te souviens, je t’ai souvent parlé d’elle dans mes lettres.

Carson se tourna la jeune femme pour l’inciter à s’approcher plus. Elisabeth fut surprise d’apprendre que son ami parlait d’elle dans ses lettres, mais elle occulta vite ce détail en comprenant que Carson voulait l’inclure dans la conversation afin de la détourner vers un autre sujet que l’hôpital et ses conséquences. Il ne souhaitait pas lui mentir à nouveau.

- Je me souviens… Oui… Ta supérieure…
- Oui, c’est elle Maman…

Elisabeth essuya discrètement une larme au coin de sa paupière droite, évitant ainsi aux membres de la famille Beckett de l’apercevoir. Cette goutte d’eau s’était échappée sans permission alors qu’Elisabeth mettait toutes ces forces pour ne pas laisser l’émotion l’envahir.
La mère de Carson était parfaitement consciente de qui elle était alors qu’elle ne l’avait jamais vu, tout simplement parce qu’elle se souvenait des mots que Carson lui avait écrit. Comme le disait péjorativement l’expression, Mme Beckett avait toute sa tête, seulement son corps n’avait plus l’énergie suffisante pour la faire vivre… Il se mourrait petit à petit à cause d’un accident dont elle n’aurait jamais dû être victime…. Si seulement, elle s’était levée plus tard ce jour là...Si seulement, elle avait pris le temps d’arroser plus longtemps ces fleurs avant de partir...Si seulement cet inconnu n’avait pas pris le volant en étant ivre...

Elisabeth fut tirée de ses vaines pensées par la mère de Carson.

- Carson vous apprécie…beaucoup… Il me l’a toujours dit…Je comprends mieux…pourquoi…

De légers sourires s’affichèrent sur le visage des atlantes, insufflant ainsi à Mme Beckett un étrange sentiment de bien être. Elle connaissait suffisamment son fils pour savoir lire entre les lignes de ses lettres, pour comprendre ce qui se cachait derrière ses prudents éloges. Cette Elisabeth Weir était comme elle se l’était imaginée…Belle et douce… Elle veillerait sur son fils… Margaret le savait au fond d’elle et sut ainsi qu’elle pouvait partir sereine…

La fatigue la gagnait de plus en plus… Elle se sentait combattre contre son corps alors qu’il n’avait été rien d'autre qu'un allié tout au long de sa vie. Même si elle était incapble de se rappeler comment elle s’était retrouvée dans son lit, la tristesse qu’elle lisait dans les yeux de son fils lui permettait de connaître toute la vérité. Ses prunelles, comme les siennes, étaient si transparentes qu’il n’avait jamais pu lui cacher quoi que ce soit.

Inspirant une nouvelle et délicate bouffée d’air, Margaret sentit qu’elle allait s’endormir. La lutte était déjà gagnée d’avance et ce, peu importe l’amour que son fils lui portait.

- Maman, reste avec moi, s’il te plait…
- …

Les machines commencèrent à s’emballer alors que la respiration de Mme Beckett devenait de plus en plus difficile et désordonnée. L’angoisse monta en flèche dans la pièce, envahissant Carson et Elisabeth d’une sourde terreur contre laquelle ils ne pouvaient rien.

- Maman, répéta à nouveau Carson, en faisant courir sa main sur sa joue. Je t’en prie, ne me laisse pas…Je t’aime…Je t’aime plus que tout…Ne me laisse pas…

Elisabeth, émue comme elle ne l’avait jamais été, recouvrit de ses doigts la main de Carson, toujours enlacée à celle de sa mère. Elle voulait leur montrer à tous les deux qu’elle serait présente jusqu’à la fin.
La caresse de son fils permit une dernière fois à Margaret d’ouvrir les yeux. Bien qu’elle n’eut plus la force de parler, Carson put y lire qu’elle répondait implicitement à ses propres paroles en lui transmettant tout son amour. Son cœur entier était à lui.

Elisabeth entendit des pas précipités derrière elle...Qui s’arrêtèrent subitement dans l’embrasure de la chambre 128. Elle ne se retourna pas et l’homme ne s’avança pas plus.
Il avait ordre de ne pas intervenir, de ne rien tenter… Ses efforts n’auraient pas abouti et chaque personne présente dans la pièce le savait aussi bien que lui.

Comme dans un rêve éveillé, Elisabeth vit Mme Beckett fermer doucement ses yeux malgré les appels de son fils. Sa poitrine se souleva encore une fois le temps de quelques battements de cœur avant de se figer complètement.

Un son strident se répercuta dans la pièce le temps de quelques secondes avant de mourir lui aussi. Le Dc Gernish s'était approché silencieusement et venait d’éteindre le monitoring...
Il adressa un signe de tête désolé à Elisabeth qui le fixait de ses yeux émeraudes, avant de sortir de la chambre… Laissant seuls dans la pièce une jeune femme ébranlée et un orphelin...
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyDim 28 Oct 2007 - 14:58

Avec beaucoup de retard, la suite^^

Carson était assis sur une des chaises de la salle d’attente, impassible. Ses yeux, bien que légèrement rougis étaient désormais secs et sa main droite tenait toujours celle d’Elisabeth, installée à son côté.
Une demi heure devait s’être écoulée depuis qu’ils avaient quitté la chambre. Une équipe était venue prendre en charge le corps de la défunte et la famille avait donc été prié de s’éloigner.

Depuis, les deux amis n’avaient pas bougé, à part pour aller chercher des boissons chaudes, qui au lieu de les réchauffer ne leur avaient laissé qu’un goût amer dans la bouche. Ils étaient restés ainsi, silencieux, remuant seuls leurs pensées secrètes…

Comme Carson n’avait dû cesser de le faire, Elisabeth avait revisité dans sa tête la dernière heure qui venait de s’écouler et qui avait vu disparaître une incroyable femme.
Le décès de Mme Beckett amena les réflexions d’Elisabeth vers sa propre mère. Elle se demandait si la mort de sa mère l’affecterait autant que Carson. C’était étrange de se poser une telle question, mais Elisabeth n’avait jamais été proche de celle qui lui avait donnée la vie. Mme Weir avait toujours était une femme active et indépendante, et ce trait de caractère n’avait fait que se renforcer à la mort de son mari. C’était une femme influente qui travaillait dans une grosse boîte de New York et qui avait toujours privilégié – et préféré - sa vie professionnelle à sa vie de famille. Proche de son père, Elisabeth avait beaucoup souffert à son décès et sa mère n’avait jamais pu lui accorder le réconfort auquel elle aurait dû avoir droit.

Mme Weir avait délaissé sa fille au fil des années et depuis, les liens puissants qui étaient censés les unir n’avaient cessé de s’effilocher avec le temps ; l’arrivée du beau-père d'Elisabeth n’ayant fait qu’accroître la distance les séparant. Leurs rapports étaient devenus difficiles et conflictuels et aujourd’hui encore, elles ne se contactaient que pour les grandes occasions. Elles avaient chacune leur vie où l’autre n’avait pas sa place.
Elisabeth se rendit alors compte que si sa mère mourrait, elle ne serait jamais aussi anéantie que Carson l’était en ce moment, parce que d’une certaine façon, elle avait déjà disparu de sa vie et ce depuis bien longtemps…
Cette réalité lui fit mal et elle se surprit à vouloir retourner dans le passé pour changer cet état. Elle aurait dû insister face à sa mère, lui montrait qu’elle souffrait de ne pas être aimé, au lieu de se résoudre à cette situation et de se taire. Elle s'était enfermée dans la solitude et sa mère n'avait jamais fait un pas vers elle pour l'en sortir.
Seulement, elle était une enfant à cette époque et ça n’aurait jamais dû être à elle de faire des efforts… Sa mère aurait dû réagir et s’occuper d’elle, comme son père l’avait toujours fait avant sa disparition. Il avait toujours été le cœur de leur famille ; celui qui embrassait le soir au coucher... Celui qui racontait les histoires drôles au cours des dîners... Celui qui accordait de l'attention et qui distribuait tout son amour...
A sa mort, tout avait éclaté en morceaux, et aujourd’hui, la seule chose qui subsistait de la famille Weir était des regrets…

Elisabeth fut interrompue dans ses souvenirs par la main de Carson qui s’échappa de la sienne. Il venait de se lever à la vue du Dc Gernish qui était apparue près du secrétariat médical. Carson se tourna vers la jeune femme et lui lança ses quelques mots…

- Restez ici Elisabeth…

Sans attendre de réaction de sa part, il rejoignit son collègue en laissant Elisabeth étonnée par ses propos et plus particulièrement par le ton distant qu’il avait employé. Il semblait avoir subitement changé de comportement et elle avait vu dans ses yeux une témérité qu’elle ne lui connaissait pas.

Reportant son attention sur les deux hommes, elle comprit à leur visage que la discussion allait être particulièrement sérieuse et grave.
Elisabeth hésita. Devait-elle les rejoindre et passer outre à la demande de Carson ? Ou bien attendre qu’ils viennent lui même s’expliquer ? Sa curiosité était forte mais pas assez pour ne pas respecter le souhait de Carson. Il devait avoir une bonne raison pour vouloir parler seul à seul avec le médecin, et elle estima qu’elle n’avait pas le droit d’interférer dans leur échange. Elle se contenta donc de rester sur sa chaise, en retrait, non sans observer d’un œil affûté la scène...

~~~~

Carson s’avança, plus déterminé que jamais. Il se posta devant son collègue et lança d’une voix froide :

- Où est-il ?

Le Dc Gernish ne fut pas surpris par la question. Il s’y attendait même. Pour autant, il fronça tout de même les sourcils dans l’espoir de feindre l’ignorance.

- De qui tu parles ? demanda-t-il
- Tu le sais très bien, alors réponds moi. Où est-il ? répéta-t-il à nouveau.
- Ecoute, on devrait aller dans mon bureau pour parler de tout ça calmement, ajouta-t-il en amorçant un pas en reculant.

Carson tendit aussitôt sa main qui se referma d'une poigne ferme sur l'avant-bras du médecin.

- Je suis très calme Francis, alors on a pas besoin d’aller ton bureau, assura-t-il d'une voix ferme. Je n’ai pas besoin que tu me dissuades. Je veux seulement que tu me donnes le numéro de sa chambre. Je sais qu’il se trouve encore ici.
- Carson… Ça ne te mènerai à rien. Je suis désolée, je ne peux pas faire ça.
- Si tu peux le faire. Tu n'as qu'une phrase à prononcer. Tu es mon ami et je te demande une faveur. Ce n’est pas grand chose.
- Carson, je sais que tu traverses une épreuve, la perte de ta mère est…
- ARRETE !

Son cri en surprit plus d’un. Le personnel médical et les visiteurs lui jetèrent des regards éloquents et pendant quelques secondes, plus personne ne pipa mot dans les couloirs.
Carson ferma les yeux et se reprit, tandis que la foule reprenait doucement ses activités. Plus loin, Elisabeth affichait une mine particulièrement étonnée et inquiète. Jamais encore, elle n’avait vu Carson crier ni perdre son sang froid au cours d'une discussion. Que se passait-il donc ?

- Je n’ai pas besoin de tes paroles de réconfort Francis, seulement d’un renseignement, ajouta Carson plus calmement. Si tu ne me le donnes pas, je trouverai quelqu’un d’autre qui acceptera de me donner ce que je cherche, mais j’aimerai autant que ce soit toi qui me le dise.
- Je ne crois pas que tu sois en état.
- Bien sûr que si ! Je ne vais pas lui sauter à la gorge, j’ai juste besoin de le voir, besoin de lui parler… Est ce que tu peux comprendre ça ?! demanda-t-il d'une voix douloureuse.

Francis dévisagea son ami et sut qu’il ne pouvait plus lui refuser. Il lui faisait confiance et si Carson ressentait le besoin de se confronter à cet homme, il n'était pas en son pouvoir de l'en empêcher. Il eut un soupir d’abdication et Carson comprit qu’il avait remporté la victoire.

- J’accepte. Par contre, je te laisserai pas y aller seul. Je finis juste ce que j'ai à faire et on se retrouve devant la porte dans quelques minutes.
- D’accord. Quelle chambre ?
- Il est dans la partie ouest de l’hôpital, il n’a été que peu blessé, mais nous avons préféré le garder en observation quelques jours. Chambre 52.
- Merci Francis.

Elisabeth vit alors Carson prendre la direction des ascenseurs. Aussitôt, elle se leva et se précipita vers le Dc Gernish pour obtenir des explications.

- Docteur ? Que se passe-t-il ? Où va-t-il ?
- Il ne vous l’a pas dit ? demanda-t-il surpris
- Non ! Je ne comprends pas, il m’a dit de rester là...
- Je ne sais pas si c’est à moi de vous le dire…, fit-il en se grattant la tête, gêné. Mais au point où j'en suis… Je lui ai dit où se trouvait le conducteur qui a renversé Mme Beckett.

Elisabeth ouvrit les yeux de stupéfaction.

- Pourquoi avoir fait ça ?
- Je ne pouvais pas lui refuser… Peut-être que cette rencontre sera bénéfique, elle permettra peut-être à Carson de se sentir moins coupable... Je le connais, je sais qu'il se sent responsable et je n'ai pas eu le coeur à lui refuser sa demande.
- Le voir ne changera rien à sa culpabilité ! Rien de bon ne peut sortir de cette rencontre, vous devriez le savoir !
- C’est son choix, répondit simplement le médecin. Il est adulte et il a su me convaincre. Ecoutez Dc Weir, je lui ai demandé de m'attendre devant la chambre. Il n'y va pas seul, je serais là ou tout du moins dans les environs.
- Je ne vois pas ce que ça change !
- Hé bien, si jamais ça tourne mal, je serai là pour intervenir !
- Vous pensez qu'il...qu'il pourrait en venir aux mains ? demanda-t-elle d'une voix angoisée
- Je ne crois pas... Mais on ne sait jamais...

Devant le regard horrifié d'Elisabeth, il ajouta.

- Vous pouvez m’accompagner si vous le souhaitez…
- Oui, je vais venir avec vous, acquiesça-t-elle décidée.
- A une condition !
- Laquelle ?
- Il ne vous a pas prévenu, parce qu'il savait que vous lui empêcheriez d'agir. Alors, une fois sur place, n'essayez pas de le dissuader d'entrer... Laissez le faire. Il le faut.

Bien qu'il était difficile pour Elisabeth d'adhérer à une telle offre, elle accepta tacitement. Elle aurait aimé protéger Carson, mais si c'était sa décision, elle se devait de la respecter.

Le Dc Gernish termina de délivrer ses papiers à la secrétaire avant d'inviter Elisabeth à le suivre d'un signe de la main, vers une tout autre chambre d'hôpital où reposait un homme responsable d'un homicide.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptySam 24 Nov 2007 - 19:26

Voilà la suite !!^^

Le Dc Gernish et Elisabeth trouvèrent Carson, appuyé contre un mur, non loin de la chambre 52. Il avait ses mains enfouis dans les poches de son jean beige, dans une attitude de nonchalance qui ne convenait guère à la situation.

Les talons d’Elisabeth martelèrent le sol attirant l’attention de l'écossais. Lorsqu’il la reconnut, sa bouche s’anima pour parler, mais les mots ne semblant pas vouloir venir, il préféra détourner les yeux. Il savait qu’elle voudrait le faire renoncer, c’est pourquoi il ne souhaitait pas être confronter plus longuement à son regard émeraude et déstabilisant.

- C’est bon, je peux y aller Francis ? demanda-t-il, sur un ton légèrement sarcastique.

Il n’aimait pas l’idée d’être chapeauté comme un enfant. Il était adulte et maître de ses actes, même si au fond de lui, il ne savait pas vraiment quelle réaction il pourrait avoir une fois face à cet homme. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il devait y aller, pour ne pas le regretter.

- Oui…Vas-y. On t’attend.

Carson s’écarta du mur. Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre la chambre, Elisabeth le héla. Il s’arrêta sans pour autant se retourner.

- Carson…
- Je ne vous demande pas d’approuver Elisabeth, murmura-t-il, presque suppliant.
- Courage, souffla-t-elle, simplement.

Il fut surpris. Elle était contre, il le savait ; mais malgré son opinion, elle lui apportait son soutien. Il sentit un élan de gratitude l’envahir. Il faudrait sincèrement qu’il pense à la remercier pour tout ce qu’elle avait fait pour lui… Elle était une femme hors du commun et elle venait de lui en apporter la preuve une nouvelle fois.
Comme un début de récompense, il se retourna et lui adressa un maigre sourire avant de reprendre sa route.

Voyant Carson s’arrêter à nouveau, Elisabeth s'approcha et réalisa alors pour la première fois qu’une tierce personne était présente. Un policier pour être précis, posté devant la porte.
C’était normal étant donné les circonstances de l’accident. Mais cette vision prouva à Elisabeth qu’il n’y avait pas que la famille Beckett qui serait touchée par ce drame…

- J’aimerai entrer, s’il vous plaît, lui demanda Carson.

Le policier s’attarda sur un point au dessus de l’épaule de Carson, et Elisabeth comprit qu’il attendait le feu vert du médecin. Francis lui adressa un signe de tête confirmatif, et le policier s’écarta pour laisser passer Carson.

- Allez-y.
- Merci.

Carson entra et referma la porte bleue, laissant les occupants du couloir dans une situation hermétique par rapport à la discussion qui allait avoir lieu.

