Le Grand Réveil [F - centré sur Rodney McKay]

Attention on apprend tout plein de trucs dans ce chapitre !
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- Nous avons été heurtés ! Amy !

Ils perdaient eux-mêmes de l’altitude. La jeune fille avait les deux mains sur son front, du sang s’en échappait. Il saisit les commandes et redressa comme il le pouvait l’appareil, dans une position inconfortable puisque Amy était toujours assise sur le siège du pilote. Alors qu’ils remontaient, elle lui reprit les commandes des mains.

- Ca va ?

- Je crois. Et vous ?

- Oui, posez-nous un peu plus loin dans la plaine, je vais voir s’il n’y a pas quelque chose dans ce Jumper pour vous soigner.

Il partit vers l’arrière tandis qu’elle s’exécutait.

- Rodney ! Je crois qu’il vaudrait mieux vérifier le moteur temporel, s’il ne fonctionne plus, nous sommes coincés ici.

Rodney ne l’écouta pas et continua à fouiller pour trouver quelque chose qui pouvait ressembler à une trousse de secours.

- Rodney !

Elle posa le Jumper et le rejoint.

- Bon sang ! On a des en-cas, quelques armes, mais pas de trousse de secours, on n’en a pas emmené !

- Vous avez regardé le moteur ?

- Amy, asseyez-vous !

- Je crois qu’il n’a rien, il faudrait vérifier…

- Amy, ASSEYEZ-VOUS !

Elle finit par lui obéir et se poser sur une banquette.

- Tenez.

Il lui tendit un tissu pour qu’elle puisse l’appuyer sur sa plaie.

- Ca va ?

- Ca tourne un peu.

- Vous auriez du vous asseoir tout de suite !

Il contourna l’appareil pour venir chercher sous la banquette opposée.

- Ca saigne beaucoup ?

- C’est à vous de me le dire, Amy.

- Je n’ai pas mal.

Il ne répondit rien. Ca ne l’empêchait pas d’être inquiet. Sous ses doigts, il sentit une forme souple qu’il sortit pour regarder. Une trousse rouge avec une croix blanche dessus.

- J’ai trouvé.

Il s’assit à côté d’elle.

- Montrez-moi cette plaie.

- C’est vous qui avez amené cette trousse ici ?

- Non.

Amy découvrit sa blessure. Le sang s’était collé à ses cheveux, elle avait une entaille longue comme le pouce à la naissance de son cuir chevelu, mais fine et nette.

- Je vais vous nettoyer tout ça.

- Ce n’est pas moi non plus. Vous pensez que c’est Matthew ?

- Quoi ?

- Qui a amené la trousse…

- Je ne sais pas. Il ne nous a accompagné qu’une fois. Et puis il nous l’aurait dit… Soulevez vos cheveux, ça sera plus facile.

- C’est bizarre.

Rodney du admettre que oui, c’était étrange de trouver une trousse de secours ici. Après avoir croisé le regard interrogateur de sa jeune collègue, sa préoccupation alla tout d’un coup au contenu de la trousse, et non plus à Amy-mais juste une fraction de seconde. Il ouvrit la trousse et observa ce qu’il y avait à l’intérieur.

- Ce n’est pas Ancien, assurément.

- Vous croyez que ce sont d’autres Terriens qui auraient pu la déposer là avant nous ? Des gens qui auraient voulu faire des voyages dans le temps mais que Cameron aurait empêché de partir ?

- Je ne sais pas Amy, vous êtes plus à même que moi de répondre à cette question.

La jeune fille ne dit rien. Il pouvait voir dans ses yeux qu’elle était tout de même un peu inquiète de son état de santé, la tête légèrement en arrière, le tissu bien appliqué sur sa blessure. Elle ne parlait d’autre chose que pour ne pas se focaliser sur le sang qui lui tombait du front. Il prit une compresse et un flacon d’un air dubitatif et commença à lire l’étiquette pour connaître son utilisation.

- C’est un désinfectant, affirma Amy. Vous pouvez verser.

- Heu, oui.

Il prit le bouchon entre ses mains et commença à tourner pour le dévisser.

- En tout cas, je ne connais pas ce produit, et la date de péremption va jusqu’à l’année prochaine, donc il a été mis là récemment. Ca doit être Matthew.

