En Passant ... (F)

Titre: En passant
Auteur: Sheppynette
Situation: Une nouvelle perte pour l'expédition Atlantis.
Genre: Song Fic, la Chanson intégrée à l'histoire est En Passant de Jean-Jacques Goldman donc Fic triiiiiiiiste
Personnages concernées: Pas de personnage en particulier, une équipe d'exploration quelconque

Les personnages qui parlent changent au cours de l'histoire





Tout est allé si vite... Courir, tirer, faire une pause, repartir. Encore une mission qui tourne mal. Rien ne semblait l'indiquer pourtant... Une planète, une porte des étoiles, une forêt, un village en ruine. Et puis eux. Tapis dans l'ombre, n'attendant qu'une chose : nous. On avance avec précaution, les sens en éveil, puis bien vite on se détend. Ce fut notre erreur je crois. Nous sommes là où ils le souhaitent. Ils surgissent de nulle part et nous encerclent, l'un d'entre eux tire. C'est le moment d'agir. Un premier homme est abattu, puis un deuxième. On a beau courir mais on sait qu'on est mal parti. Pas de Jumper pour nous offrir un abri de fortune. Des cris, du sang, des corps qui tombent en lâchant leurs derniers soupirs. Puis un cri. Une voix familière. On se retourne et on le voit. Il s'affale au sol en grimaçant et en hurlant.



Je m'approche de lui, je l'appelle pour qu'il réponde, je lui demande de tenir bon, que la Porte n'est plus qu'à quelques pas. Son sang entache mon uniforme sombre. Je lui parle, je l'aide à se relever et à marcher. Le DHD. Enfin... La bataille fait rage derrière moi, je dois me dépêcher. Je compose l'adresse sous le feu de l'ennemi, mon code d'identification, un message radio pour prévenir. La procédure... je la connaîs par cœur.... C'était comme si je récitais un texte appris des années plus tôt et qui revient en mémoire, au bon moment. Je me retourne et lance un hypothétique ordre, j'espère que personne d'autre ne sera blessé. Je traverse et laisse mon blessé aux soins de l'équipe médicale. Ils l'emmènent et les autres ne sont toujours pas là. Mais que font-ils ? Les projectiles traversent la porte l'un d'eux me frôle et me force à me jeter à terre. Enfin ils reviennent. Ils sont là, ils ont l'air d'aller bien. Notre supérieur s'approche, elle veut des explications, savoir ce qui est arrivé. Je regarde avec dégoût ma tenue, tachée de sang, son sang. Comment va-t-il ?



Je suis à l'infirmerie et je l'aperçois, allongé là-bas... Sans connaissance... Le reste de l'équipe est là. On essaie de se soutenir mais on est inquiet. On revit la scène à chaque instant, je le revois s'effondrer. Je revois mon collègue lui porter assistance pendant que je faisais mon maximum pour les protéger. Lui est sain et sauf. Enfin on s'approche de nous et on vient nous donner de ses nouvelles. Il ne va pas bien. Une évidence. Son état est très grave. On ne peut plus rien faire pour lui. Il ne passera pas la nuit. Le soleil décline déjà. On nous laisse aller le voir autant de temps qu'on le souhaite parce qu'il ne reviendra pas. On est tous épuisés mais on reste, bien décidés à ne pas l'abandonner. On ne sait pas pourquoi mais on se remémore des souvenirs dont on ne soupçonnaient même pas l'existence. Les bons moments. Les coups durs. On se jure de ne pas l'oublier.



On est tous réunis autour de lui. A attendre. Attendre qu'il s'éteigne, comme la flamme s'une bougie que l'on souffle. On ne parle pas. Le silence règne, comme si tout était déjà fini. Je le revois encore et encore au mess, au briefing, à la salle de tirs. Un bip sonore résonne et brise le silence. Nos regards se tournent vers le moniteur puis vers lui. Un médecin s'approche et éteint ce bruit strident. Il consulte sa montre et prononce l'heure du décès. Il n'est plus, il nous a quitté, c'est fini.



Je suis trop fier pour me laisser aller, je vois la détresse de mes amis sur leur visage. On s'en va. Notre ami vient de prendre un train avec un aller simple, on le rejoindra un jour, mais pas tout de suite. Il faut continuer. Se souvenir. Avancer. On pense à une chose qu'on aurait dû lui dire. On regrette la dispute du petit déjeuner. Que faire maintenant ? Son deuil ? Déjà ? Si vite ? Boire ? Noyer son chagrin dans un verre d'alcool fort ? Pourquoi faire ? Demain il nous hantera à nouveau. Mais on oubliera quelque temps la douleur. Parler de douleur alors que celui que l'on chérissait vient d'en être libéré. Non il faut arrêter, ne pas penser à ça. Ça ne le fera pas revenir, il faut enchaîner, tourner la page, d'une belle aventure qui s'achève. Une autre commence.



Sa dépouille retourne auprès de sa famille, on assiste à l'enterrement et on repart, une nouvelle mission nous attend, ce ne sera plus comme avant.



La vie reprend, quelques habitudes reviennent après ce passage à vide. Nos responsabilités contraignantes reprennent le pas et on repart.



La Porte est derrière nous, une nouvelle mission démarre, encore une forêt, le bruit d'une cascade, le chant d'un volatile, la fumée d'une cheminée en contre-bas.



Il n'est plus là, mais on repense à lui, il est avec nous dans nos cœurs et nos pensées. Il nous a accompagné et on ne l'oubliera pas.



L'engrenage de la routine a repris son cours. 4 mois ont passés et j'ai vu des milliers de choses. De splendides comme d'affreuses. Cette fois plus de regrets, je grave dans ma mémoire chaque instant de ma vie. Les gens que je rencontre, ceux auquel je tiens, et les autres.