~~~~

Carson s’invita dans la chambre et s’arrêta au pied du lit du patient.

Inspirant profondément, il releva la tête, faisant ainsi face à l'homme à l'origine de tout.
Il le scruta, dévisageant enfin les traits de celui qui l’avait rendu orphelin. C’était un jeune homme, brun, d’une trentaine d’années environ. Il avait quelques pansements de ci de là, mais rien de bien méchant comparé aux blessures mortelles de Margaret…

Etrangement, le coupable n’avait pas parlé lorsqu’il avait vu entrer Carson. Il semblait attendre un signe de la part de l’intrus qui venait troubler son repos. Une tension palpable régnait dans la pièce, et ne pas en connaître la raison, le mettait mal à l’aise.

- Bonjour, lança finalement Carson, d’un ton poli.
- Bonjour, répondit le jeune homme.

Carson attrapa sa fiche médicale qui était accroché sur la rambarde du lit et mis un nom sur ce visage jusqu’alors inconnu.

- Peter Banks… C’est vous…
- Oui…Et qui êtes vous ? osa-t-il demander
- Je m’appelle Carson, Carson Beckett…

Devant l’absence de réaction du patient, Beckett réalisa qu’il ne savait pas qui il était. Comment l’aurait-il su ? pensa-t-il amèrement.
Le changement de ton de sa voix prouva que la discussion allait prendre un autre tournant que le simple échange de civilités.

- Bien sûr, suis-je bête, vous ne connaissiez pas son nom… Vous étiez trop ivre…Et puis pour vous, elle n’était qu’une anonyme et rien de plus. Une vieille femme parmi tant d’autres…
- De qui…Qui parlez vous ? hésita Peter, bien qu’il connaissait déjà la réponse.
- De qui je parle ? Je vous parle de Margaret Beckett, cette femme que vous avez renversé… Cette femme que vous avez…tué… Ma mère…lâcha-t-il finalement, en tentant de maîtriser sa colère et sa peine.

Les yeux bleus aciers transpercèrent Peter aussi fortement qu’une lame glacée. La couleur déserta ses traits lorsqu’il prit réellement conscience de ce qu’il avait fait. De ce que son acte irréfléchi avait fait…

Carson comprit que personne n’avait dû lui annoncer le décès de sa mère au cours de la nuit. Le statut de Peter venait de changer…

Le silence s’installa, dura… faisant se succéder de nombreux anges dans la pièce.

Depuis que sa mère avait rendu son dernier souffle, Carson avait souhaité entrer dans cette pièce, se confronter à cet homme. Voir le visage de celui qui avait changé sa vie à jamais.

Seulement, maintenant qu’il était là… Que chacun d’eux connaissait l’identité de l’autre... Les mots lui manquaient… Il aurait voulu hurler, pleurer, accabler cet homme…Le frapper même…Il aurait pu lui balancer tous ses torts à la figure...Il aurait pu, si Carson en avait eu la force.
Seulement, maintenant…Il n’avait plus envie de rien. Ils s'étaient rencontrés, Carson lui avait dit qui il était, il lui y avait appris ce qu'il avait fait. Tout était fini. Il n'y avait rien d'autre à ajouter.
Son seul souhait était désormais de sortir d'ici, pour ne jamais recroiser la route de cet homme.

Il observa cependant une nouvelle fois le jeune homme et il fut ébranlé de lire de la culpabilité dans ses yeux. A quoi bon ? A quoi servait-elle, une fois que le mal était fait ? Aucun retour en arrière n’était possible. S'attendait-il à quelque chose de sa part ?

Il n’avait pas envie de l’excuser, pas envie de lui pardonner.

Pourtant sa propre situation lui rappela celles qu’il avait connues lorsqu’il était de l’autre côté de la barrière… Quand il était le médecin et non la victime.
Il avait souvent tenter de soulager la douleur d’une famille, pendant qu’il tentait d’un autre côté d’apaiser un minimum la culpabilité d’un coupable ou au contraire lui faire comprendre la gravité de ses actes…

Il avait toujours su trouver les mots et apporter du soutien aux deux parties. Il ne s'était jamais permis de juger.
Malheureusement, une fois qu'on se trouve être la victime, il est parfois difficile d'être impartial.

Malgré tout, les pensées qu’il venait d’avoir firent remonter à la surface son calme, sa bienveillance, son équité…Toutes les qualités qui faisaient de lui le Dc Beckett.

Il avait vu le coupable, il le connaissait, et c’était tout ce qu’il avait besoin de savoir. Il ne voulait pas d’explications.

Il avait suivi sa conscience en venant jusqu’ici et elle lui intimait désormais de se retirer. Peter savait qu’il avait commis l’irréparable et qu’il était le responsable du déchirement d’une famille.
Il allait devoir se justifier devant un tribunal alors la chambre 56 ne devenait pas être le théâtre d’un autre procès…

Lentement, Carson fit marche arrière pour quitter la pièce…

- Je suis désolé…

Carson ferma les yeux en déglutissant difficilement. Ces trois mots, il ne savait même pas s'il voulait les entendre ou non. Ils avaient été prononcés, c'est tout. Il appuya sa main le long du mur alors qu’une larme s’écoulait le long de sa joue. Il ne pouvait pas toutes les arrêter...
Il l’effaça de sa main libre et se tourna une dernière fois vers Peter Banks…

- Moi aussi…, murmura-t-il d’une voix à peine audible. Moi aussi

~~


La porte bleue de la chambre 52 se referma définitivement, comme un compartiment secret fermé à clé et qu’il ne faudrait jamais rouvrir.

Carson y resta un instant adosser, les yeux dans le vide. Son collègue et son amie, installés plus loin, finirent par le rejoindre.

- Ça va ? lui demanda Francis.

Il acquiesça de la tête, avant de retourna vers Elisabeth.

- J’aimerai rentrer chez moi, confia-t-il.
- D’accord, répondit-elle, en lui adressant un faible sourire.

Ce geste lui fit du bien. Il aimait la voir sourire. Surtout lorsque ce mouvement de ses lèvres n’était destiné qu’à lui. Dans ces moments, elle pouvait lui demander n’importe quoi…
Il lui tendit sa main et elle l’accepta sans hésitation. Il étreignit cette main douce et fine, puis se concentra sur son ami qui attendait à côté d’eux.

- Merci Francis, pour tout…
- De rien Carson. Si je peux faire quoi que ce soit d’autre, fais moi signe.
- C’est gentil.
- A bientôt…

Il se serrèrent la main.

- Au revoir Elisabeth. Veillez bien sur lui.
- Ne vous inquiétez pas pour ça… le rassura-t-elle en lui serrant à son tour la main.