Il commença à s’énerver sur ce fichu bouchon qui ne voulait pas s’enlever. Amy préférait rester silencieuse tandis qu’il pestait.

- Bon sang, ils ont changé les bouchons ou quoi ? Il est soudé ! Ah !

Il ouvrit enfin le flacon, et une odeur abominable s’en dégagea.

- Ah ! C’est normal ça ?

- Je ne crois pas Rodney. C’est affreux.

- Il est hors de question que je vous mette ça dessus !

Il pencha le flacon sur la compresse, mais rien ne coula.

- C’est compact ? demanda Amy.

- On dirait. Le liquide s’est solidifié, les voyages dans le temps ne sont pas capables de faire ça, n’est-ce pas ?

- En théorie non.

- En théorie non, je pense aussi.

- Pourtant ce n’est pas périmé. Regardez autre chose.

- Je m’occupe d’abord de vous, d’accord ? On se contentera d’eau.

Il versa le contenu de la gourde sur une compresse, et la passa à Amy, qui secoua la tête :

- Je ne vois rien, si vous pouviez le faire vous-même…

- …OK.

Avec des gestes peu assurés mais doux, il entreprit de nettoyer la blessure.

- Vous me dites si je vous fais mal.

- Non c’est très bien Rodney.

Elle ferma les yeux tandis qu’il la soignait le plus délicatement possible, une main sur sa joue, l’autre effleurant la blessure. De temps en temps, il écartait ses cheveux qui retombaient. Si elle semblait sereine et apaisée, lui tremblait légèrement, de peur de lui faire mal.

C’était inhabituel pour lui de faire cela. Mais elle en avait besoin. Quand ce fut fini, il s’arrêta et baissa ses mains. Elle ouvrit les yeux pour le regarder. Dans le coin droit de son front, le sang recommença à couler, se mélangeant à l’eau qui avait lavé sa plaie.

Rodney s’était perdu dans les yeux verts d’Amy. Elle le regardait tranquillement, peut-être un peu émue. Elle finit par bouger lentement sa main pour saisir celle du Canadien, qu’elle serra fort.

- Je vais bien, Rodney. Merci.

Ce n’était pas un « merci » pour l’éloigner. Au contraire. Elle partit pour replacer doucement la main de Rodney sur sa joue, comme elle l’avait été –accidentellement, il n’avait pas vraiment fait attention- quelques minutes auparavant, quand il nettoyait sa plaie. La deuxième main d’Amy alla se réfugier dans celle qui restait sur le genou de l’homme toujours immobile face à elle. Rodney la sentit glisser au creux de sa paume, tandis que plus haut ses propres doigts, soulevés et entraînés par Amy, commençaient à effleurer la peau de la jeune fille. La caresse ne dura que quelques secondes : quand elle lui lâcha la main pour qu’il continue de lui-même, il baissa le bras brusquement, et la tête également. Son hypnose avait pris fin.

- Je vais… Je vais vous mettre un pansement.

Il se détourna pour se remettre à chercher dans la trousse, et Amy baissa les yeux en soupirant. Elle gardait tout de même un petit sourire désolé.

- Tenez. Voilà, je vous laisse… le mettre. Vous m’appelez si vous n’y arrivez pas. Moi je vais essayer de nous faire retourner dans le présent.

Il lui mit la boîte de sparadraps dans la main et se leva pour lancer le programme de retour. Il ne l’avait pas regardée dans les yeux.

Il parvint à faire démarrer le Jumper et ils retrouvèrent le calme de la Therana actuelle.

Rodney eut un temps d’arrêt. Sur la banquette arrière, Amy gardait le pansement dans les mains, elle ne l’avait toujours pas ouvert et se contentait de regarder le Canadien perturbé sur le siège du pilote, qui n’osait pas se retourner. Le sang s’était remis à couler. Elle gardait cependant son expression de sérénité.

- Bien je propose… qu’on rentre vous faire soigner, en trouvant un prétexte… crédible sur ce qui est arrivé… Je pense qu’il est mieux que l’on reste sur la Cité quelques jours, sans faire de voyages dans le temps… Et puis on va pouvoir créer ce complément de programme pour voyager au jour près, maintenant qu’on a un deuxième évènement précis de référence, hum…

- … On a une machine Ancienne qui permet de guérir une plaie en quelques heures, en ne laissant qu’une petite cicatrice. Peter l’utilisera sans doute.

