PrologueCette histoire commence il y a longtemps. Très longtemps. Par des temps si reculés que nul à part elle ne s'en souvient. Certains de sa race en ont mémoire, mais cette mémoire, stockée dans les ordinateurs de vaisseaux perdus, est oubliée.
Oui, seule, Samera est seule.
Seule dans son vaisseau qui dérive de galaxie en galaxie depuis des millénaires, seule survivante de son équipage, seule dans la chambre de stase où le sommeil l'a prise, si longtemps auparavant. Sauvée par le sacrifice héroïque de ses suivantes qui l'ont forcée à entrer dans la chambre de survie.
Seule.
Il lui a fallu du temps avant de reprendre conscience d'elle-même.
Encore plus avant qu'elle ne puisse interagir avec les commandes de son vaisseau. Gravement endommagé. Il lui faudra des milliers d'années avant de retrouver son foyer. Mais peu importe à Samera. Elle a le temps. Elle est en stase et son vaisseau progresse. Lentement, très lentement. Système après système, il se rapproche de son foyer.
Seule dans la chambre de stase, Samera pense. Intensément. Les équipages radio ont rendu l'âme depuis longtemps. Elle n'a aucun moyen de contacter les siens. Elle est inquiète. La bataille qui l'a menée si loin de chez elle est terminée depuis longtemps.
Puis, efin, elle arrive.
Son foyer est là.
Mais Samera hésite. Elle ne reconnaît plus sa planète. La surface en est complètement dévastée. Les senseurs à courte portée, seuls rescapés de la destruction de la salle des commandes, lui indiquent qu'aucune forme de vie n'existe sur cette sphère morte.
Dans le silence de son esprit, Samera hurle.
Rage, douleur, anéantissement.
La puissance de sa douleur transcende toute imagination. Elle traverse le vaisseau de part en part, sature les circuits de données, se répand au-dehors, traverse le vide spatial.
Très loin de là, en orbite autour d'une planète du système solaire, un vaisseau Asgard capte un signal de détresse émanant de si loin que c'en est presque inimaginable. Un signal de détresse crypté avec un code si ancien que les ordinateurs doivent chercher longtemps avant de le déchiffrer.
Le Asgard aux commandes du vaisseau est choqué par ce qu'il lit sur ses écrans. Loin, très loin dans l'univers, près de sa planète d'origine dévastée depuis des temps immémoriaux, il y a un vaisseau asgard en ruines. Un vaisseau, mais pas n'importe lequel. L'Evenstar. Disparu depuis des étérnités. Thor n'est pas long à prendre sa décision.
La Terre est contactée dans l'instant.
Quelques heures plus tard, le Daniel Jackson du comandant suprême Thor, le Samantha Carter commandé par Frayer et le SG-1 d'Heimdall partent en direction du signal. A leur bord, des scientifiques asgards surexcités. L'Evenstar est si ancien ! Des milliers d'années ont passé depuis sa disparition. Si des survivants sont toujours à l'intérieur, ce serait une découverte phénoménale pour Heimdall. A cette époque, si reculée que plus personne n'en garde souvenir, les Asgards se reproduisaient comme les humains. La solution de leur problème est peut-être à portée de leur main.
Thor, lui, pense à autre chose. Au siège vide du Grand Conseil Asgard depuis la disparition de l'Evenstar. Depuis la disparition de son commandant. Ce siège est resté libre depuis. Personne ne pouvait se résoudre à prendre cette place.
Thor ne se souvient pas de la personne qui l'occupait. Sa mémoire si riche n'a pas gardé trace de ce passé si lointain. Mais Thor se souvient avoir apprécié le commandant disparu. Et, quelque part au fond de lui, il se souvient que c'était une commandante.
Finalement, le voyage arrive à son terme.
Dans la prison de son esprit, Samera hurle toujours son désespoir. Puis les capteurs détectent une intrusion dans le système. Par les « yeux » des capteurs, Samera voit. Trois vaisseaux. Elle attend. Les trois vaisseaux s'approchent. Des rayons de téléportation transportent des personnes sur l'Evenstar.
Les consoles sont dépannées.
Thor est soulagé. Il y a un survivant. C'est le commandant. La commandante. Heimdall parvient à déverouiller l'occultation de la chambre de stase.
Tous se figent.
Les senseurs indiquent clairement l'identité de la personne en stase.
Il s'agit de la Haute Commandante Samera. Une Asgarde.
Mais dans la chambre de stase, revêtue de toute la pompe de son rang, c'est une humaine qui dort.