C’est ainsi que les deux amis, tel un couple, se mirent en marche. Elisabeth posa sa tête sur l’épaule de Carson et ensemble, ils
quittèrent l’hôpital qui les avait accueillis dans de biens tristes circonstances,
pour ne plus y revenir.

~~~~

Le taxi avait quitté les rues agitées et bruyantes de la capitale écossaise pour la campagne environnante, verdoyante et vallonnée.

Elisabeth, installée sur le côté gauche de la banquette arrière, scrutait le paysage. Pendant de longues heures, Carson et elle n’avaient connu que le décor de l’hôpital, ses chambres et ses malades, ses couloirs blanchâtres qui n’inspiraient que malaise et souffrance.
Elle était soulagée d’avoir quitté cet univers et de pouvoir visualiser un autre panorama.

La journée était brumeuse et grisâtre. De gros nuages, annonciateurs d’averses, remplissait le ciel, diminuant la force des rayons du soleil.

La route en ligne droite défila encore pendant quelques minutes jusqu’à un panneau indiquant un village : Gilmerton. Les habitations se firent alors plus régulières et quelques commerces de premières nécessités se dévoilèrent le long des rues relativement animées en cette fin de matinée. Les gens faisaient la queue pour récupérer leur pain alors qu’un regroupement avait lieu devant l’école, où la sortie des classes étaient imminente.

Le taxi continua sa route, passant devant un marchant de fruits et légumes. Seulement, la supérette n’attira pas l’attention d’Elisabeth. Au contraire.

Un peu plus loin, la vitrine d’un magasin était brisée et une banderole jaune délimitée la scène du casse. Des morceaux de verre jonchaient encore le sol et des traces de pneus particulièrement visibles lui révéla qu’une personne avait usé ses freins de manière brusque…Comme pour éviter un piéton…

Elisabeth plaqua une main sur sa bouche quand elle réalisa qu’elle venait de passer devant les lieux de l’accident qui avait coûté la vie à Mme Beckett.
Aussitôt, elle se tourna vers Carson, mais ce dernier regardait de son côté de la vitre. Peut-être n’avait-il rien vu ou alors, il avait fait semblant de se concentrer sur la ruelle opposée… Aucun changement dans son attitude ne permis à Elisabeth d’émettre une certitude. Elle s’abstint de lui demander si elle avait aperçu quelque chose, parce que si par chance, il n’avait rien vu, elle préférait qu’il reste dans l’ignorance pour éviter que ses images ne viennent le hanter encore plus.

Soudainement, Elisabeth sentit la voiture ralentir l’allure. Le taxi tourna à l’angle d’un pâté de maison pour s’aventurer dans une impasse du nom de Louis Pasteur.

Ils approchaient.

- Je me souviens…commença subitement Carson.

Elisabeth le contempla et vit un léger sourire flotter sur ses lèvres. Intriguée, elle l’écouta narrer un jour bien particulier.

- Lorsqu’on est venu emménager ici, mes parents et moi, j’avais sept ans. J’ai demandé à ma mère qui était ce monsieur Pasteur. J’avais toujours été un garçon très intrigué par ce qui m’entourait et je ne souhaitais pas habiter dans une rue portant le nom d’un homme sans savoir ce qu’il avait fait d’illustre. Elle m’a alors appris qu’il s’agissait d’un médecin très célèbre qui avait inventé le vaccin contre la rage. Elle m’a raconté toute l’histoire…Elle la connaissait bien. C’est à partir de là que j’ai su ce que je voulais faire plus tard… Je voulais être médecin moi aussi... Pour pouvoir soigner les gens et trouver des remèdes…Cette plaque a guidé toute ma vie…

Il respira faiblement.

- Et cette maison a fait de moi l’homme que je suis…ajouta-t-il en indiquant d’un doigt une petite bâtisse.

Le taxi s’était arrêté depuis plusieurs minutes déjà, devant cette maison mais ni Elisabeth, ni le chauffeur – bien moins sympathique que Tim – n’avait osé l’interrompre.

Les souvenirs, la nostalgie avait commencé à se raviver dans le cœur de Carson, et pénétrer dans sa maison d’enfance sans sa mère, ne feraient que les accroître.

Les deux atlantes descendirent de la voiture. Carson fouilla dans un petit sac qui contenait les affaires de sa Maman et qui avait pu être récupérer après l'accident.
Il trouva la paire de clés qu’il cherchait et inséra la plus fine des deux dans la serrure du portail. Sa mère avait toujours détesté partir de chez elle en laissant la moindre chose ouverte.

La clé tourna et le portillon en fer forgé s’ouvrit dévoilant l’allée du 21, impasse Louis Pasteur.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyLun 3 Déc 2007 - 17:59

Bon, c'est plus le début de la nouvelle semaine que la fin de la semaine dernière, mais la voilà, rien que pour toi Fly !!^^



Carson se tenait debout dans l’entrée, aux côtés d’Elisabeth. Il déposa leurs bagages contre le mur, juste en dessous d’une photo de famille qui remontait à quelques années, à une époque où son père était encore vivant…Et où sa mère l’était aussi.

Voir surgir aussi sournoisement devant lui, le souvenir de ce merveilleux week-end lui donna presque la nausée. Il était le seul survivant de ces instants magiques, condamnant ce bout de papier coloré et sa mémoire à être les derniers témoins de cette journée riche en évènements.
Il sentit monter en lui une envie de destruction. Il aurait aimer déchirer cette photographie, la brûler, la faire disparaitre pour toujours, pour ne plus avoir à contempler les sourires qu’il ne reverrait jamais se former sur les lèvres de ses parents. Mais, malgré ce désir, il ne pouvait s’y résoudre, parce que même si c’était douloureux, cette photographie prouvait qu’un jour ils avaient été heureux ensemble. Et ça, il ne devait l’oublier sous aucun prétexte, pour ne pas que les regrets se substituent à ces instants de bonheur.

Prenant une profonde inspiration, il commença à errer dans cette maison qu’il connaissait jusque dans ses moindres recoins. Il était venu rendre visite à sa mère il y avait de ça quelques mois déjà. Il passait rarement ses jours de congés seul dans son propre appartement. Voyant peu souvent sa mère, il profitait toujours des vacances pour passer le plus temps avec elle, l’aidant à entretenir la maison, bien trop grande pour une seule personne.

Pourtant son retour lui donnait l’impression de ne pas être venu depuis de longues années. Il avait le sentiment de redécouvrir entièrement cette maison, comme-ci fouler son sol faisait ressortir des volutes de souvenirs qui s’envolaient des murs, des meubles et des objets, pour venir recréer avec précision dans son esprit les images des jours passés.

~~

Elisabeth le suivait discrètement, découvrant par la même pour la première fois de sa vie, cette bâtisse chaleureuse qui avait vu grandir l’homme dont elle était tombée peu à peu amoureuse.
Elle se sentait bien entre ses murs. Elle sentait qu’elle avait sa place, comme-ci la maison elle même l’accueillait tel un membre de la famille et non une étrangère.

Ensemble et en silence, ils passèrent ainsi en revue les principales pièces du rez-de-chaussée, réalisant un instant de recueillement qu’ils se devaient d’accomplir.
Le salon, la cuisine, tout avait été laissé en l’état…attendant le retour d’une maitresse de maison qui ne reviendrait pas. Elle était partie en ville, comme n’importe quel jour, certaine de revenir dans son chez soi. Seulement la vie – ou la mort – en avait décidé autrement.

Sur la table de la salle à manger, où de nombreux repas de fêtes avaient été célébrés, jonchaient les restes du courrier de la veille. Des lettres ouvertes à la va vite, et le journal du matin déplié comme à l’accoutumée à la page « Jeux ». Un rituel quotidien que sa mère appréciait particulièrement.

Carson trouvait réellement étrange de se retrouver dans un tel environnement. L’espace donnait l’impression d’être figé et le médecin s’attendait presque à voir sa mère surgir de nul part, le sermonnant d’avoir amené une invitée surprise sans la prévenir. « La maison des Beckett se doit d’être un hôte exemplaire » lui répétait-elle inlassablement, parce que devoir
improviser au dernier moment la mettait continuellement hors d’elle.

A cette anecdote, il esquissa une moue pouvant s’apparenter à un sourire avant de prendre la direction de l’escalier en bois qui donnait sur l’ étage supérieur. Elisabeth s’empressa de le rejoindre.

~~

Les lattes grincèrent quelque peu sous leur poids, mais insuffisamment pour les en inquiéter ; l’escalier en avait vu d’autres…Les dégringolades sur les fesses d’un petit garçon trop vif ; les glissades en chaussette d’un enfant tête en l’air ayant encore oublié ses pantoufles ; les descentes à vitesse grand V d’un adolescent en retard à son premier rendez-vous…
Oui, cet escalier en avait vu d’autre, tout comme la maison d’ailleurs, témoins subtiles d’une vie de famille trépidante et aimante.

Arrivée à l’étage où une fenêtre éclairait agréablement le couloir, quatre portes ouvertes se dévoilèrent à la vue d’Elisabeth.

-Il y a 3 chambres et une salle de bains, l’informa Carson, en répondant ainsi à sa question silencieuse. J’installerai la chambre d’amis pour vous tout à l’heure.
-D’accord, rien ne presse de toute façon.
-Vous voulez voir ma chambre ? Je n’ai pas envie d’entrer dans celle de ma mère pour le moment…
-Bien sûr.

Ils passèrent inévitablement devant celle de Mme Beckett, et Elisabeth vit clairement Carson détourner le regard. Encore quelques pas et ils parvinrent au seuil de la dernière chambre, permettant à Elisabeth d’entrer dans ce qui ressemblait à une sympathique chambre étudiante.

-Je n’ai jamais réaménager ma chambre depuis que j’ai quitté le nid familial, expliqua Carson.
-Je vois…Ça explique les posters de films, les livres de cours…commenta Elisabeth en souriant.
-Oui. Je ne voyais pas l’intérêt de faire ici la réplique de mon appartement et puis l’ambiance me rappelle l’époque où j’étais jeune !
-Merci !

Carson lui jeta un regard étonné.

-Nous avons le même âge je vous le rappelle ! lui expliqua mi vexée, mi amusée.
-Oh… Non, je ne voulais pas dire ça… Enfin si, mais…

Elisabeth lui lança un regard suggestif.

-Je m’enfonce, c’est ça ? demanda Carson, amusé à son tour.
-On peut dire ça, pouffa Elisabeth, heureuse de voir le visage de Carson un tantinet plus détendu.
-Alors je reprends, vous n’êtes pas vieille Elisabeth, au contraire. C’était juste une façon de parler ! Surtout qu’entre nous, même si vous n’avez plus 20 ans, vous n’en êtes pas moins resplendissante…
-Merci… Vous vous êtes bien rattrapé, ajouta-t-elle bien dans l’espoir de dissimuler le trouble dû par son audace.

Ses yeux bleus la transperçaient de part en part, et l’entendre dire qu’il la trouvait belle, avait accéléré son cœur de plusieurs battements, l’obligeant à détourner son regard pour se calmer.
Malgré tout, Elisabeth se surprit à vouloir s’approcher de lui pour essayer de lui faire comprendre que son point de vue avait énormément de valeur à ses yeux et qu’elle voulait qu’il lui murmure de telles paroles au creux de son oreille pour le restant de sa vie.
Sa propre intrépidité l’étonna, car elle se savait peu courageuse lorsqu’il s’agissait de dévoiler ses sentiments, préférant attendre le premier pas d’un homme qui ne venait que trop rarement. Aujourd’hui, elle aurait aimé tenter ce coup de poker, surtout que son intuition lui dictait que Carson avait autre chose à ajouter…
Malheureusement, même si la chambre se prêtait volontiers à une telle déclaration, ils n’étaient pas deux étudiants insouciants et impulsifs. Juste deux adultes, deux amis qui venaient de voir la mort frappée une énième fois ce monde.


Un bâillement sonore indiqua à Elisabeth que Carson était épuisé. Sa volonté de fer ne pouvait pas cacher tous les signes d’une fatigue bien présente.

-Vous devriez aller dormir, vous n’avez pratiquement pas fermé l’œil depuis deux jours…
-Ça va aller…J’ai encore beaucoup de choses à faire…L’enterrement à organiser, le notaire…
-Justement, profitez de ce moment d’accalmie, vous en avez plus que besoin. Il est à peine 9 heures, vous pouvez très bien vous reposer jusqu’au repas du midi. Je vous appellerai…
-Et vous ? demanda-t-il en se passant une main sur le visage dans un vain espoir de raviver ses traits.
-Ne vous inquiétez pas pour moi. Je n’ai pas d’énormes cernes sous les yeux contrairement à vous… J’ai pu somnoler à l’hôpital alors je tiendrai le coup…

Sans qu’il l’ait prémédité, Carson s’approcha doucement d’elle et tendit sa main afin qu’elle rencontre la joue de son amie. Son pouce effleura le contour de ses yeux, tandis que le ventre d’Elisabeth se nouait agréablement sous cette caresse imprévue.

-Si, je m’inquiète, souffla-t-il.

Il était si proche qu’Elisabeth dut rassembler toutes ces forces pour ne pas se jeter à la rencontre de ces lèvres envoûtantes.

- Vous aussi, vous avez veillé ma mère et même si vous paraissez moins fatiguée, vous l’êtes tout autant que moi… Alors puisque vous tenez tant à ce que je me repose, j’accepte à la condition que vous le fassiez aussi. Il ne servirait à rien que vous restiez éveillée toute seule…Venez…

N’attendant pas de réponse de sa part, Carson attrapa la main d’Elisabeth et l’attira en direction du lit. Elle se laissa faire, inconsciente de ses mouvements et de ses gestes. Elle n’avait pas la force – ni l’envie – de lui résister.
Le contact de l’oreiller froid sur sa joue apaisa son léger mal de tête qui lui martelait les tempes et Elisabeth s’autorisa à laisser un soupir discret s’échapper de ses lèvres. Carson lui sourit faiblement, conscient qu’elle devait trouver agréable de pouvoir s’allonger enfin. C’était le cas, même si le fait de s’imaginer dans le lit de Carson n’était pas totalement indifférent à son soupir de contentement.
Carson remonta une couverture pour lui couvrir les épaules et s’installa à son tour sur son flan. Face à lui, Elisabeth s’endormit la première, emportant dans son rêve le fantôme de deux prunelles bleues qui la couvait presque amoureusement…
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyVen 21 Déc 2007 - 20:46

Carson observait sa propre image qui lui était renvoyé par le miroir de sa chambre. Voyant que sa posture n’était pas parfaite, il se redressa et en profita même pour ajuster sa veste, effaçant ainsi les derniers plis.

Il détestait ce costume. Il avait cru pouvoir le faire disparaître en le rangeant au plus profond de sa penderie, avec toute la tristesse qu’il y avait enfermé à la mort de son père. Seulement, il avait fallu rouvrir cette porte oubliée et permettre à tous ses démon de resurgir. Déjà accablé par la perte de sa mère, dont l’enterrement proche lui obligeait à porter à nouveau ses vêtements, il devait en plus se remémorer ce jour d’octobre où son père les avait quittés.

Aujourd’hui, l’histoire se répétait de la plus horrible des façons. Il n’avait plus ses deux parents et Carson se sentait plus seul que jamais en l’absence de ses deux êtres aimants qui l’avaient aidé à grandir et à faire de lui un homme responsable et attentionné.

Pourtant, il a vu du monde ces deux derniers jours : le notaire s’était déplacé afin de régler définitivement la succession ; ses oncles et tantes, ainsi que ses cousins, venus du Sud de l’Ecosse, avaient pris le premier avion dès l’annonce de la triste nouvelle. Ils avaient dîner ensemble, hier soir, au cours d’un repas de famille que Carson n’avait jamais connu aussi morne. Elisabeth avait fait de son mieux pour créer une conversation et ses cousins, tout comme ses oncles avaient été plus ou moins réceptifs. Sa tante Madeleine en revanche n’avait pratiquement pas participé à la discussion, à l’image de son filleul. Pleurant un mère et une sœur, aucun des deux n’avait le cœur à faire semblant…

Le pire, c’était que bientôt la liste des convives se ferait plus longue encore lorsque Carson devrait rencontrer les voisins et amis de sa mère qui ferait sûrement le déplacement.
Un soupir s’échappa de ses lèvres alors qu’il entendait déjà les multitudes de politesse qu’il allait devoir supporter alors qu’il n’aspirait qu’à des instants de solitude dans la maison familiale.

La solitude… Ce n’était pas vraiment exact. Il y avait bien une personne dont il supportait et acceptait la présence… Elisabeth. Etre tous les deux, voilà ce qu’il souhaitait aujourd’hui.

Ces jours-ci, Elisabeth avait été formidable. Elle était formidable. Elle le soutenait sans aucune contre partie, alors qu’il était triste et taciturne. La jeune femme était un véritable ange gardien qui ne se laissait pas abattre malgré le manque de réceptivité de son protégé.
Sans le savoir, elle lui donnait de la force pour ne pas succomber. Il l’en remerciait, même si secrètement, il aurait aimé pouvoir laisser libre cours à son chagrin, tel un enfant. Mais n’en était-il pas un après tout ? Malgré la quarantaine qui approchait, il restait un orphelin. Aucun nouvel anniversaire ne pourrait changer ce statut acquis pour le restant de sa vie. Une réalité qu’il lui pesait lourdement sur le cœur et qui le rendait lugubre et silencieux. Il n’avait pas envie de parler, pas envie de se confier… S’il commençait, il avait peur de ne pas pouvoir s’arrêter et d’être incapable de supporter plus longtemps cette douleur lancinante. Elisabeth ne devait pas voir qu’il était faible, incapable de faire face à la perte de sa mère. Alors Carson mettait toute sa volonté pour garder la tête haute, bien que cela soit un combat rude et presque perdu d’avance. Il savait qu’il allait craquer… Il se savait sensible. Tout ce qu’il espérait, c’est de pouvoir le faire à l’abri du regard des autres, de son regard…

Malgré tout, lors des heures particulièrement sombres, il pensait à son amie, sa tendre Elisabeth qui supportait tous ces caprices. Dans ces moments où elle accaparait ses songes, il avait l’impression que des rayons de soleil réussissait à percer la noirceur qu’il l’entourait et l’étouffait.
Le réveil d’avant hier était un de ces souvenirs les plus chers depuis leur arrivée dans la maison. Alors qu’il n’avait réussi à somnoler que quelques heures, Elisabeth avait enfin trouvé du repos et il s’en réjouissait.
Carson n’avait pas eu le courage ni de se lever ni de la réveiller, alors il en avait profité pour détailler à loisir le visage endormi de la jeune femme. L’ironie du sort voulait que Carson ne soit même pas conscient que quelques jours plutôt, dans un avion, c’était Elisabeth elle-même qui s’était comportée ainsi avec lui… A croire qu’ils devaient apprendre mutuellement à profiter l’un de l’autre les yeux ouverts…

Sans réellement y penser, Carson avait commencer à jouer avec ses mèches, s’autorisant parfois à frôler sa joue ou son bras d’un toucher très aérien. Il ne voulait surtout pas qu’elle se réveille. Sinon comment aurait-il pu lui expliquer son comportement ?

Lui dire simplement qu’il la trouvait magnifique et désirable ? Qu’elle lui faisait tourner la tête depuis des mois ? Qu’il ne rêvait que de pouvoir ne serait-ce que frôler sa peau et embrasser ses lèvres ?

Le penser, le dire, avait toujours été simple... Agir était une autre paire de manches. Il avait failli le faire sur Atlantis, un soir, avant de se résigner… Trop tôt, toujours trop tôt. Il avait cru pouvoir attendre encore avant de tout lui avouer, pour être sûr de la réciprocité de leurs sentiments.
Seulement l’accident et le décès de sa mère étaient survenus, reléguant ses soucis d’adolescent à un rang bien inférieur.
Pourtant son envie de tout lui avouer restait présent, en sourdine, comme une musique de fond très agréable… Il avait besoin de son amour, mais il devait se contenter de son amitié. Comment tenter une approche avec Elisabeth, comment y consentir que alors sa mère venait de mourir ?

Elisabeth risquait de mal interpréter cette nouvelle attention et croire qu’il cherchait seulement un substitut… En plus de ça, il se sentait coupable d’avoir de tels sentiments. Même s’il savait que Margareth appréciait énormément Elisabeth, bien qu’elle ne l’est jamais rencontrée (Il faut dire que ses lettres étaient particulièrement explicites pour les yeux d’une mère ! ), il ne voulait pas trahir sa mémoire. Comment pouvait-on pleurer une mère et désirer en même temps une femme ?

Il ne put pousser plus en avant ses réflexions, une ombre se dessina derrière lui. La silhouette d’Elisabeth apparut aussitôt dans l’encadrement de la porte qu’il voyait grâce au reflet dans le miroir.

- Vous êtes prête ? demanda-t-il bien qu’il connaissait parfaitement la réponse.

Elle avait revêtu des habits noirs également…Un couple parfaitement assorti.

- Oui… Je vous attends en bas si vous le voulez…
- Pas la peine, je suis prêt… Autant qu’on puisse l’être...Alors allons-y.

Il la rejoignit et descendit, avec elle, au rez-de-chaussée. Ils s’habillèrent chaudement, glissant autour de leur cou et de leurs mains, des écharpes et des gants. L’hiver était rude en Ecosse, et cette année ne faisait pas exception à la régle.
Fin prêts, ils quittèrent la maison puis l’impasse Louis Pasteur à bord d’une voiture de location, direction le cimetière de la ville où Margareth Beckett allait pouvoir reposer en paix au côté de son défunt mari.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyMer 16 Jan 2008 - 17:19

Les convives quittaient l’un après l’autre l’Eglise, dans laquelle s’était déroulée une cérémonie simple et humble, pour suivre le cortège funéraire.

Elisabeth se leva à son tour, quittant le petit banc de bois pour se diriger vers une statue religieuse. Autour de celle-ci, de nombreux cierges allumés en mémoire de Margaret et d’autres disparus brûlaient doucement en dégageant une très faible lueur.

Il y avait bien longtemps que la dirigeante d’Atlantis n’avait pas foulé la nef. Pourtant, la mort rodait dans la cité antique et les victimes de la galaxie de Pégase ne se comptaient presque plus. Seulement, un tel édifice n’existait pas sur place et en dehors des cérémonies officielles, militaires ou civiles, des quelques phrases prononcées par les amis présents sur la cité, aucun hommage religieux n’était jamais célébré. C’était aux familles des victimes que revenaient ce moment de recueillement, bien loin du lieu qui leur avait pris cette personne chère à leur cœur.

Elisabeth se sentait mal à l’aise face à cette situation. Ne pas s’attarder davantage sur les morts de leurs coéquipiers donnait l’impression que leur décès était d’une banalité dérangeante. Or la mort n’était pas banale. Elle était triste, cruelle, mais pas sans conséquence. Presque habitués à perdre des hommes, les atlantes avaient fini par accepter le prix à payer. C’était impensable.
Une petite cérémonie sur Atlantis, une médaille délivrée sur Terre, voilà ce qu’il restait de ces hommes. Ce comportement ne rendait pas justice à la bravoure et au courage de ces aventuriers…Bien loin de là.

Face à cette statue, Elisabeth fit la promesse de palier à cette carence du mieux qu’elle le pouvait. Les pièces inutilisées ne manquaient pas sur Atlantis, l’une d’elles pouvait bien servir à honorer la mémoire de ces terriens morts pour la découverte et la liberté des peuples.

Attrapant son sac en bandoulière, Elisabeth chercha à l’intérieur pour récupérer son porte monnaie. Elle en ressortit des pièces qu’elle laissa tomber dans une urne de bois pour allumer une bougie. Sa lueur se rajouta aussitôt à celle de toutes les autres.

- Brille pour les disparus de Pégase…lui intima-t-elle.

Puis, récupérant à nouveau trois autres bougies, elle les retourna pour unir les mèches et enflammer celles qui étaient encore éteintes. Trois petits cierges se mirent alors à scintiller à leur tour : deux pour les parents de Beckett…Et un autre pour son propre père.

Elisabeth allait reposer la dernière bougie sur son socle quand une main surgit de nul part pour se poser sur la sienne. Sursautant de surprise, elle reconnut Carson qui était arrivé aussi silencieusement qu’une ombre à côté d’elle.

- Pardon, je pensais que vous m’aviez entendue. Vous permettez ?
- Bien sûr.

Elle lâcha la bougie qui atterrit dans les mains de Carson. Réitérant les mêmes gestes qu’Elisabeth, il alluma à son tour des petites lumières.
Ensemble, ils les regardèrent scintiller, se sentant plus proches de leurs parents disparus qu’ils ne l’avaient été depuis des années, des mois ou des jours...
L’émotion était intense ; à tel point qu’Elisabeth ne put retenir quelques larmes qui n’échappèrent pas à Carson.

- Elisabeth…
- Ce n’est rien, renifla-t-elle. Ça va aller…

Carson attrapa un mouchoir dans la poche de sa veste et le lui tendit. Il était en tissu et portait ses initiales, certainement brodé par sa mère lors d'une soirée calme.

- Tenez…
- Non gardez le…
- Je n’en aurais pas besoin Elisabeth… Je tiendrai le coup…
- Carson, écoutez, vous ne devriez pas garder…
- Si… Il le faut…trancha-t-il d’une voix tremblante.

Elle n’insista pas, même si elle savait qu’à un moment ou à un autre, Carson devrait faire face à la perte de sa mère. Il ne tiendrait pas éternellement, elle en avait parfaitement conscience. Mais par respect pour lui et pour son courage, elle n’alla pas plus loin.

- Je m’en veux de ne pas vous avoir dissuader de venir… murmura-t-il soudainement.
- Pourquoi ?
- Je vous fais revivre de douloureux moments…
- Non… Au contraire, ça me fait penser à lui, à eux. Même si c’est dur, c’est important de ne pas les oublier, et de toute façon, je ne vous aurais jamais laisser partir seul.

Il hocha la tête, sachant très bien qu’elle disait la vérité. Têtue comme elle l’était, elle aurait franchi la porte des étoiles coûte que coûte.

Se détournant de ce point de recueillement, ils finirent pas prendre la direction de la sortie pour assister à la mise en terre. Le froid mordant de l’hiver les saisit dès qu’ils franchirent le seuil de l’Eglise. Des connaissances de Mme Beckett s’étaient arrêtées sur le parvis pour discuter entre elles. Elles saluèrent Carson et lui présentèrent leurs condoléances, tandis qu’ils continuaient à avancer en direction de la famille Beckett qui les attendait un peu plus loin. Ses tantes et oncles commençaient d éjà à se répartir dans les différentes voitures qui les conduiraient au cimetière.

Carson s'approcha de la sienne. Il venait juste de poser la main sur la poignée de la porte du conducteur lorsque son prénom fut prononcé dans les airs. Le concerné se retourna et vit une jeune femme rousse se frayer un chemin pour l’atteindre. Les yeux chocolats et les traits fins, elle était ravissante, malgré la peine qu’elle dégageait.

- Maggy, murmura le médecin lorsqu’elle fut à sa hauteur.

Maggy Reyn embrassa Carson sur la joue avant de l’enlacer de ses bras frêles. Carson referma sa prise sur elle et la serra fort contre lui, puissant de la force dans cette embrassade pleine de souvenirs.

De l'autre côté de la voiture, Elisabeth observait la scène, ne voulant pas interrompre ce moment qui semblaient important pour eux. Elle tenta de se convaincre qu’elle n’était pas affectée par l’élan de la jeune femme et l’étreinte qu’elle partageait avec Carson. Un tel sentiment aurait été parfaitement ridicule. Pourtant, il fallait bien reconnaître que voir les deux amis se séparer la soulagea de sa jalousie...et de sa culpabilité. Elle aurait dû avoir l'initiative d'un tel geste envers Carson. Il en avait besoin, c'était évident et cette jeune inconnue venait de le lui prouver. A trop réfléchir, on oublie parfois que le plus important est d'agir.

Des sourires sincères s'échangèrent entre le médecin et la rouquine.

- Je suis contente de te voir, souffla l’écossais.
- Moi aussi, mais j’aurais aimé te revoir dans d’autres circonstances. Je suis désolée Carson, vraiment. J’aimais beaucoup ta mère, c’était une femme remarquable et pleine de vie.
- Oui, je sais que tu l’appréciais énormément et que c’était réciproque…Merci d’être venue.
- C’est normal.

Carson, n'oubliant pas le moins du monde la présence d’Elisabeth, s’empressa de présenter les deux jeunes femmes. Elisabeth apprit alors que Maggy était une amie de longue date de Carson ainsi que de la famille Beckett. Pourtant, son intuition féminine lui faisait soupçonner qu'un jour ou l'autre, il avait dû y avoir autre chose que de l'amitié dans leur regard.

- Enchantée Dc Weir.
- Moi de même, lui sourit Elisabeth.
- Je suis rassurée de voir que Carson à une connaissance qui l'accompagne pour cette journée. J'ai eu peur qu'il soit venu seul.
- Je ne l'aurai laissé seul pour rien au monde...
- Tant mieux.

Une certaine tension régnait entre les deux représentantes de la gente féminine qui tentaient de s'évaluer le plus poliment possible. Le silence qui devenait légèrement gênant fut effacé par Carson.

- Tu veux qu'on t'emmène Maggy ?
- Non, c'est gentil. J'ai ma propre voiture. Je repartirai directement, mes p'tites puces m'attendent chez la nourrice.
- Oh, d'accord. J'espère que toute ta famille bien
- ça va ! On est forme.
- C'est bon de le savoir... Bon, je ne voudrais pas paraître pressé mais je crois qu'il est tant de se mettre en route....
- Je te suis.

Chacun monta dans son propre véhicule et c'est en se suivant en file indienne que les proches de Margareth prirent le chemin du cimetière de Gilmerton pour lui faire un ultime adieu.