- Sinon vos cheveux pourront cacher…

Il se tourna vers elle en se montrant le front, sans finir sa phrase. Elle hocha la tête. Elle attendit un moment qu’il prononce quelques mots, mais il se retourna vers les commandes et entra le code d’Atlantis.



- Vous avez rencontré des Wraiths ?

Lorne, appuyé contre son bureau, écoutait Rodney avec la plus grande attention lui relater ce qu’il s’était produit. Dans la pièce à côté, sa femme Eva s’occupait du front d’Amy, en attendant que Peter fasse mieux à leur retour sur la Cité.

- Oui. Ca nous a permis de savoir exactement quel jour nous étions. Nous allons pouvoir voyager en arrivant des jours précis, maintenant, si on arrive à créer ce programme.

- Très bien ! Vous allez devoir vous pencher sur les plans des bombes anti-Oris alors, puisque vous allez bientôt pouvoir repartir dans le passé. Il faudra être au point sur ce qui a été fait durant la guerre contre eux, afin de gagner du temps en recherches quand vous reviendrez en arrière.

Rodney soupira mais ne dit rien. Le général se faisait vieux.

- Dites-moi, Lorne...

- Evan…

- Je ne vous ai jamais appelé Evan… Personne ne vous appelait par votre prénom !

- Sauf les civils régulièrement dans mon équipe, au bout quelques années. Pour vous c’est Evan.

- Vous n’avez jamais mis de trousse de secours dans le Jumper ?

L’officier sembla réfléchir, et se redressa, intéressé :

- Je ne suis pas entré dans le Jumper depuis que vous travaillez dessus. Pourquoi ?

- Parce que nous… Nous y avons trouvé une trousse de secours, alors qu’on en n’a jamais apporté une avec nous.

Lorne ne parut pas étonné outre mesure. Il avait presque les yeux rieurs.

- Ca ne vous surprend pas ?

- Il y a forcément une explication Rodney.

- Oui, j’en ai une : quelqu’un avant nous a voulu tenter ce voyage. Et au final, je suppose que Mitchell l’en a empêché.

- Peut-être.

- Ce qui m’inquiète plus, c’est l’état dans lequel se trouvaient les produits. Ils sont encore bons en théorie, mais on dirait qu’ils sont dépassés de dix ans. Ils ont tourné, ou durci, c’est étrange, même les sparadraps ont l’air de sortir d’une infirmerie abandonnée. Des souris n’en voudraient pas.

- Etrange en effet.

- Vous ne sauriez pas quelque chose, Lorne ?

A cet instant, Eva et Amy entrèrent. La jeune fille avait arrangé ses cheveux pour qu’ils cachent les soins effectués par Mme Lorne. Le général se tourna vers Rodney :

- Creusez la question, Rodney. Et commencez à vous demander ce qu’il est indispensable que vous emmeniez comme information pour votre retour. Vous pouvez gagner plusieurs décennies de recherches ne l’oubliez pas.

Lorne avait peut-être eu vent d’un refus concernant l’utilisation du Jumper par le passé. Ou alors Amy et Matthew n’en étaient pas à leur première tentative. Durant le trajet retour, le peu de mots qu’il échangea avec la jeune femme, qui s’endormait à l’arrière, assommée par ce qu’Eva lui avait donné, concernèrent ce sujet. Elle lui affirma que c’était la première fois que les jeunes travaillaient sur le Jumper. Il se dit que c’était évident, et qu’il y avait donc autre chose. Il aurait le temps de « creuser la question » durant leur séjour forcé sur Atlantis.



- Ah, vous voilà !

- Bonsoir Matthew, nous allons à l’infirmerie, nous avons rencontré un petit problème, Amy a besoin de voir Beckett.

- Que t’est-il arrivé ?

- Le Jumper a été percuté par un darth, on est arrivé pendant une sélection. Je me suis ouvert le front.

- Il va falloir trouver une histoire qui tienne debout pour justifier cette entaille.

- Et bien je vous en trouve une tout de suite : le réacteur s’est surchargé !

Amy et Rodney se figèrent en entendant Matthew.

- Quoi ?

- Il y a eu un problème ?

- Qu’est-ce que vous avez fait ?!