~~~~


Margareth Jospéhine Beckett
1936 - 2007



C'était fini.
Il n'y avait plus rien à dire, plus rien à faire. Plus de miracle à attendre. Carson avait traversé les allées bordées de sapin avec un poids sans cesse croissant sur ses épaules. Des dizaines et des dizaines de tombes blanches et grîsatres avaient accompagné son funeste chemin. Il n'avait rien senti d'autre à part cette même et continuelle douleur qui rendait ses pas et sa respiration sans cesse plus difficiles et insupportables.
Il avait presque éprouvé du soulagement lorsqu'il avait enfin rejoint le prêtre près de la tombe familiale où son père reposait déjà. Tout allait prendre bientôt fin et il pourrait alors tourner la page pour vivre dans un monde où sa mère n'était plus. Il le ferait pour elle avant tout, parce qu'il savait qu'elle n'aurait pas souhaité le voir perdre foi en la beauté de la vie.

Désormais, tout ce qui subsistait de ses parents était ces lettres d'or qui ornaient la pierre tombale et qu'il ne cessait de fixer depuis de longues minutes. Des mots, des souvenirs et de l'amour... Oui de l'amour. Contre lui, la mort ne pouvait rien. Ce sentiment subsistait encore et toujours et permettait au final de se remémorer avec joie des moments passés, sans rancoeur ni crainte.

Carson inspira une longue bouffée d'oxygène glacé. Droit et stoïque face à cette tombe, il ressentait non loin de lui la présence des dernières convives, et notamment celle d'Elisabeth et de Maggy dont les murmures se répandaient dans l'air. Des murmures auxquels s'ajoutèrent soudainement le frottement de chaussures sur le gravier. Une personne approchait et Carson la sentit bientôt tout près de lui.

La voix rauque d'un homme s'adressa bientôt à lui.

- Vous êtes Mr Beckett ?
- Oui... répondit prudemment Carson en se tournant vers l'intrus.

Il le dévisagea, cherchant dans sa mémoire si sa mère lui avait déja présenté cet homme...Mais rien de lui vint à l'esprit. Ni son nom, ni son visage.

- Vous connaissiez ma mère je suppose ?
- Non. Pas du tout. Mais je viens quand même vous présenter mes sincères condoléances.
- Merci... Mais puis-je savoir qui vous êtes ?
- Oui. Je m'appelle Evan, Evan Banks.

Il tendit sa main à Carson... qui ne la serra jamais. Ce nom était à proscrire, à ne plus jamais être prononcé devant lui, et pourtant cet homme venait de le faire en se présentant. Pire, il était membre de cette famille.
Devant l'absence de réaction du médecin, Evan continua.

- Je suis le frère aîné de Peter et je...
- Que venez-vous faire ici ? Le coupa durement Carson.

Evan déglutit difficilement. Il avait trouvé l'idée bonne de venir ici pour rencontrer l'homme qui souffrait de l'idiotie de son frère. Il en avait éprouvé le besoin, mais finalement, ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire.

- Je ne viens pas défendre mon frère si c'est ce que vous pensez... Seulement vous apportez ma sollicitude...
- Vraiment ? Et bien sachez que j'en ai pas besoin ! Ajouta-t-il en élevant la voix, attirant l'attention d'Elisabeth et de Maggy.

Sa présence était la goutte de trop, une goutte insupportable qui lui fit perdre ses derniers moyens dans lesquels il avait mis tant d'effort.

- Je n'ai pas besoin de votre sollicitude, ni de votre pitié ! Comment osez-vous venir ici ? A l'enterrement de ma mère ?
- Je...Je pensais...Je suis désolé...
- Désolé ? Et vous croyez que vos excuses me rendront ma mère ? Elle est morte, MORTE !
- Carson !

C'était Elisabeth. Elle accourait vers lui, Maggy sur ses talons, se demandant pourquoi diable Carson hurlait de la sorte en plein cimetière.

- Et par la FAUTE de votre frère ! continua-t-il sans s'intéresser davantage à l'interlude de la diplomate.

Carson s'approcha d'Evan et le pousser sans ménagement loin de la tombe de ses parents.

- Alors allez-vous en !!

Il allait réitérer son geste lorsqu'Elisabeth se plaça entre les deux hommes.

- Carson, calmez-vous !
- Que je me calme, jamais, dit-il les yeux brillants de larme. DEGAGEZ ! ajouta-t-il puissamment à l'intention du frère du coupable.
- Je ne voulais pas que ça se passe comme ça...
- Et bien moi aussi ! Mais maintenant c'est trop tard ! J'espère que le fantôme de ma mère étendue inconsciente le long du bolide de votre frère le hantera toute sa vie !
- Carson, maintenant ça suffit, le secoua Elisabeth, choquée par la rage qui brûlait dans les yeux du médecin d'Atlantis et par la violence de ses mots à l'encontre d'un inncocent.

Evan n'était en rien responsable. L'idée qui avait germé dans l'esprit d'Elisabeth à l'hôpital, celle où elle était désormais convaincue que deux familles étaient victimes de cette tragédie prenait toute son sens. Tentant de contenir au mieux Carson, Elisabeth fut soulagée de voir Maggy intervenir à son tour, pour éloigner d'office Evan Banks.

- Je devais le voir, ça me hantait de ne pas pouvoir le connaître...Je suis désolé, répéta-t-il lorsqu'ils furent tout deux eloignés.
- Moi aussi... Mais partez, ça vaut mieux pour tout le monde, lui dit Maggy.

Il hocha la tête et s'en fut, secoué par l'échange qui venait de se passer. Son frère était responsable de cette scène, de cette mort et cette affreuse réalité lui donna la nausée. Il monta sur sa moto, la démarra et disparut dans les brumes, le coeur chamboulé par un échange qu'il aurait souhaité tout autre.


De son côté, Elisabeth tentait toujours de calmer Carson, dans la respiration affolée montrait tout le panel d'émotion que cette malencontreuse rencontre avait crée en lui.

- Il est parti Carson, lui souffla-t-elle doucement en lui tenant les bras.

Les larmes commencèrent à couler et ce, de plus en plus abondamment sur les joues du médecin. Elisabeth approcha son pouce pour endiguer le flot menaçant mais Carson détourna la tête.

- Lâchez moi Elisabeth, lui demanda-t-il en scrutant sa main fine qui était refermée sur son avant bras.

Il se refusait à croiser ses prunelles émeraudes pleine de pitié et de déception.

- Non, je reste. Il ne reviendra plus...Je suis là...
- Je ne voulais pas de sa pitié Elisabeth et je veux encore mois de la vôtre, alors lâchez moi... S'il vous plait...
- Carson...Je n'ai pas...
- Lâche moi !

Carson se surprit lui même par la violence de son ton. Mais loin d'éprouver des remords, il fut soulagé de voir enfin Elisabeth lâcher prise. Estomaquée par ce tutoiement, elle lui rendit sa liberté et c'est sans plus attendre que Carson dévala la pente pour rejoindre sa voiture...

Le vrombissement du moteur était déjà loin lorsqu'Elisabeth prit conscience de la tournure des évenements, qui ne laissait que pour seul murmure la phrase de Carson, virevoltant encore et toujours entres les stèles de marbre.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyMer 30 Jan 2008 - 19:16

Bon, j'ai relu correctement la suite, j'espère qu'il n'y a pas de fautes (du moins pas trop^^).
J'en ai profité pour relire la suite précédente que j'ai corrigé également. Effectivement, il y avait pas mal de fautes d'orthographe et de frappe. Désolée.



« Lâche moi ». Il l'avait tutoyée.
« Lâche moi ». Il l'avait rejetée.


Elisabeth n'en revenait pas. Elle n'aurait jamais imaginé que le jour où cette barrière professionnelle disparaitrait, un grand sentiment de solitude l'envahirait.
Les mots de Carson, son regard fuyant... Elle n'y était pas préparée. Comme une enfant, elle avait imaginé cette scène, ce jour où ils passeraient ensemble à ce fameux « tu ». Pour certains, ce pronom personnel ne revêtait aucune importance, juste une syllabe insignifiante. Mais pas pour Elisabeth. Elle l'avait souhaité, elle l'avait désiré...Mais pas de cette façon...

Désemparée et même blessée, bien qu'elle ne le reconnaitrait jamais, elle serait tombée à genoux, dans l'herbe givrée par le froid pour laisser livre cours à toute sa déception, si sa dignité ne l'en avait pas empêchée. En plus, cela aurait été sans compter sur Maggy, qui, spectatrice de la scène, accourait déjà pour réagir aussi promptement qu'efficacement.

-Dc Weir... Il faut le retrouver. Ne pas le laisser seul...

Elisabeth regarda les traces qu'avait laissé le démarrage rapide sur le gravier avant de s'attarder sur la jeune femme.

- Il veut être seul. Vous l'avez entendu comme moi... Je le savais, je ne peux pas l'aider... De toute façon, il ne le veut pas...
- Bien sûr que si ! Et je suis sure qu'il ne pensait pas un traitre mot de ce qu'il disait. Enfin...

Elle se reprit.

- Si...Carson devait vouloir que vous le laissiez mais c'est quelqu'un de compliqué qui refuse toujours de reconnaitre que par moment, il peut avoir lui aussi besoin d'aide. Il a trop mal et c'est la première fois de ma vie que je le vois tenir autant le coup... Vous devez le savoir...
- Non, non je ne le sais pas... Il ne me laisse pas briser sa carapace. Mais si vous le connaissez si bien, vous n'avez qu'à partir à sa recherche, je suis certaine qu'il sera heureux de vous voir accourir ! s'emporta-t-elle.
- Elisabeth... Je peux vous appeler Elisabeth ?

La leader eut à peine le temps d'acquiescer que la jeune écossaise repartait déjà dans son explication.

- Il a tenu le coup jusque ici et il ne voulait pas que quelqu'un, et surtout pas vous, le voit malheureux et faible...Je crois que c'est bien le mot. Or il a besoin d'extérioriser tout ça au côté d'une personne en qui il peut avoir confiance. Vous comprenez ?

Bien sûr qu'elle comprenait. Elisabeth était certainement la première atlante qui refusait qu'une quelconque personne puisse voir en elle un seul signe de faiblesse. Parce qu'elle était un chef, une leader et parce qu'elle était une femme en qui des hommes devaient avoir confiance, et non un être qui ploierait devant ses collègues dès la première difficulté.
Mais pourtant, une chose la turlupinait...

- Pourquoi ?...Pourquoi « surtout moi » ? demanda-t-elle, incertaine.
- Parce que votre intuition ne vous a pas trompée...Parce que lorsque Carson pose ses yeux sur vous, je peux y lire le même regard, le même amour qu'il me portait durant les années où nous sommes sortis ensemble. C'est pour ça que je sais que Carson n'a besoin que d'une seule personne : vous.

Elisabeth porta la main sur le haut de sa poitrine, essayant d'assimiler les paroles de Maggy. Est ce que ça voulait dire...?
Elle n'eut pas le temps d'envisager la question, l'amie de Carson pris la charge de le faire pour elle.

- Il vous aime Elisabeth... Croyez-moi...Et mon petit doigt me dit que c'est réciproque, ajouta-t-elle d'un joli sourire. Alors venez avec moi.
- Je....

Elisabeth resta sans voix devant une telle révélation. Carson l'aimait-t-il vraiment ? Pourquoi ne lui avait-il pas dit ? Peut-être pour les mêmes raisons qu'elle, se dit-elle.

Elle était perdue. Comment pouvait-on aimer quelqu'un et le repousser ainsi, en refusant toute son aide ? Elle se passa les mains sur le visage, se frottant les yeux dans l'espoir d'y voir plus clair. Les nerfs à vifs, elle aurait aimé pouvoir crier pour se libérer de toutes ces interrogations et hésitations.

Se furent les mains de Maggy, se posant sur ses épaules, qui la reconnectèrent à la réalité.

- Elisabeth... Ne lui en voulez pas...Il était en colère et il avait mal... Ne lui en tenait pas rigueur.
- Je ne veux pas le rendre responsable, au contraire...C'est juste que... Je ne cherche qu'à le soutenir et il n'accepte pas. Même si je le retrouve, je ne pourrais rien faire... Il refusera...
- Pas cette fois Elisabeth, je vous le promets.... Laissez lui avoir la force de s'ouvrir à vous... Carson a toujours été apte à soigner la douleur des autres, mais il refuse toujours qu'on s'occupe de la sienne. Vous vous pourrez y arriver, j'en suis convaincue. Mais vous devez vous reprendre et venir avec moi.
- Je n'ai plus de voiture... et je ne sais pas où chercher.
- Moi si... Alors ne perdons pas une minute.

La détermination de Maggy encouragea Elisabeth à suivre son enthousiasme. Ensemble, elles le retrouveraient parce qu'elles l'aimaient assez pour braver sa volonté. D'un hochement de tête, elle lui fit comprendre qu'elle était prête à la suivre.
Elles prévinrent les cousins de Carson qu'elles partaient à sa recherche et s'empressèrent de monter dans la voiture personnelle de Maggy, en route vers l'endroit où le médecin avait pu trouver refuge.

~~

Elisabeth voulut passer à l'Eglise, mais l'ancienne conquête de Carson lui avoua que ce serait un détour en vain. Carson aurait recherché un lieu de solitude pour laisser libre à son chagrin. C'est pourquoi leur première destination serait la maison familiale de l'impasse Pasteur, là où elles auraient le plus de chance de le trouver. Roulant aussi prudemment que possible dans de telles circonstances d'énervement, elles arrivèrent en dizaine de minutes au lieu fixé.

- Je vous attends dans la voiture, informa Maggy

Elisabeth déboucla sa ceinture et s'échappa du véhicule. Ses talons martelèrent le sol de l'allée puis les marches menant à la porte d'entrée.
La main sur la poignée, elle tenta de calmer les battements accelérés de son cœur. Elle ne pouvait pas débarquer ainsi, essouflée et débraillée. Elle se morigéna au calme et finit par entrer dans la petite demeure, soudain étrangement impressionnante.

Elle parcourut le rez-de-chaussée en silence où aucun signe de Carson n'était visible. Ne perdant pas complètement courage, elle monta à l'étage.

- Carson ? Appela-t-elle. Carson... C'est Elisabeth.

Elle pénétra dans chacune des trois chambres, pour les trouver aussi vides les unes que les autres. Carson n'était pas là. Et apparemment, il n'était même pas passé par la maison.
Une sourde angoisse emplit Elisabeth. Où pouvait-il bien être passé ? Carson n'était pas le genre de personne à faire des gestes inconsidérés, mais l'inquiétude croissante d'Elisabeth ne lui permettait pas d'avoir une véritable certitude.

Elle redescendit les marches, le cœur emplit de désespoir. Elle ne connaissait pas la ville, elle ne connaissait pas les coins préférés de Carson... Il pouvait être n'importe où.

C'est dans un état d'impuissance absolue qu'elle rejoignit Maggy.

- Il n'est pas là. Bon sang, où-a-t-il pu bien aller Maggy ?
- Il y a beaucoup d'endroits où Carson a pu avoir envie de se retrouver. Mais par ce froid, je pencherai plutôt pour un endroit chaud. Avait-il pris les clés de son appartement avec lui ?
- Je ne sais pas...
- De toute façon, il a très bien pu passer en 4ème vitesse ici pour les récupérer. Allons au centre ville d'Edimbourg, je suis presque sure qu'il s'y trouve. Il n'a pas dû penser que je pourrais vous y amener.
- J'espère que vous avez raison, murmura Elisabeth, tandis que la voiture démarrait à nouveau, avalant les kilomètres qui les séparaient de la capitale.

~~


Une résidence de standing, située dans un endroit stratégique d'Edimbourg, accueillit Maggy et Elisabeth. C'était certes une vieille bâtisse mais ses charmes étaient incontestables, contrastant fortement avec l'ambiance futuriste que Carson pouvait connaitre sur Atlantis. Elle plut tout de suite à Elisabeth mais elle ne pouvait pas s'offrir le luxe de s'émerveiller devant cette façade et son quartier environnant.
Maggy attendait devant la porte principale dotée d'un digicode. Heureusement pour elles, un locataire des lieux venait tout juste de sortir, leur épargnant d'avoir à demander à un habitant d'ouvrir.
C'est dans un silence lourd de sens qu'elles gravirent les marches de l'étroit escalier les menant au 3ème étage. Elisabeth n'était pas spécialement claustrophobe, mais la pression qu'elle sentait peser sur ses épaules rendait chaque pans de murs menaçant. Elles avaient bien fait de ne pas utiliser l'ascenseur, ridiculement petit, qui avait été installé à l'intérieur du cercle de l'escalier, de nombreuses années après la construction du bâtiment.

C'est donc soulagée, qu'Elisabeth arriva au palier où le chiffre "3", écrit en lettre d'or, leur indiquait de s'arrêter.

Un couloir principal, doté de six portes, apparut devant elles, et Maggy se posta bientôt devant l'appartement 34, l'appartement de Carson.

- C'est ici, souffla Maggy. C'est à vous de jouer Elisabeth, lui sourit-elle amicalement.

Les mains d'Elisabeth attrapèrent fébrilement la poignée de la porte qui entama sa rotation avec le mouvement de son poignet. Comme elles l'avaient espéré, l'appartement n'était pas fermé à clé, signe que Carson était bien venu se réfugier ici.
Dès que la porte fut suffisamment ouverte pour laisser passer une personne, des sanglots parvinrent aux oreilles des deux jeunes femmes. Pas de doute, il était réellement là.
Un étrange sentiment mêlant soulagement et tristesse les assaillirent toutes deux. Elisabeth pouvait lire le reflet de sa propre émotion dans les yeux de Maggy. D'un maigre sourire, l'ancienne compagne de Carson serra faiblement la main d''Elisabeth, lui donnant un souffle de courage, avant de reculer et de disparaitre dans les étages inférieurs.

Seule, Elisabeth, le cœur serré par les sons qu'elle entendait, entra pour la première fois de sa vie au domicile de Carson.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyMer 20 Fév 2008 - 12:11

L'entrée était assez étroite mais Elisabeth ne s'y attarda que le temps de la traverser. Elle la mena jusqu'à un salon spacieux où son regard se fixa immédiatement sur Carson. Il était assis à même le sol, le dos s'appuyant sur son canapé de cuir noir. Sa tête enfouit dans ses mains, il tentait de se calmer. Sans succès.
Il venait d'accepter la mort de sa mère et toute la tension accumulée aux fils des jours s'échappait paisiblement de son corps.

Obnubilée par cette vision déchirante, Elisabeth buta dans la table basse rectangulaire, révélant sa présence à Carson qui releva la tête dans un sursaut. Une intense surprise se lut aussitôt sur son visage baigné par les larmes. Il n'aurait jamais cru qu'elle le retrouverai ici, dans son propre appartement. Il croyait avoir bien choisi son lieu, mais il n'aurait pas dû oublier qu'une Elisabeth déterminée arrivait toujours à ses fins.

Est-il soulagé de la voir ici ? D'une certaine manière oui. Cela prouvait qu'elle tenait vraiment à lui. Mais en aucun cas, il ne voulait voir dans ses yeux le même reflet qui avait brillé dans ceux d'Evan Banks.

Les deux atlantes se fixèrent intensément. Alors qu'Elisabeth crut qu'il allait parler, Carson détourna le regard, ne supportant plus le contact bouleversé de ses prunelles émeraudes. Il ne pouvait plus se cacher, il le savait ; c'est pourquoi il avait brisé ce lien visuel tentant une dernière fuite qu'il savait pourtant vaine.

Elisabeth se débarassa de ses effets, jouant de ses bras pour se débarasser de son encombrant manteau pour le jeter sur un pouffe. Elle s'approcha à pas de loups et s'agenouilla le long du côté gauche de Carson. Dans un geste fébrile, elle posa sa main sur la joue droite de Carson, l'invitant implicitement à se tourner vers elle. Il n'avait pas à avoir honte, en aucun cas.

Elle caressa sa peau, sentant au travers de ses doigts fins les pics d'une barbe naissante. Elle eut l'impression que Carson appuyait légèrement contre sa paume comme pour accentuer le contact de leur peau. Il avait besoin d'elle.

D'une voix sincère, Elisabeth le rassura.

- Jamais... Jamais je n'aurais pitié de toi Carson, crois moi.

Elle sut qu'elle avait trouvé les bons mots lorsqu'elle vit son visage face à elle. La détresse présente dans ses yeux bleus la chamboula de tout son être. Elle l'aimait, et le voir souffir ainsi la rongeait de l'intérieur.

- Je suis désolé... Je ne pensais pas ce que j'ai dit, confia-t-il
- Chut... Ce n'est rien...

D'un geste spontanné, elle le prit dans ses bras. Les mots qu'il avait prononcé au cimetière, la dureté de son ton étaient déjà oubliés.
Elle sentit les bras de Carson l'entourer avec force, acceptant sans retenue cette étreinte trop longtemps refoulée. Elle cala sa tête contre son épaule tandis que le menton de Carson reposait sur sa clavicule.

Les minutes s'écoulèrent ainsi, sans autre besoin. Mais bientôt, les premiers mots libérateurs furent pronconcés.

- Elle me manque, souffla-t-il d'une voix entrecoupée de sanglots incontrôlés.

Elisabeth ferma les yeux, heureuse qu'il fasse enfin face à ses sentiments. Elle l'avait retrouvé et elle savait que désormais elle pourrait l'aider. Cela avait déjà commencé.

- Je sais Carson, mais ça va aller maintenant, je te le promets.