- Mais… Moi rien ! Le réacteur s’est surchargé. Les calculs que j’avais enfin réussit à sortir de l’ordinateur étaient faux : résultat, au moment de faire l’expérience avec la bonne quantité théorique d’électrons et la bonne fréquence d’apport, ce truc a pompé toute l’énergie ambiante en quinze micro-secondes et tout a pété. Plus de courant, tous les fils grillés, et la Cité en émoi, et dans le noir. On a un ordinateur en moins, un potentiomètre explosé et un extincteur vide. Et je ne vous dis pas l’état d’esprit du général !

- Oh mon Dieu, fit Amy en portant les mains à sa bouche.

- Heureusement que le nouvel E2PZ était là pour maintenir le bouclier, et qu’on ne l’a pas branché sur le secteur général. On aurait été mal !

Rodney n’avait jamais vu Matthew aussi énervé. Pas contre eux ou contre une maladresse : contre… le destin.

- Donc je viens juste de remettre le courant dans la Cité, il y a trente minutes. Alors je vous passe le récit du défilé de personnes qui sont venues jusqu’ici savoir ce qui se passait, quand reviendrait la lumière, où vous étiez, tout ça, ça a été des supers moments !

Il était dans un état de tension nerveuse affreuse.

- Que leur avez-vous dit ?

- Que vous remettiez le courant, juste avant de courir le faire. J’espère qu’ils m’ont cru. Bon sang quand je pense que cette… TUILE me tombe DESSUS juste quand j’en ai VRAIMENT BESOIN !

Il leur tourna le dos pour se calmer dans son coin. Rodney alla jeter un œil dans la salle du réacteur. Elle ne ressemblait plus à rien : mousse de l’extincteur au sol, odeur de composants grillés, câbles noircis…

- Et le réacteur ? Il fonctionne toujours ?

- Toujours, Amy, toujours. Heureusement. Mais bon, ça nous rajoute du travail en plus, ça.

- Ca tombe bien on va rester un peu dans la Cité, fit Rodney. Assez pris de risques pour le moment.

- Et assez de soupçons sur vos activités. Allez vite vous montrer au général, dites-lui que tout est remis en ordre. Et toi, Amy, va voir Peter, ça n’a pas l’air très beau ce que tu t’es fait.



Rodney repartit bredouille du bureau du général : il n’était pas là. Il se dirigea vers ses quartiers pour prendre son oreillette.

- Mitchell ?

- « McKay ? »

- Juste pour vous dire que tout était réglé.

- « Bon sang, qu’est-ce que vous foutiez, impossible de vous trouver bord… »

- Amy est à l’infirmerie. Elle a été blessée. Vous savez bien qu’on préfère ne pas travailler avec nos oreillettes. Rapport à l’électromagnétisme du réacteur.

Il y eut un silence. Rodney mit la main à l’oreillette pour la retirer quand :

- « Et Matthew ça ne le dérange pas de travailler avec. Alors accordez-vous avec lui pour trouver une excuse crédible la prochaine fois. Terminé. »

Rodney enleva l’appareil et laissa retomber son bras. Il attendrait que Mitchell soit calmé pour lui demander à consulter les archives qu’il voulait voir. Le mystère de la trousse de secours l’intriguait, il voulait savoir exactement quand avait été découvert le Jumper temporel pour retracer son historique. En attendant, il pouvait trouver la réponse à une autre question qu’il se posait dans ses quartiers-mêmes…

Il se leva pour prendre le dossier que Mitchell lui avait remit le jour de son arrivée, qui relatait sommairement toute l’histoire d’Atlantis depuis trente ans. Il était encore sur son bureau : il l’avait lu avec attention et le reparcourait de temps en temps. Il le connaissait presque par cœur, aussi n’eut-il pas à tourner les pages bien longtemps pour tomber sur celle qu’il cherchait. La liste des dirigeants d’Atlantis.

Le successeur d’Elizabeth s’appelait Henry Bernwich. Il n’était resté que quatorze mois, et après avoir été pris en otage par les Geniis, avait préféré démissionner. Il avait pris le poste d’Elizabeth il y avait un tout petit peu plus de vingt-quatre ans…

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Tadâââm ! Qui a compris ? (Vu l'écart entre mes posts, je peux comprendre que vous ne fassiez pas la conclusion au calcul de Rodney vous-même...).