De fines goutelettes s'écoulèrent progressivement le long de son cou. Submergée par l'émotion, Elisabeth ne tarda pas à joindre ses larmes aux siennes.


~~~~


Le soleil avait atteint le zénith, et pourtant, Elisabeth et Carson étaient toujours serrés l'un contre l'autre, refusant de cesser ce contact ô combien apaisant. Les larmes étaient taris depuis longtemps ; la douleur, bien que toujours présente, s'était adoucie. Il y avait du changement dans l'air, et c'était un changement bénéfique.

Carson commença à se détacher tout en continuant à laisser ses mains reposer sur les hanches de sa supérieure. Ils étaient proches l'un de l'autre, très proches. Leur souffle réciproque se repercutait sur l'autre comme une douce brise envoûtante. Leurs yeux ne se quittaient pas, aucunement gêné par cette absence de distance. Ils étaient biens, apaisés, et c'était ça l'important.

- Merci Elisabeth, murmura soudainement Carson.

Il éprouvait un flot d'émotion face à cette jeune femme brune qui, malgré tout ce qui lui avait dit, avait tout fait pour le retrouver et partager sa peine. D'autres auraient reculé devant son mutisme, mais pas elle. Il lui en serait infiniment reconnaissant.

Elisabeth lui délivra un sourire discret en guise de réponse. Ce petit sourire avec les lèvres pincées qu'il adorait, comme-ci elle se retenait de lui murmurer des mots tendres à l'oreille.

Enivrer par ses lèvres si fines et rosées, Carson se pencha déposant un baiser au coin de sa bouche.
Le coeur d'Elisabeth s'était accelérée lorsqu'elle l'avait vu réduire encore plus le faible espace qu'il restait entre eux. Elle était à la fois surprise et frustrée par ce geste. Elle ne s'y était pas attendu, mais elle aurait aimé qu'il fasse plus...
Elle aurait dû attendre avant d'éprouver de la déception parce que Carson s'était à peine reculer... Juste le temps de croiser à nouveau son regard avant de poser cette fois-ci ses lèvres sur celles d'Elisabeth.

Il réaffirma sa position sur ses hanches, l'attirant au plus près de lui. Aucun des deux ne bougeaient, il n'y avait que le simple contact de leurs lèvres attirées les unes vers les autres.

Carson recula le premier dans un doux bruit de baiser. Leurs regards claires, bien que teinté d'une légère ombre, s'évaluèrent une nouvelle fois. Ils s'étaient embrassés.

Etait-ce le bon moment ? Peut-être, peut-être pas. Tout ce qu'ils savaient c'est que ce simple touché leur manquait déjà. Leur réflexion était anesthésiée, seule subsistait ce vital désir à assouvir.

Elisabeth fit glisser sa main dans le cou de Carson, la remontant doucement dans ses cheveux courts. Un doux frisson, agréable et envoûtant, s'empara d'eux lorsque d'un commun accord ils se penchèrent l'un vers l'autre pour un véritable baiser.

Leurs lèvres se touchèrent encore et encore, glissant l'une sur l'autre avec tendresse.
Ce n'était pas un baiser hâtif. Ils voulaient profiter de chaque seconde que ce moment leur offrait. Elisabeth avait toujours rêvé d'un tel baiser. Sans précipitation, juste le goût des lèvres de son compagon à déguster doucement, telle une sucrerie indécente. La langue de Carson taquina bientôt à l'entrée de ses lèvres et Elisabeth accepta sans hésiter qu'elle rencontre la sienne.
Le baiser s'approfondit, leurs bouches se découvrant avec délice. Les mains de Carson irradiaient complétement les hanches d'Elisabeth. Ils 'accrochaient l'un à l'autre, inconscients de ce que leur étreinte impliquait. Pour le moment, c'était du bonheur et du plaisir qu'ils comptaient bien continuer à éprouver.

Carson fit remonter sa main en bifurquant vers la colonne vertébrale d'Elisabeth. Sans cesser de s'embrasser, les deux amis se retrouvèrent bientôt allongés sur le sol entre la table basse et le canapé.
Le baiser prit de l'intensité, les empêchant de s'attarder par des mots sur cette situation qui leur aurait semblés improbable quelques heures plutôt. Elisabeth écarta légèrement les jambes, permettant à Carson de se glisser plus confortablement entre elles. La main de l'écossais remonta le long du corps de la jeune femme : la hanche, le ventre, la poitrine. Carson arrêta bientôt de l'embrasser pour fondre sur sa joue, puis son oreille, avant de déposer une mutlitude de baisers dans son cou, au moment même où sa main englobait le sein droit d'Elisabeth, la contraignant à libérer son premier gémissement.

Leur peau n'était même pas encore en contact qu'il la rendait déjà folle. Elle l'aimait et elle avait envie de lui, c'était aussi simple que cela.
Désirant plus, c'est Elisabeth qui chercha la première à toucher plus que de simples vêtements. Ses mains placées à la cambrure des reins de Carson, elle les fit passer sous son pull noir, le remontant doucement.

Sentant les doigts de la jeune femme sur son corps, Carson perdit à son tour le contrôle. Il l'aida à enlever son pull et son t-shirt et c'est torse nu qu'il plaqua ses lèvres humides sur celles d'Elisabeth. Le baiser reprit de plus belle, langoureux et intense. Tout en s'appuyant sur un de ses bras, Carson d'attela à défaire le noeud du cache coeur d'Elisabeth. Les pans s'ouvrirent, et un chemisier blanc légèrement transparent apparut, dévoilant à la vue du médecin un soutien gorge des plus classiques qu'il rêvait déjà d'enlever.

Les boutons s'ouvrir un à un... et c'est en murmurant le prénom d'Elisabeth que Carson embrassa le haut de sa poitrine. Malheureusement, c'est en ayant à peine touché le fruit défendu que Carson se vit repousser par une Elisabeth qui commençait à retrouver ses esprits suite à l'entente de son prénom.

Elle ne voulait pas d'une telle première fois avec Carson. Elle ne voulait pas l'aider de cette façon. Il ne devait pas apaiser sa douleur en lui faisant l'amour le jour de l'enterrement de sa mère. Ce serait mal et immoral.
Elle ne ferait que profiter de sa faiblesse et Carson risquerait de lui en vouloir. Même s'ils en avaient apparement tous les deux envie, ce serait une erreur. Ils méritaient une journée bien plus belle que celle là.

- Carson, murmura-t-elle.

Seulement, le prénom n'arrêta pas le médecin, bien au contraire. Ses lèvres continuaient à embrasser sa peau toujours plus prês du tissu...Sa main gauche caressait suavement sa cuisse...Elisabeth dût mettre toute sa volonté pou repousser cet assaut charnel.

- Carson, non... S'il te plait.

Il stoppa net, et elle l'en remercia silencieusement. Un peu plus et elle n'aurait pas pu se refuser à lui.

Des yeux bleus aciers reflétant l'incompréhension la regardèrent. Elle avait commencé et voilà qu'elle arrêtait tout.

- Je suis désolée... Pas comme ça...

Elle bougea légèrement, mal à l'aise. Carson comprit le message et s'écarta d'elle, la laissant libre de tout mouvement. Il se leva et enfila immédiatement son t-shirt qui trainait sur le sol. Son refus semblait l'avoir marqué à vif. Il se passa une main dans les cheveux, réalisant à son tour, petit à petit, la portée de ces évenements. Qu'avait-il fait ?

Il se retourna vers elle, et Elisabeth le trouva réellement craquant lorsqu'elle le vit rougir. Après tout, elle était toujours allongée sur le sol de son salon, presque à moitié nue. Elle aurait du être gênée mais elle ne l'était pas. Parce que ce moment d'intimité prouvait que Maggy avait raison, ses sentiments étaient réciproques, sinon Carson ne se serait jamais autant laissé aller.

Pour autant, elle referma les boutons de son chemisier et attapa son pull noué que Carson lui tendait.

-Tenez... lui dit-elle.

Elle le fixa d'un air étonné.

- Je croyais qu'on avait dépassé le stade du tutoiement.
- Oui, peut-être, reconnut-il nerveux. Elisabeth...Je me suis laissé emporté, excuse moi... Je n'aurais pas dû me comporter ainsi avec toi...Seulement dans tes bras, j'ai eu l'impression de tout oublier...Je ne contrôlais plus rien, pardonne moi...

Le voir se sentir si coupable gêna beaucoup Elisabeth. Il croyait vraiment être le seul responsable de cette étreinte.

- Carson.... Ce n'est pas ta faute....
- Si...Je me suis servie de toi. Et puis, enfin, toi et moi, on est amis, ça aurait été une grossière erreur, la coupa-t-il sans prêter attention à ses dires
- Quoi ? S'étrangla-t-elle

Non. Il ne pouvait pas dire ça. Pas après le flot d'émotions que ses baisers avaient déversé en elle. Lui aussi avait apprécié, elle l'avait lu dans ses yeux.

- Tu ne penses pas ce que tu dis... Carson, si je t'ai repoussé, ce n'est pas parce que je n'en avais pas envie...
- Quoi ? s'écria-t-il à son tour.

Elle s'approcha de lui, bien décidé à lui ouvrir son coeur. Maintenant qu'elle avait goûté à ses lèvres, senti ses doigts frôlés sa peau, elle ne pourrait plus se passer de lui.

- J'en avais envie, répéta-t-elle timidement. J'ai des sentiments pour toi, Carson. De très forts sentiments.
- Elisabeth...

Il semblait réellement surpris...Mais également heureux. Une expression qu'Elisabeth n'avait pu apercevoir sur son visage depuis le jour où cette fameuse lettre était venu annoncer l'accident de sa mère.

- Je ne sais pas quoi dire...
- Rassure moi en me disant que Maggy avait bien raison et que tu éprouves quelque chose pour moi...
- Maggy ? s'étonna-t-il
- Oui, elle dit que tu me regardes de la même manière que lorsque tu étais en couple avec elle, est ce vrai ?

Carson caressa la pommette d'Elisabeth en souriant.

- Elle me connait trop bien... C'est vrai, je ressens beaucoup de choses pour toi, et ces choses vont bien au delà d'une simple amitié... Ce qui vient de se passer le prouve amplement.

A cet aveu, le coeur d'Elisabeth explosa en une multitude de papillons qui se répandirent dans son corps à la vitesse de l'éclair. Il éprouvait quelque chose pour elle. S'en était fini de ces instants de doutes.
Heureuse malgré cette triste matinée, Elisabeth joignit sa main à celle de Carson.

- J'ai cru ne pas t'avoir laissé le choix...s'expliqua-t-il.
- Bien sûr que non. Si je t'ai répoussé, c'est simplement parce que je ne voulais pas gâcher ce moment entre nous et surtout parce qu'aujourd'hui n'est pas un bon jour...Tu l'aurais fait pour de mauvaises raisons.
- C'est vrai, admit-il à contre coeur. En t'embrassant, tout était plus clair...Moins douloureux. Je ne pensais plus à ma mère, à sa mort...Seulement à toi...
- Je comprends
- Je n'aurais pas dû me servir de toi ainsi...
- Ce n'est rien... Et j'étais consentante si je me souviens bien.

Il lui adressa un faible sourire et Elisabeth se blottit contre lui.

- Je t'attendrai Carson. Mais avant tout, tu dois faire ton deuil.

Carson acquiesça avant de poser son menton sur sa tête, serrant fort contre lui la femme qui faisait battre son coeur.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyJeu 17 Avr 2008 - 11:09

Après 2 mois sans suite, en voici une toute fraîche^^, une double même^^


Le soleil matinal filtrait à travers la baie vitrée, inondant le salon d’une agréable lumière, qui chauffait légèrement la paire de jambes étendue sous le rayon. Vêtue d’un jean, Elisabeth profitait de cette belle journée d’hiver, assise dans le canapé, un livre à la main. Elle appréciait cette douce chaleur sur sa peau, alors qu’elle savait très bien que dehors, l'environnement glacial lui aurait vite fait perdre son enthousiasme.

Elle avait réussi à se passionner pour cette histoire où l’héroïne était une jeune femme pleine de tempérament… Mais sa passion s’était estompée au bout d’une petite demi-heure, rattrapée par les vicissitudes de la vie. Désormais, ses yeux parcouraient cette multitude de lignes sans y comprendre le sens, n’y éprouver un quelconque intérêt.
Soufflant de découragement, elle décida d'en finir avec cette lecture pour aujourd'hui. Elle prit son marque pages et le plaça en plein milieu d'un chapitre, chose qu'elle détestait tout particulièrement. Rien de pire que de couper l'élan d'une narration. Mais elle ne pouvait le finir, sous peine de devoir le relire entièrement pour en comprendre le sens. Elle referma la couverture cartonnée et posa l'ouvrage sur la table basse.

Aussitôt, sa mémoire l'assaillit d'images lui rappelant ce qui c'était passé des jours plutôt, juste entre ce canapé et cette table. Des baisers, des soupirs, des mains audacieuses...

Pendant ces minutes où elle avait basculé dans un monde où rien ne comptait à part la présence de Carson, elle s'était sentie pleinement heureuse et aimée. Un instant parfait. Dommage qu'aujourd'hui, seuls des souvenirs restaient de cet instant d'éphémère abandon.

Elle savait qu'elle avait pris la bonne décision en repoussant Carson. Néanmoins, elle ne s'était pas attendue à tout ce que devienne si compliqué par la suite.
Ce n'était plus pareil entre eux. La barrière qu'ils avaient détruite en franchissant le cape de l'amitié s'était muée en une gêne réciproque.
Carson l'évitait, inconsciemment ou non, mais il l'évitait de tout son ëtre ; à croire qu'il craignait de se brûler en la touchant. En même temps, il fallait dire qu'Elisabeth ne faisait rien non plus pour changer cette situation. Elle lui avait fait la promesse de l'attendre, et elle se devait de respecter ses dires, même si c'était chaque jour plus pesant de l'avoir si près d'elle et si inaccessible à la fois.

Aucun contact physique après une avalanche de sensations... C'était insupportable.

Elisabeth ne s'était pas attendue à ressentir un tel sentiment de manque, mais elle ne s'était pas non plus attendue à ce que Carson prenne à la lettre ses prescriptions. Tout ce qu'elle demandait, c'était un minimum d'attention. Qu'est ce qui l'empêchait de l'embrasser le matin lorsqu'ils se retrouvaient ensemble pour prendre le petit déjeuner ? Qu'est ce qui l'empêchait de caresser négligemment sa main lorsqu'ils étaient à proximité ?
Lui. Juste lui.

Pourtant, ils étaient adultes et capables de maîtriser leur pulsion.

- Enfin, s'il l'on en croit les derniers événements, ce n'est pas vraiment vrai, reconnut Elisabeth à voix haute.

Elle ne put empêcher un sourire de se former sur ses lèvres. La maîtrise de soi avait été bien inexistante la dernière fois.

Finalement, le comportement de Carson avait peut-être une bonne explication et qui n'avait rien avoir avec une absence de sentiments. Il devait avoir peur de perdre le contrôle une nouvelle fois, et si l'on en croyait les réactions d'Elisabeth, ce n'était pas elle qui le ramenerai à nouveau sur le chemin de la raison. Oui, il valait mieux qu'ils gardent leur distance... Pour le moment.

Sur cette pensée plutôt rassurante, Elisabeth se leva, rejoignant la chambre où elle avait élu domicile. En effet, après l'enterrement de Margareth et «l'incident du salon» comme elle aimait à l'appeler, Carson lui avait témoigné son désir de rester dans son appartement, en attendant leur retour sur Atlantis. Vivre dans la maison de sa défunte mère aurait été trop dur à supporter pour lui.
Elisabeth n'y avait vu aucun inconvénient, et c'était donc ensemble qu'ils étaient allés regrouper leurs affaires dans la modeste maison des Beckett.

En retournant à Edimbourg, Carson avait proposé de faire un sot chez Maggy pour la rassurer sur son état et pour lui dire merci. C'était le seul moment où Carson avait fait allusion à ce qui s'était passé entre eux, prouvant à Elisabeth qu'il n'avait pas été victime d'amnésie. Elisabeth avait acquiescé et le taxi les avait aussitôt conduits vers la demeure de la jeune femme.

L'étonnement passée de voir apparaître ce couple sur son perron, Maaggy les avait accueillis dans son salon, où deux petites filles se chamaillaient gentiment. Maggy les avait alors rappelées à l'ordre et les fillettes étaient venues dire bonjour à ses étrangers ; leur visage, tachetés de rousseur, emprunt d'une certaine timidité. L'aînée devait avoir dans les 8 ans et à la demande de sa mère, elle entraîna par la main sa jeune sœur à l'étage, afin de jouer calmement dans leur chambre.

Les adultes purent alors parler en toute liberté. Elisabeth avait été soulagée de voir que Maggy prenait leurs brefs remerciements avec beaucoup de réserve, sans poser une seule question sur ce qui avait pu se passer entre son ex et son amie, ou sur ce qu'ils comptaient faire. Elle avait craint de devoir aborder le sujet alors qu'avec Carson, ils n'avaient pas voulu prendre le temps de le faire. Heureusement, très perspicace, Maggy avait accueillie sans mot dire leurs paroles, sachant qu'une telle situation devait être difficile à gérer après un décès.

La discussion avait pris ensuite un tournant plus léger, jusqu'à ce qu'un baby phone se mette à répercuter les pleurs d'un enfant, faisant sursauter les deux invités.

- Le bébé dort plus Maman, cria alors la plus jeune des soeurs depuis l'étage.
- Je reviens tout de suite, sourit Maggy.

A peine quelques minutes plus tard, Maggy réapparut à nouveau, un nourrisson dans les bras.

- Je vous présente ma p'tite dernière, Alice.
- Je ne savais pas que tu avais eu un 3ème enfant, s'étonna Carson.
- Elle n'a que 5 mois... Mais ça fait longtemps que tu n'es pas revenu dans le coin.

Carson hocha la tête, réalisant le nombre de mois qu'il avait passé loin de sa Terre natale.

- Et encore une fille ? Fit remarquer Elisabeth.
- Oui, mon mari aurait bien aimé un p'tit gars, moi aussi d'ailleurs... Mais on ne choisit pas. De toute façon, ça n'aucune importance, je l'adore quand même, ajouta-t-elle en embrassant sa fille sur son front.

Dans les bras de sa Maman, le bébé gazouillait, éberlué par tant de nouvelles têtes. Alice finit par manifester son mécontentement lorsque sa faim se fit particulièrement ressentir. Carson et Elisabeth décidèrent donc de laisser la petite famille au calme et se préparèrent à partir.

Maggy les remercia d'être passés. Elle n'avait plus d'inquiétudes à avoir pour Carson ; il était entre de bonnes mains.

Carson embrassa sa meilleure amie sur la joue.
- Je suis heureux pour toi, Maggy, lui avoua-t-il en désignant d'un regard sa dernière fille.
- Merci...

Maggy les salua une dernière fois avec une certaine émotion, sachant parfaitement que Carson ne réapparaitrait pas avant des mois.

Son métier était prenant et les circonstances de son exercice emprunt d'un grand mystère. Carson était une personne née pour accomplir de grandes choses, Maggy en avait été toujours convaincue.
Un destin qui les avait conduit à se séparer en bon terme. Leur couple fonctionnait, mais leurs aspirations personnelles étaient trop divergentes pour que leur histoire continue sur le long terme. Maggy rêvait d'une vie simple, auprès d'une famille, et Carson n'était pas vraiment de ce genre là. Une envie d'aventures le tenaillait, et Maggy n'avait pu se résoudre à le faire renoncer à son rêve, surtout lorsqu'il avait été reçu pour partir sur ce projet top secret.

Cette lettre confidentielle avait mis fin à leur couple.
Leur chemin s'était alors séparé et Maggy avait trouvé le bonheur dans les bras d'un autre. Malgré leur séparation, l'amitié qui les liait ne s'était jamais rompue malgré la distance, et plus aucune ambiguïté n'existait dans leur relation.
Lors de son premier retour, Maggy avait présenté son fiancé à Carson, et il avait très bien pris la nouvelle.La décision de se séparer avait été prise en commun, et ils n'avaient aucune raison de regretter le passé.
C'est pourquoi aujourd'hui, c'était à Maggy d'être heureuse pour lui. Carson pouvait compter sur Elisabeth. Elle était celle qui lui fallait. Elle était brillante, courageuse, passionnée. Autant de qualités que Maggy avait découvertes chez Carson.
Bien qu'elle ne la connaissait pas vraiment, Maggy savait au fond d'elle qu'ils partageaient une même vision professionnelle, un même désir d'accomplir des choses hors du commun. Elle savait depuis toujours qu'elle avait pris la bonne décision en ne demandant pas à Carson de sacrifier son rêve, ni en renonçant au sien. Aujourd'hui, elle en avait acquis une certitude. Pour rien au monde, elle n'aurait échangé son rôle de mère.

C'est donc depuis la fenêtre de sa cuisine que Maggy vit repartir le taxi qui emmena bien loin d'elle, son premier amour.

~~



(Suite juste après)
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyJeu 17 Avr 2008 - 11:12

(Suite précedente juste au dessus)

Elisabeth scrutait son plafond, allongée sur son canapé lit. Elle ne se souvenait même pas de s'être installée dessus, trop plongée dans sa mémoire à revivre les dernières 72h.
Il s'en était passé des choses durant cette semaine qui touchait bientôt à sa fin. L'avion, qui les ramènerait à Cheyenne moutain, s'envolerait demain dans la soirée. Rejoindre Atlantis allait leur faire drôle à tous les deux. Elle avait eu l'impression que le temps s'était mis en sommeil depuis qu'ils avaient débarqué. Un trop plein d'émotions qui leur avaient fait tourner la tête et qui avait rendu la cité ancienne bien inaccessible. Trop inaccessible. Atlantis commençait à manquer sa leader.

Revenir sur Terre était continuellement teinté d'appréhension. Atlantis leur ouvrait les portes d'une multitudes de civilisations, et traverser le stargate pour revenir dans son monde s'apparentait à un exil pour Elisabeth. Et plus le temps passait, plus s'éloigner d'Atlantis était difficile. Regagner la Terre était une réadaptation constante qu'elle prenait de moins en moins plaisir à vivre. Ce voyage-ci ne faisait pas exception, même si ce sentiment avait été plus faible à cause de la disparition de Margareth.
Atlantis représentait sa famille, son foyer. Les années s'y étaient écoulées sans qu'elle les voit passer, et Elisabeth ne se sentait pas encore prête à quitter la galaxie de Pégase qui lui avait offert le travail d'une vie. Elle sentait qu'il lui restait une multitude de choses à réaliser, et savoir qu'un avenir à deux se profilait sous le ciel lantien ne pouvait que la pousser à désirer ce retour.

Elisabeth sursauta en entendant la sonnerie d'entrée. Depuis combien était-elle, là, à rêvasser dans sur son lit ?
Elle se releva et s'empressa de quitter sa chambre, mais un bruit de serrure lui indiqua que Carson n'avait pas oublié ses clés. Elle ralentit l'allure et s'engouffra dans la cuisine qu'elle aurait dû occuper pour préparer le déjeuner.

- C'est moi !
- Oui, je suis dans la cuisine.
- Moi qui pensait rentrer et découvrir un repas digne de ce nom, je suis déçu.

Elisabeth se retourna, agréablement étonnée qu'il paraisse de si bonne humeur. Son départ de ce matin lui avait pourtant laisser un goût amer dans la bouche lorsqu'elle s'était rendue compte que Carson n'allait toujours pas mieux. Maussade, distant, elle avait d'ailleurs à peine eu le temps d'échanger quelques banalités avec lui. La douleur n'allait pas disparaître comme par magie, Elisabeth en était parfaitement consciente, mais elle aurait aimé au moins qu'il la combatte. Or il avait semblé s'y abandonner totalement. Par un heureux hasard, ça ne semblait plus être le cas.

- Je suis désolée... Je n'ai pas vu le temps passé. Je vais vite tenter de faire quelque chose de convenable.
- C'est pas grave... En plus, je ne crois pas que j'aurais la patience d'attendre. Ça te dit un restaurant ? proposa-t-il
- Un restaurant... Tu en as envie ?
- Ça fait des jours qu'on est cloitré dans cet appartement à grignoter plus qu'on ne mange vraiment. Je pense qu'on l'a mérité.
- Alors je suis partante, accepta-t-elle sans ambages.

Elisabeth s'approcha de l'embrasure de la porte et elle vit Carson s'écarter du passage. Il ne semblait toujours pas enclin à l'approcher de trop près. Mais peu importait. Carson semblait serein, l'opposé de ce matin, et rien ne pouvait entamer la joie qu'Elisabeth éprouvait de le voir ainsi.

Elle enfila ses bottines, prit son manteau et sortit en compagnie de Carson.


Le froid mordant la saisit alors qu'elle avait à peine mis un pied dehors. L'Ecosse était décidément fidèle à sa réputation. En plus, le vent s'était levé et il ramenait progressivement vers eux de gros nuages menaçants qui commençaient à obscurcir le ciel. Ils pourraient bientôt dire adieu au soleil réconfortant qui avait régné en ce début de journée.

Elisabeth serra davantage son écharpe au tour de son cou. Elle rejoignit Carson qui l'attendait déjà sur le trottoir et ils se mirent en marche. Ils arrivaient à proximité de l'emplacement des taxis lorsque Carson rompit le silence.

- Le restaurant n'est pas loin... J'y allais régulièrement à l'époque. Tu veux bien y aller à pied ou tu as trop froid ?
- Ça dépend de la distance... avoua Elisabeth, malgré tout touchée par sa sollicitude.
- Y en a pour 5 min.
- Je devrais survivre alors.

Il lui sourit et ils continuèrent d'un bon pas en direction du centre ville. Le quartier résidentiel disparut peu à peu pour laisser place à une ribambelle de vitrines.

Croyant regarder Carson à la dérobée, Elisabeth profita de cette petite escapade pour le détailler. Le rendez-vous de ce matin semblait avoir opéré un changement en lui. Un changement plus que bénéfique. Ses traits étaient moins tirés, et il semblait bien moins soucieux. Elle allait lui demander comment s'était déroulé l'entretien avec le notaire quand Carson la devança.

- Tu n'es pas discrète.
- Pardon ? Lui demanda Elisabeth, ne comprenant pas de quoi il parlait.
- Tu me dévisages ! Tu sais, c'est mal poli...la taquina-t-il
- Oui, désolée...C'est juste que je me demande... Comment ça s'est passé ce matin ?
- Bien, reconnut-il.
- Et tes oncles et tantes...ça allait ?
- Oui. Bien que mieux que moi si j'en crois leur réflexion... Il paraissait que j'avais une tête affreuse...Tu aurais pu me prévenir.
- Je... débuta Elisabeth sans réussir à trouver une réponse adéquate à cette accusation des plus surprenantes.

Décidément Carson était bien étrange.

- Je plaisante... ajouta-t-il d'un air malicieux. En tout cas, on a pu régler ensemble toute la succession. Le notaire nous a annoncé sans surprise que j'avais hérité de la maison. J'ai décidé de la garder pour le moment. Je n'ai pas le cœur de la vendre.
- C'est normal.
- La famille était d'accord avec moi. Ils préféraient aussi la conserver. Ça a d'ailleurs étonné le notaire. D'habitude, il y a toujours des dissensions entre les gratifiés, alors que nous, nous étions tous du même avis.
- C'est aussi bien ! Cela dit, apparemment, tout a été réglè assez vite, pourtant tu es resté plusieurs heures là-bas.
- Oui, mais il y avait pas mal de paperasseries à signer, et j'avais des documents me concernant à traiter.

Elle hocha la tête pour lui indiquer qu'elle comprenait. La maison lui appartenant, il avait dû trouver à son tour un donataire. C'était le genre de questions qu'il valait mieux traiter dès que possible, a fortiori lorsqu'on habitait à des années lumières de la Terre.

- Tu es tranquille au moins maintenant. Ta famille est repartie ? s'interrogea Elisabeth.
- Ils repartent demain matin aussi.
- La journée des grands retours... conclut-elle.

Elisabeth avait tenu à ne pas aller avec Carson. Elle considérait qu'une succession devait être régler en famille et qu'elle n'y aura pas eu sa place. Carson avait comprit son choix, même s'il avait reconnu que sa présence ne l'aurait pas dérangé.
Pourtant, une part d'Elisabeth aurait bien voulu y assister pour savoir par quel miracle Carson était revenu si ouvert. A défaut d'avoir été présente, elle se risqua à le questionner...

- Tu as changé...

Carson enfouit ses mains dans ses poches. Il semblait désormais près à entrer lui aussi dans le vif du sujet.

- Je sais...
- Et ça me fait plaisir de te voir comme ça, avoua-t-elle sincère.
- Je croyais que cette matinée allait être dur... commença-t-il. Dans un sens elle la était. Mais elle a surtout été bénéfique en fin de compte.

Ils bifurquèrent dans une rue piétonne au moment même où des première gouttes de pluie se firent sentir.

- J'ai l'impression qu'un poids a quitté mes épaules. Ces derniers jours font partie des plus durs de ma vie et j'ai l'impression de revivre un peu aujourd'hui.

Par ses paroles, Elisabeth se sentit également revivre à son tour. Elle les avait attendues, et n'aurait jamais espéré qu'elles viennent si vite.

- C'est comme-ci une page s'était tournée. Bien sûr, Maman me manque toujours atrocement, mais... La douleur est moins présente. C'est peut-être horrible de dire ça, mais je crois que je commence à m'habituer de l'avoir perdue.

L'émotion était perceptible dans sa voix. Doucement, Elisabeth passa son bras sous le sien, en signe de soutien. Il ne la rejeta pas.

- Et en partant, j'ai discuté avec ma tante. Elle me rappelle tellement Maman par certains côtés, j'ai presque eu l'impression de la revoir... Bref, elle a su trouver les mots justes. Elle m'a notamment dit, que Maman n'aurait pas voulu que je dépérisse ainsi, et c'était pourtant ce qui était en train d'arriver. C'est étrange, mais qu'elle me dise ça, m'a fait beaucoup de bien. Ma mère avait un tempérament assez volcanique...Tout le contraire de mon père et moi d'ailleurs, ajouta-t-il. Et lorsque ma tante m'a dit ça, je voyais presque ma mère en train de me rouspéter.

Il eut un rire nerveux.

- C'est dur, mais je le fais pour elle. Cette discussion m'a rappelé une phrase que ma mère m'a murmurée les yeux remplis de larmes, à la mort de mon père : «Vivre ne veut pas dire l'oublier».

Il renifla. Les larmes tentaient de franchir la barrière de ses paupières, mais il ne cèderait pas. Elisabeth en avait la certitude. Le temps des pleurs étaient résolus. Il arrivait à parler de sa mère alors que ce mot n'avait plus franchit ses lèvres depuis des jours. Le premier pas vers la guérison.

- Respecter cette phrase est le dernier cadeau que je puisse lui faire. Je vais vivre sans regret ni amertume. Pour elle.

Ils étaient arrivés devant l'enseigne du restaurant depuis un certain temps déjà, mais Elisabeth l'avait laissé continuer sa confession.

- C'est ce qu'elle aurait voulu, lui murmura-t-elle.

Elisabeth ne réalisa pas immédiatement que le froid s'était soudain dissipé. Une chaleur humaine enlaçait tout son corps, irradiant agréablement sa peau et son cœur. L'étreinte de Carson était tendre, emprunt d'un réel bonheur qui les émus tous les deux. Ils auraient pu rester dans cette position de longues minutes, si la pluie ne s'était pas faite si insistante sur leurs épaules.
Lorsque Carson s'écarta, elle crut qu'il allait l'entrainer à l'intérieur du restaurant. Mais sa réaction fut tout autre. Il prit le visage d'Elisabeth en coupe, réchauffant grâce à ses gants, les joues rougies d'Elisabeth et termina sa confidence.

- Vivre pour elle, signifie aussi t'aimer Elisabeth. Elle me disait toujours ô combien elle était impatiente de faire ta connaissance. Elle savait ce que j'éprouvais pour toi, et elle me poussait à chacune de ses lettres, à chacune de nos retrouvailles, à te dire ce que je ressentais. Elle refusait que je taise mes sentiments. L'ironie de la vie aura voulu que je me déclare après sa mort. Je ne peux rien y changer. Tout ce que peux faire, c'est agir comme elle l'aurait voulu...En t'ouvrant mon cœur. Je t'aime Elisabeth.
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MessageSujet: Re: 21, impasse Louis Pasteur [F]   21, impasse Louis Pasteur [F] EmptyMar 3 Juin 2008 - 12:14

Voilà l'ultime suite de cette fic !


Les mots ne purent franchir immédiatement la porte de ses lèvres. Elisabeth sut que cela importait peu. Carson pouvait sans aucun doute voir dans ses prunelles la joie que ses simples mots lui avaient procurée. Elle se blottit contre lui, le laissant l’encercler de ses bras. Définitivement, c’était le lieu qu’elle préférait.

La pluie s’était peu à peu muée en flocons ; la température avoisinait le zéro. Pourtant, sous cette grisaille, ils étaient biens. Les quelques passants les regardaient d’un air curieux et attendri, et une sorte de paix, que seule la neige peut apporter, inondait le quartier écossais. Chaque bruit semblait adouci, chaque respiration semblait sereine. Le tumulte de la ville avait rendu les armes face à cette météo apaisante.

Ecartant sa joue du torse de Carson, Elisabeth finit par relever la tête, quémandant Carson d’une requête qu’elle avait précieusement gardé pour un instant comme celui là.

- Embrasse-moi.

Carson s’exécuta. Le baiser était plus fantastique que le premier. La nouveauté avait disparu et leurs lèvres trouvèrent immédiatement leur propre rythme. En une unique fois, ils avaient appris à se connaître parfaitement.
S’embrasser leur avait manqué. Ces jours s’étaient apparentés à une véritable abstinence et pouvoir enfin répondre à leurs désirs était une bénédiction. Les souvenirs affluèrent en même temps, donnant à ce baiser un goût unique.
Quand il cessa, Carson et Elisabeth eurent l’impression que l’avenir s’étendait sous leurs pas. Ils s’étaient trouvés et rien ne pourraient les séparer.

- Je t’aime aussi Carson

Ses yeux bleus s’illuminèrent… Et une tendre pointe de malice s’éveilla.

- Quoi ? demanda Elisabeth
- Je le savais…
- Tu savais ? répéta-t-elle, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir.
- Que tu m’aimais…

Elisabeth le dévisagea, interloqué. Carson s’empressa de préciser.

- Enfin, je m’en doutais fortement. Et je suis heureux que mes soupçons se révèlent fondés. C’est même très agréable de te l’entendre dire.
- Mais comment ? Moi j’avais seulement espéré…

Il lui sourit d’une manière presque coquine.

- C’est tout simple en fait. Je connais très bien le Dc Weir et elle ne s’abandonne pas ainsi dans les bras d’un homme comme tu l’as fait, sans éprouver une once d’amour…

Elle se mit à rougir faiblement sous cette remarque, en se remémorant leur timide étreinte. Carson se pencha vers son oreille en lui murmurant :

- J’aimerai beaucoup que tu t’abandonnes à nouveau dans mes bras…

Le jeune femme rougit encore plus, et ne put s’empêcher de se mordre doucement les lèvres, sentant l’envie de mettre en pratique la parole de Carson.

- C’est un programme qui me tente aussi, reconnut-elle avec un sourire qui en disait long.
- Me voilà ravi
- Mais pour le moment, ajouta-t-elle en posant une main sur son torse, si on souhaite une table de libre, il serait grand temps qu’on franchisse l’entrée de ce restaurant, tu ne crois pas ?

Aussitôt, Carson sentit une légère frustration le gagner. Même s’il n’aurait jamais rien tenté ici, il devait bien reconnaître que cette discussion lui plaisait énormément. Ravie de son petit effet, Elisabeth lui sourit avec espièglerie. Déposant un dernier et long baiser sur ses lèvres, elle le conduisit vers la porte du restaurant, son ventre criant famine.

~~~~

La pliure de son pull n’était pas parfaite mais Elisabeth s’en contenterait. L’essentiel était que tout tienne dans sa valise. Elle s’y dépêcha d’y faire entrer tous les vêtements étalés sur le lit avec plus ou moins de difficulté. Elle était en train de se débattre avec la fermeture éclair lorsque Carson fit irruption dans la pièce.

- Tu es prête ?
- Presque…dit-elle en s’acharnant sur la fermeture.
- Laisse-moi faire, lui proposa-t-il en riant.
- Vas-y moque toi ! s’offusqua-t-elle.
- J’avoue que c’est assez comique de voir quelqu’un de si ordonné dans son travail incapable de refaire correctement sa valise !
- Ce n’est pas de ma faute si tout ne rentre pas aussi bien que lors de mon départ.
- C’est sûr… Mais c’est pas de la mienne non plus !

Elle le tapa sur l’épaule alors que, victorieux, il souleva la valise parfaitement fermée, bien que légèrement bourrée.

- Je vais appeler un taxi, et on pourra y aller.

Il s’en alla en direction du salon.
Elisabeth en profita pour balayer d’un dernier regard la chambre de Carson. Elle avait passé la nuit dans son lit d’une façon totalement platonique. Malgré les insinuations de la veille, à l’entrée du restaurant, ils n’en étaient pas pour autant passés à l’acte le soir même. Ils avaient simplement profité du plaisir de dormir serré l’un contre l’autre et avaient paressé au lit longtemps après que le soleil se soit levé. Ils avaient eu une bonne raison de tout arrêter la dernière fois, juste avant de commettre l’irréparable. Et cette raison tenait toujours. Même s’ils n’en avaient pas ouvertement parlé tous les deux, ils avaient besoin de rentrer sur Atlantis pour avancer dans leur relation. Les moments douloureux de cette semaine étaient encore trop vivaces dans les mémoires pour pouvoir les oublier.

Leur avion les attendait pour 19h00. Ils étaient déjà fin prêts alors que la fin d’après-midi pointait seulement le bout de son nez. Ils avaient pris de l’avance afin de pouvoir réaliser le souhait de Carson : se rendre sur la tombe de sa mère. Depuis qu’il avait fui devant Elisabeth, il n’y était pas retourné. Le courage lui avait manqué.
Aujourd’hui, à quelques heures du départ, il avait éprouvé le besoin de faire un détour par le cimetière. Un dernier au revoir à sa mère avant de s’envoler pour Pégase.

Carson appela depuis le salon, lui indiquant que le taxi les attendait en bas du bâtiment. Vérifiant une ultime fois que les volets étaient bien fermés, Elisabeth attrapa son sac à main et quitta cette pièce qu’elle ne reverrait pas avant de longs mois.

~~


Quelle ne fut par leur surprise lorsqu’ils reconnurent Tim au volant de son taxi. Toujours coiffé de son bonnet, il les accueillit avec sa bonne humeur habituelle. Observateur, il tiqua sur les mains liées de ses clients.

- Je croyais que vous n’étiez pas ensemble… se risqua-t-il, rongé par la curiosité.
- Oh ! s’exclama Elisabeth en jetant un regard complice à Carson. Et bien, il y a quelques changements, reconnut-elle.
- Il me semblait bien avoir flairé quelque chose entre vous… J’ai le nez pour ça vous savez. En tout cas, ça me fait plaisir ! Alors félicitations !
- Merci !

Comme à l’accoutumée, le trajet se passa sans encombre. Il n’y avait pas affluence dans la banlieue d’Edimbourg à cette heure là, et à peine un quart d’heure plus tard, le taxi s’arrêta sur le parking longeant le cimetière.

- Ça vous embêterez de nous attendre ? demanda Carson. Nous devons rejoindre l’aéroport après, et ce serait plus simple de ne pas avoir à appeler un autre taxi. J’augmenterai comme il se doit votre course.
- Pas de problème, prenez le temps que vous voulez.
- Je vous remercie.

La grille métallique grinça une seconde fois en cette fin d’après-midi, indiquant à Carson et Elisabeth que des visiteurs entraient à leur tour dans le cimetière. D’autres familles rendaient visite à leurs proches disparus. Sans se retourner, les atlantes continuèrent jusqu’à atteindre une pierre tombale richement décorée de fleurs qui témoignaient d’un passage récent. Les amoureux se postèrent au pied de la stèle marbrée, le bras d’Elisabeth entourant solidairement la taille de Carson.
Ils contemplèrent la pierre gravée, fabriquée avec précision et soin par un maître d’œuvre.

- Je m’en veux, prononça soudainement Carson.
- Pourquoi ? s’étonna Elisabeth.
- D’être parti si précipitamment… C’est comme-ci j’avais bâclé son enterrement, comme-ci je ne l’avais pas assistée jusqu’à la toute fin. Je suis parti sur un coup de tête, à l’image d’un voleur ou d’un enfant capricieux. Tout ça sans un regard pour elle. J’aurais dû rester davantage. La preuve, je n’avais même pas réalisé que tant de gerbes de fleurs avaient été déposées. Je m’en veux pour ça.
Je voulais revenir en partie pour cette raison. Voudrais-tu me laisser seul un moment, s’il te plait ?
- Bien sûr.

Elisabeth déposa un baiser volé sur sa tempe avant de s’éloigner de quelques pas, s’abritant à l’ombre d’un majestueux chêne. De ce point de vue, elle voyait Carson remuer les lèvres, échangeant des paroles secrètes avec sa mère. Peut-être les entendait-elle, peut-être pas. Mais après tout, peu importe notre croyance. Parfoi les mots ont seulement besoin d’être dit.

Elisabeth comprenait mieux que personne la culpabilité qui habitait Carson. Elle avait encore en mémoire, malgré les années écoulées, l’enterrement de son propre grand-père auquel elle n’avait pas pu entièrement assister. Elle avait participé à la messe religieuse rendue en son honneur, mais elle n’était jamais allée jusqu’au cimetière.
Elle était encore une enfant à l’époque et une voisine, qui avait sans aucun doute voulu être bienveillante, lui avait volée ce droit. Elle avait voulu s’occuper d’elle afin d'épargner à Elisabeth la mise en terre, et les parents d’Elisabeth avaient accepté croyant la protéger. Bien sûr, ils avaient demandé l’avis à leur jeune fille, mais perturbée par les évènements, elle avait prononcé un oui timide alors qu’elle ne désirait que rester avec eux. Les émotions anesthésiées, tout le monde avait acquiescé à cette proposition et elle avait quitté sa famille pour rejoindre des étrangers.
Elle le regrettait encore aujourd’hui. Pourquoi avait-elle dit oui ? Pourquoi cette femme s’était-elle proposée alors qu’elle aurait dû savoir que la place d’Elisabeth était auprès de son grand-père et de sa famille ?
En une fraction de seconde, Elisabeth avait gagné des regrets pour toute une vie. Ce sentiment d'inachevé ne la quittait jamais.

Elisabeth inspira fortement, essayant de chasser le mal être qui l’envahissait à chaque fois que ce souvenir ressurgissait. Elle fut soulagée de constater que Carson revenait vers elle. Ce lieu devenait trop oppressant.
Il dut percevoir son malaise parce qu'il la questionna à ce sujet. Elisabeth feignit l’ignorance. C’était un secret qu’elle n’était pas encore prête à partager.

- On rentre à la maison ? demanda-t-elle.
- On rentre.

Elle s’avança d’un pas mais une main se posa sur avant-bras, la retenant.

- Mais avant… Je voudrais juste te dire… Tu te souviens du jour où tu m’as parlé de ta mère ?
- Oui, répondit Elisabeth, hésitante.

Elle avait peur de savoir où il voulait en venir.

- Je crois qu’il sera bon que tu te confrontes à ton passé Elisabeth…
- Carson…
- Non, l’interrompit-il. Je ne te demande pas d’y aller sur le champ, mais au moins d’y réfléchir. A notre prochain retour sur Terre, nous pourrions aller voir ta mère. Vous avez laissé trop de non-dit envahirent votre relation. Tu devrais lui dire ce que tu as sur le cœur.
- Ce n’est pas si simple !
- Bien sûr que si Elisabeth. Ça l’est. Il suffit que tu y ailles, c’est tout. La vie nous réserve trop de surprises pour attendre le moment où tu ne pourras plus te livrer à elle. Si tu ne le fais pas pendant qu’il est encore temps, tu vas t’en vouloir le reste de ta vie. N’ai-je pas raison ?
- Peut-être… Je ne sais pas vraiment…, répondit-elle, évasive. Ce que je sais, c’est qu’on est presque des inconnus l’une pour l’autre, et je ne sais pas si j’aurais la force d’aller la voir… Ni l’envie…
- La démarche risque d’être dur en effet. Mais je crois que le résultat ne peut être que bénéfique. Ce sera ton choix, je te demande juste d’y penser sérieusement Elisabeth ; s’il te plait. On ne gagne pas contre le temps.
- J’y penserai.

Elle lui sourit pour le rassurer. Elle ne voulait pas qu’il s’inquiète pour elle. Malgré tout, il y avait certainement une part de vérité dans ce qu’il disait. Il était peut-être temps de penser à reprendre contact avec sa mère…

~~~~



Une immense flaque bleue apparut dès que le dernier chevron fut enclenché. Elisabeth sourit face à ce spectacle édifiant en réalisant qu’elle s’était habituée à quelque chose d’inhabituelle. Elle passait la porte des étoiles de la même manière qu’elle prenait l’ascenseur. Comme-ci cela était devenu un geste plein de banalité. Il est parfois drôle de voir comme la vie nous habitue aux choses les plus improbables.

La voix d’un militaire résonna entre les murs du SGC les informant qu’ils pouvaient traverser dès qu’ils le souhaiteraient. D’un geste galant, Carson lui indiqua la route à suivre. Ils avaient gardé une distance règlementaire depuis qu’ils avaient atteint Cheyenne Mountain. Ils ne voulaient pas que des rumeurs commencent à courir à leur encontre.
Elisabeth lui adressa un discret clin d’œil et c’est d’un mouvement coordonné qu’ils s’enfoncèrent dans le néant, pour arriver un battement de cil plus tard devant SGA au grand complet.

L’équipe fard d’Atlantis avait tenu à saluer le retour de leur dirigeante et de leur médecin chef. Les retrouvailles furent gênantes, mais Rodney, poussé par l’amitié qu’il entretenait avec Carson, pris sur lui pour prendre des nouvelles de son ami. Carson rassura l’équipe. Il allait bien.

Les nouveaux arrivants eurent droit à la traditionnelle visite de l’infirmerie avant que la frénésie d’Atlantis ne les rattrape. Elisabeth se retrouva, aussi vite qu’elle était partie, dans son cher bureau, écoutant les dernières doléances de Rodney, et signant les rapports que Sheppard avait bien entendu oublié de traiter.

L’horloge tourna à une vitesse fulgurante sans qu’elle ne puisse croiser son écossais de la journée. Le crépuscule succéda bientôt à la journée, les lumières s’allumant à la faveur de la nuit dans les différentes parcelles de la cité.

Deux heures séparaient Elisabeth du lendemain lorsqu’elle éteignit la lampe de son bureau et traversa la passerelle. Dans la salle des commandes, elle tomba nez à nez avec Carson, venu à sa rencontre.

Elisabeth jeta un coup d’œil sur sa gauche, puis un autre sur sa droite, sous le regard amusé de Carson. Le champ étant libre de tout autre être humain, elle s’autorisa à s’abandonner contre ses lèvres.
Carson aventura une main dans les cheveux d’Elisabeth afin d’accentuer le contact de leur bouche. Lorsque les lèvres d’Elisabeth furent rosies, ils se détachèrent et Carson en profita pour replacer une mèche rebelle d’Elisabeth derrière son oreille. Ils avaient vécu ensemble, sans interruption, pendant une semaine ; être séparé toute une journée leur avait parus une épreuve bien difficile.

Leur bouche suffisamment rassasiées pour entreprendre le chemin les menant à leur quartier, ils se dépêchèrent d’avaler la courte distance au moyen de grandes enjambées.

La bifurcation caractéristique apparut bientôt devant leurs yeux. Généralement, chacun d’eux prenait son chemin. Elisabeth du côté ouest, Carson du côté est. Aujourd’hui, la routine n’était plus de mise.

- Vers où allons-nous ? lui demanda-t-elle.
- Et si je disais ta chambre pour changer ? lui proposa-t-il, tout en caressant l’intérieur da la paume d’Elisabeth.
- Je dirais adjugé !

Aux abords des quartiers de la jeune femme, ils vérifièrent une ultime fois qu’aucun militaire de service n’était dans les parages.
Elisabeth fit coulisser la porte automatique et ils glissèrent dans l’ombre de la chambre... Leurs lèvres se joignirent aussitôt et les mains se firent plus actives et insolentes que d’ordinaire. A l’image d’un moment d’abandon entre une table et un canapé…
Les portes coulissèrent dans leur rail d’une seule traite, laissant l’étreinte naissante au secret d’une intimité la plus totale.


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